Quand les façades et fresques de Rabat s’habillent en street-art

Mohamed Nait Youssef

La vie artistique revient à Rabat doucement mais sûrement, annonçant une rentrée en couleurs. En effet, la capitale du royaume s’est  transformée ces temps-ci, en un musée à ciel ouvert et une adresse incontournable d’art urbain.

Jidar, un festival dédié au street art fête cette année, sa 6ème édition en invitant une pluie de street artistes aux palettes et inspirations diverses venus des quatre coins du monde. En flânant aujourd’hui dans les boulevards et les avenues, l’œil du visiteur de cette ville se réjouit de la beauté des œuvres « exposées »  en plein air. Par ailleurs, les murs alors de la ville lumière, capitale marocaine de la culture, dont un ensemble de sites est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco,  continuent de vibrer jusqu’au 26 septembre courant sur les couleurs des artistes tels que le jeune marocain Bakr issu de la ville de Fès, habillant une fresque par une nature morte.

Entre ciel et terre, l’artiste mexicaine Paola Delfin a dessiné l’une de ses inspirations puisées lors de sa visite de la médina de Rabat. Les visages des gens de cette ville meublent son œuvre peinte sur un mur situant au quartier Hassan.

Un pur plaisir aux yeux ! A la médina de Rabat, les street-artistes japonaises Eru & Emu Hamadaraka qui se produisent pour la première fois au Maroc et sur le contient africain, sont venues partager leur art dont les références sont inspirées de leur identité culturelle. Les deux artistes optent ainsi pour un jeu des contrastes, et ce en mêlant entre ombre, lumière et couleurs dont le blanc, le noir, le bleu pour donner un univers à voir où la réalité, l’utopie et la notion du temps impossible sont mises en question. Armés de leurs pinceaux et palettes, les artistes investissent des fresques des quartiers de Youssoufia, Qbibat, El Akkari, Diour Jamaâ, Hassan, Madinat Al Irfane et d’autres.

Au cœur de Rabat, sur la grande façade du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI), l’artiste espagnol Txemy continue sur la lignée de son  travail artistique exposé récemment à Barcelone. Son œuvre est évolutive, prend la forme dans une peinture contemporaine et rythmée. Né  en 1981 au Chili, cet artiste est habité par la couleur, les couleurs. Sa touche abstraite, sa palette colorée,  vivante et vibrante donnent à son travail voire à son style pop, un air contemporain. Il faut le rappeler ; c’est dans le cadre du concept « Musée Outdoor », fruit d’un partenariat privilégié avec le musée permettant d’investir les trois façades extérieures (6 murs) de cette institution culturelle et artistique emblématique de la capitale.

Entre intérieur et extérieur, cette expérience artistique inédite est  une occasion de plus pour que les œuvres d’art urbain puissent dialoguer entre celles de  l’art contemporain.

Derrière chaque œuvre un récit raconté par le biais des couleurs, des formes, des personnages, des traits, des contrastes, des ombres et des lumières. Ce sont en effet des imaginaires des artistes dont Imane Droby (Maroc), Elian Chali (Argentine), Matth Velvet ( France), Udatxo (Espagne), Paola Delfin (Mexique), Omar Lhamzi (Maroc)  qui se sont exposés aux passagers, aux férus et mordus du street art mais aussi les transformations et les changements d’u n monde où nous vivons et nous évoluons. Une vingtaine d’artistes au total !

L’art, c’est aussi le partage. Le festival, fidèle à sa vocation et sa ligne éditoriale, propose, comme le veut la tradition, un «mur collectif»  à la relève. Pour ce faire, neuf artistes en herbe sont invités à révéler leurs talents et à monter leurs connaissances en la matière sous le regard bienveillant de l’artiste pluridisciplinaire Yassine Balbzioui. Un temps fort pour transmettre aux générations cette pratique et passion  artistique  dépassant les frontières.

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