Patrimoine : qui sauvera l’âme de Meknès ?

DNES à Meknès Mohamed Nait Youssef

Un malheur ne vient jamais seul. Le mois d’avril dernier, des artistes tels que Driss Roukhe, Latefa Ahrrare, Bousselham Daif et bien d’autres ont lancé un appel «touche pas à ma ville» pour transformer les cinémas fermés en centres culturels et espaces artistiques vivants. Cet appel était en effet un cri de détresse pour dénoncer la vente de l’une des anciennes salles obscures de Meknès : le cinéma Atlas. Dans cet appel, les artistes n’ont pas manqué de mettre le doigt sur l’état de santé des lieux patrimoniaux de la ville.

L’activité culturelle du Versailles du Maroc, comme les anciens habitants de cette ville aimaient appeler, est en stand by depuis deux ans à cause de la pandémie.

«Comme toutes les villes marocaines, l’activité culturelle et artistique a été gelée à Meknès à cause de la Covid-19 qui a mis à nu la fragilité et la vulnérabilité à la fois des structures, des mécanismes et des stratégies mises en place. Car, il n’y avait pas en cette période des alternatives pour répondre aux différentes attentes des artistes.», nous confie le metteur en scène et acteur culturel, Bousselham Daif.

Selon lui, Meknès a une particularité historique et patrimoniale. «C’est une ville qui a été connue dans les années 60 et 70 par son tissu associatif solide et sa dynamique culturelle et artistique riche vu les événements, les rencontres organisés alors qu’en contrepartie, cette effervescence n’a pas été accompagnée sur le volet des structures culturelles et des lois qui ont été très limitées parce qu’ à l’époque, il n’y avait que les maisons de jeunes et le théâtre en plein air Lahboul où se passaient les spectacles des troupes du théâtre amateur ou encore le cinéma Regent qui a été malheureusement démoli. », a-t-il souligné.

Dans les années 80, précise-t-il, il y avait un certain vide et un manque au niveau des espaces culturels qui connaissaient un recul.  Or,  avec la création du festival national du théâtre, le centre culturel Lamnnouni a pu finalement voir le jour, a-t-il rappelé. 

Et d’ajouter : «on a perdu d’autres espaces comme cinéma Regent, fondé en 1922, et qui ressemblait au théâtre municipal de Casablanca et celui d’El Jadida. La ville manque aussi d’espaces culturels de proximité permettant aux jeunes de montrer et révéler leurs talents.»

Pour Bousselham Daif, l’idée de construire de grands théâtres dans les métropoles, et qui peuvent présenter une offre artistique au public, est une bonne chose, mais il faut mettre en place des structures et des espaces de proximité.

«Au lieu, parfois, de construire de nouveaux espaces, il suffit que les collectivités locales rachètent des cinémas fermés, entre autres Apollo, Atlas, Mondial…et les transformer par la suite à des lieux pour la formation des jeunes et la redynamisation de l’action culturelle et artistique.», a-t-il fait savoir.

Dernièrement, le théâtre historique de Lahboul qui se trouve au cœur de la ville de Meknès ayant perdu son âme et son architecture, a-t-il dénoncé, a été presque métamorphosé.

Quel plan de relance pour le secteur de la culture dans la ville ?

Selon Bousselham Daif, la phase actuelle est phase transitoire entre une période où l’activité était complètement bloquée et paralysée et une période où un nouveau gouvernement vient de s’installer. Or,  jusqu’à présent, dit-il, il n’y a pas une vision claire et une véritable volonté pour une relance de la culture dans la ville. «Il faut que les acteurs culturels dans les différents domaines contribuent dans le développement de la chose culturelle à Meknès. La proximité et l’ouverture sur les jeunes sont extrêmement importantes. », conclut-il.

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