Le programme gouvernemental passe sous silence les dossiers qui fâchent…

Intervention de Rachid Hamouni, président du GPS lors de la séance plénière de la chambre des représentants

Le groupe du progrès et du socialisme (GPS),  « fier d’exercer ses fonctions dans le cadre d’une opposition constructive, progressiste, démocratique, sociale et riche en propositions fondée sur l’indépendance de la décision partisane , vote contre le programme gouvernemental qui fait le black-out sur tous les dossiers qui fâchent et ne donne aucune indication sur les moyens à mobiliser pour atteindre les objectifs fixés concernant la création d’un million de postes d’emploi et la réalisation d’un taux de croissance de 4% par an », a affirmé son président Rachid Hamouni.

Intervenant lors de la séance plénière de la chambre des représentants, consacrée mercredi à l’examen et au vote du programme gouvernemental, Hamouni a indiqué que le programme gouvernemental ne dit rien sur les mesures prévues pour redresser notamment la situation du secteur du tourisme, qui a été profondément affecté par la pandémie du Covid-19.

Le GPS s’interroge aussi  sur les moyens que le gouvernement compte mobiliser pour réaliser les autres objectifs concernant la création d’un million de postes d’emplois en cinq ans (20.000/an), alors que d’autres dossiers comme la compensation, la caisse de retraite, le sort des détenus des Hirak et des journalistes, la lutte contre la rente, la prévarication, la corruption, le clientélisme etc…) sont tout simplement ignorés.

UN MILLION D’EMPLOIS ! COMMENT ?

Approfondissant la réflexion à ce sujet, le président du GPS a soulevé la question de savoir comment le gouvernement va-t-il pouvoir créer en cinq ans un million de postes d’emploi et réaliser un taux de croissance annuel de 4%, au moment où l’économie nationale ne permet la création que de 35.000 postes d’emploi pour chaque point de croissance. Ce taux a même chuté à environ 20.000 postes d’emploi au cours des dernières années, a-t-il dit, précisant qu’il s’agit de créer des postes d’emploi décents et non saisonniers ou précaires. Quant au programme gouvernemental il prévoit que chaque point de croissance va permettre la création de 50.000 emplois.

C’EST LE BLACKOUT A PROPOS DE LA COMPENSATION

A ce sujet, le président du GPS s’est arrêté sur le blackout que le programme gouvernemental fait sur la compensation dans un cadre international marqué par la hausse des cours du pétrole et du gaz, avant d’interroger le chef du gouvernement sur les mesures qu’il compte prendre dans l’immédiat pour faire face aux effets de l’augmentation des prix du pétrole et  des matières premières et de base sur le consommateur et l’économie nationale. « A travers cette première épreuve, l’on saura si le gouvernement va agir en tant qu’équipe homogène et soudée pour prendre cette mesure ou va-t-il abandonner les consommateurs à leur sort », a-t-il commenté.

Le gouvernement a également fait le blackout total sur la caisse de retraite en tant qu’élément essentiel dans l’œuvre de réalisation du chantier de la couverture sociale. Idem pour la dette dont le montant dépasse 350 milliards de Dirhams.

Le programme gouvernemental a omis aussi de procéder à une évaluation de la situation de certains secteurs et plans dont celui du tourisme qui participe à raison de 10% au PIB et qui a été lourdement touché par la pandémie du Covid-19.

C’est le cas aussi de la question des dossiers des Marocains du monde auxquels le gouvernement est appelé à accorder un plus grand intérêt et à les associer à la politique du pays.

Tout en se contentant d’avancer des engagements globaux et généraux, le programme gouvernemental n’indique pas les moyens à mobiliser pour mettre en œuvre les dispositions de la Constitution de 2011, réhabiliter les institutions nationales et en particulier les partis politiques et les autres institutions, a-t-il dit. Il ne prévoit pas non plus une quelconque stratégie pour lutter contre la rente et la prévarication qui coutent très chers au budget de l’Etat notamment la rente des carrières et de la pêche hauturière.

Il ne donne pas non plus d’indication sur la manière que le gouvernement va poursuivre pour traiter le dossiers des libertés en particulier la liberté d’opinion et d’expression et la liberté de presse et d’information, a-t-il dit, notant que de tels thèmes n’ont d’ailleurs jamais fait partie des préoccupations de certains partis politiques de cette majorité gouvernementale.

Et le député Hamouni de s’interroger encore sur les mesures que le gouvernement compte prendre pour la promotion d’un climat de confiance, à travers la libération des détenus des mouvements (Hiraks) sociaux d’Al Hoceima, Jerada et autres et des journalistes emprisonnés.

Sur un autre plan, le président du GPS a invité le chef du gouvernement à cesser l’instrumentalisation de l’Amazighité et son exploitation à des fins inavouées. L’Amazighité est un patrimoine de tous les Marocains. C’est leur passé, leur présent et leur avenir, a-t-il martelé.

A l’issue de ces observations, le président a souligné la nécessité pour le gouvernement d’honorer ses engagements et les promesses faites par ses composantes lors de la campagne électorale relatives notamment à la lutte contre la rente, la prévarication, la corruption et le clientélisme, dans le but d’en arrêter les effets dévastateurs sur le développement du pays et l’approfondissement des disparités sociales et spatiales.

C’est en agissant de la sorte que le gouvernement aura accompli le devoir d’atténuer les tensions sociales et de rétablir la confiance dans les élites, les institutions et les partis politiques, a-t-il expliqué.

En tant qu’opposition progressiste, sociale et citoyenne, qui défend les intérêts de la classe laborieuse, des élites éclairées, des marginalisés  et des pauvres et de toutes les couches sociales appauvries, le GPS se doit de voter contre le programme gouvernemental, a-t-il souligné.

Auparavant, le président s’était arrêté dans son intervention sur la situation d’autres secteurs dont en premier lieu la santé, l’enseignement et l’agriculture.

LA SANTE : APPEL A LA VALORISATION DES RESSOUCES HUMAINES

 Après s’être félicité des réalisations accomplies avec succès dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19, le président du GPS a indiqué qu’il importe à présent de capitaliser sur ces réussites pour assurer à l’opération de généralisation de la protection sanitaire et sociale toutes les conditions de succès. Pour ce faire, il est indispensable de procéder à des changements au niveau de la gouvernance du secteur et de la valorisation de ses ressources humaines,  à travers notamment une révision fondamentale du système des salaires des fonctionnaires de la santé et leur amélioration. Il est également nécessaire d’œuvrer pour une meilleure répartition des prestations et des services publics de santé pour permettre aux couches vulnérables d’accéder à des services de qualité et aux zones et provinces reculées et montagnardes de disposer de structures de santé modernes et adéquates.

L’ENSEIGNEMENT : APPEL A LA GENERALISATION ET A L’AMELIORATION DE LA QUALITE

 Tout en avançant que seuls les pays qui accordent la priorité à l’enseignement réussissent, il a indiqué que son groupe enregistre la position que le programme gouvernemental accorde au sujet.

 A ce propos, le PPS, a-t-il rappelé, appelle au respect des principes fondateurs du système d’enseignement, tels que le réclamaient les partis politiques nationaux démocratiques.

 Il s’agit des principes de la généralisation et de l’unification, auxquels il faut ajouter aujourd’hui ceux de l’amélioration de la qualité, de l’équité et de la démocratisation de l’accès à l’école publique, qu’il convient de réhabiliter pour ressusciter sa position sociale et son inviolabilité. Elle doit récupérer sa mission dans le façonnement de la personnalité et la diffusion des valeurs nationales, de l’ouverture, de la logique et de la modernité. L’enseignement doit être le moyen pour les pauvres de se reconstruire, de s’en sortir et de s’élever au niveau social pour accéder à l’emploi garant de la dignité, selon lui.

Dans ce cadre, le programme gouvernemental a complètement omis d’aborder l’enseignement privé, qui représente quelque 15% du système national d’éducation et de formation, a-t-il ajouté, notant que la révision des lois et des règlements de ce secteur s’impose pour le maitriser et lui permettre de s’inscrire dans le droit fil du chantier de l’éducation et de la formation nationales.

L’AGRICULTURE : ACCORDER DE L’INTERET AUX PAYSANS PAUVRES ET AUX OUVRIERS DU SECTEUR.

 Abordant la situation du secteur agricole, il a indiqué que sa modernisation et son développement, grâce au soutien public, ont permis au Maroc d’assurer son autosuffisance  au niveau de l’écrasante majorité des produits et d’en exporter une grand partie.

 Il a toutefois estimé nécessaire d’accorder une plus grande attention au monde rural pour lui permettre de tirer profit de cette nouvelle dynamique à travers la valorisation de ses produits, tout en ciblant les petits agriculteurs et la main d’œuvre agricole. Il a également jugé indispensable de doter le monde rural de nouveaux services et des infrastructures nécessaires pour qu’il devienne un espace attractif et pour réhabiliter la terre en tant que source de biens, de richesse et de vie et non un refuge pour ceux qui cherchent à avoir un logement supplémentaire. La terre est destinée à la production et non au divertissement, a-t-il fait remarquer.Le GPS s’interroge sur les moyens que le gouvernement compte mobiliser pour créer un million de postes d’emplois en cinq ans.

  • Le programme gouvernemental a omis l’évaluation de la situation de certains secteurs dont celui du tourisme, lourdement touché par la pandémie.
  • Le gouvernement ne prévoit pas une stratégie pour lutter contre la rente et la prévarication.
  • Aucune indication sur le dossier des libertés en particulier la liberté d’opinion et d’expression et d’information.
  • Il est indispensable de repenser la gouvernance du secteur de la santé
  • L’école publique doit recouvrer sa mission de diffusion des valeurs nationales.
  • Il est indispensable de doter le monde rural des moyens et réhabiliter la terre en tant que source de biens.

    M’Barek TAFSI

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