L’amandiculture, une filière en plein essor

Région de l’Oriental

Par Hicham Boumehdi- MAP

Fruit aux usages multiples et dont les bienfaits nutritifs sont connus depuis l’antiquité, l’amande constitue une valeur sûre de l’arboriculture et connaît un essor remarquable dans la région de l’Oriental, grâce aux conditions climatiques favorables et à l’intérêt grandissant porté à cette culture.

Cet engouement est aussi dû à la diversité des domaines d’utilisation de ce fruit particulier, allant de l’alimentaire au cosmétique, ce qui permet de produire des dérivés à forte valeur ajoutée, contribuant à améliorer le revenu des agriculteurs.

Ainsi, le plan agricole régional de l’Oriental, déployé dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV), a accordé une grande importance à cette filière, ce qui a permis de porter de 16.000 h en 2008 à 42.000 ha en 2020 la superficie consacrée à la culture de l’amandier dans la région, dont 3.161 ha équipés en irrigation par goutte-à-goutte et 2.213 ha équipés en énergie solaire.

Entre 2008 et 2020, quelque 60 projets de plantation et de valorisation ont été lancés dans le cadre du Pilier II du PMV, pour un investissement global de 566 MDH au profit de plus de 12.600 agriculteurs, selon les données de la direction régionale de l’Agriculture (DRA). Des efforts qui ont permis d’atteindre les objectifs fixés en termes de superficie cultivée.

Cette croissance remarquable a fait de cette filière une locomotive de développement socio-économique dans plusieurs communes territoriales de la région, permettant, en 2020, de créer 929.000 journées de travail et d’atteindre un chiffre d’affaires de 724 millions de dirhams (MDH).

Ces performances se sont naturellement traduites par une hausse de la production, qui a dépassé les 30.000 tonnes au titre de la saison agricole 2019-2020, soit un bond de 127 pc par rapport à 2008.

Pour l’actuelle saison agricole, la DRA s’attend à une production de l’ordre de 20.000 tonnes, la période de l’éclosion devant coïncider avec une vague de froid et un manque de précipitations.

Parmi les exemples de cet essor, figure le territoire relevant de la direction provinciale de l’Agriculture (DPA) d’Oujda-Angad, où l’amandier représente la deuxième espèce d’arboriculture occupant le plus de surface après l’olivier, avec un total de plus de 22.000 ha au cours de l’actuelle saison agricole, contre 10.700 ha en 2008.

Fatima Amssif, cheffe de service à la DPA, a souligné, dans une déclaration à la chaîne d’information de la MAP «M24», que la production d’amandes a connu une hausse de plus de 100 pc entre 2008 et 2020, notant que la direction provinciale de l’Agriculture d’Oujda-Angad a réalisé 16 projets de développement de la filière pour une enveloppe de plus de 280 MDH.

Il s’agit notamment de la plantation d’amandiers sur une superficie de 11.000 ha au bénéfice de 5.000 agriculteurs, sans oublier de nombreux projets parallèles portant, entre autres, sur l’aménagement de pistes et de points d’eau et la distribution d’équipements aux agriculteurs.La valorisation des amandes et la diversification des produits dérivés constituent un axe central de la stratégie de développement de cette filière, compte tenu de l’impact direct sur l’amélioration de la valeur ajoutée et du revenu des agriculteurs.

Dans ce cadre, le Plan agricole régional a permis de créer 3 unités de valorisation des amandes dans les provinces de Berkane et de Taourirt et dans la préfecture d’Oujda-Angad, alors qu’une autre unité est en cours de construction dans la province de Guercif, pour une enveloppe globale de 10,5 MDH.

Par ailleurs, les projets de développement de cette chaîne de valeur ont été accompagnés par des programmes liant les agriculteurs et les services du conseil agricole, dans le but de développer la filière de la production à la commercialisation en passant par la valorisation.

A cet égard, 3 groupements d’intérêt économique ont été créés pour assurer la gestion des unités de valorisation, sans oublier les multiples formations organisées autour des bonnes pratiques de l’amandiculture, du développement des partenariats et de l’accès aux financements.

«M24» s’est rendue dans l’une de ces unités de valorisation. Située dans la commune de Rislane (province de Berkane), elle est gérée par le groupement d’intérêt économique «Louz El Fellah», qui regroupe quelque 857 adhérents.
Fouad Letrech, président de ce groupement et de la coopérative «Yed fi Yed», a affirmé que cette unité est la plus grande du genre à l’échelle nationale, avec une capacité de traitement de 10 tonnes par jour.

«L’année dernière, nous avons obtenu la certification sanitaire de l’ONSSA pour pouvoir participer aux foires», s’est-t-il félicité, soulignant que cette unité produit plusieurs dérivés comme l’huile d’amande, les amandes effilées, la pâte d’amande, les amandes grillées ou encore le beurre d’amandes.

«Nous voulons aussi produire du lait d’amandes, ce qui est réalisable compte tenu de la qualité gustative de notre production, sachant que les amandes de la région de l’Oriental se distinguent des autres amandes des autres régions par leur goût et leur qualité», a assuré M. Letrech.

Le groupement a aussi pour ambition de conquérir les marchés de l’Europe et du Moyen-Orient et de se développer dans le domaine du cosmétique, à très forte valeur ajoutée.

M. Letrech a aussi loué les efforts menés par la DRA en faveur du développement de la filière, dont l’aménagement de points d’eau et de pistes, la distribution d’équipements aux agriculteurs et l’organisation de formations.
A noter que l’Indication géographique protégée (IGP) des amandes de Berkane, sous l’appellation «Amandes des Béni Iznassen», est en cours d’adoption.

Pour ce qui est des perspectives futures, le développement de la filière amandicole dans l’Oriental se poursuit dans le cadre de la déclinaison régionale de la stratégie «Génération Green 2020-2030», qui a tracé des objectifs visant à assurer la durabilité de cette chaîne de valeur.

Il s’agit de procéder à des interventions plus ciblées notamment en aval de la filière, tout en continuant à augmenter la superficie cultivée pour atteindre 93.000 ha vers la fin de 2030.

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