«Il faut penser culturellement à développer l’industrie du cinéma d’animation »

 Entretien avec Ali Rguigue, directeur général de la société Artcoustic Studios

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

Ali Rguigue est le directeur général de la société Artcoustic Studios. Cette structure qui était au départ un studio de son a été transformée en une maison de production qui investie davantage dans l’animation avec un esprit créatif et novateur. Ali et les autres jeunes créateurs misent aussi sur la création d’une  école qui sera dédiée à la formation des jeunes en matière du cinéma, l’animation, ainsi que d’autres structures structurantes afin de créer une industrie.

Al Bayane : Parlez-nous un peu de votre projet « Artcoustic Studios ». Pour cet intérêt assez particulier par rapport à l’animation.

Ali Rguigue : Au début, c’était un studio de son avant de se transformer en une maison de production. Après j’ai rencontré Mustapha Swinga qui faisait la plateforme de développement « Aji-Tfham » où il traite de l’actualité et des sujets de la société permettant de vulgariser et simplifier ce contenu afin d’atteindre un public assez large. On avait ce besoin que nous avons développé  aux gens qui  ont par la suite apprécié ce format  qui  était  innovant  parce qu’il ne s’agit pas d’une animation ou Machine Design qui se limite à la technique, mais il y avait beaucoup de recherche journalistique et de l’investigation. A partir de ça, les gens venaient vers nous, à savoir des clients surtout des institutionnels pour expliquer leur contenu. Puis, on recevait des commandes qu’on travaillait avec des animations qui finançaient notre équipe. En même temps, nous développons nos propres projets dont des histoires (projet Ghirba qui est une série d’animation). Ce sont en fait des histoires marocaines que nous racontons avec une morale ou une leçon de vie vers la fin. Il s’agit aussi d’une transmission du patrimoine et de la culture marocains via l’animation et qui a eu un grand succès sur internet et les réseaux sociaux.

Quid de votre démarche technique et esthétique ?

On a développé notre démarche au niveau de la création et de la technique. Or,  on a constaté qu’il n’y avait pas assez de compétences en la matière. Il y a certes des artistes qui ne sont pas formés pour travailler sur ce domaine. Alors, nous recrutons et nous formons des stagiaires avec des salaires importants. Ce jeune qui voulait de faire de l’animation chez lui, il pourrait concrétiser son rêve. D’où est venue l’idée de transformer aussi le studio en un centre de formation pour les jeunes créatifs.

Vous dites qu’une école qui sera dédiée à la formation des jeunes en matière de la scénarisation et de l’animation verra le jour  sachant qu’il n’existe plus de structures dans ce domaine. Pouvez-vous nous en parler ?  

Ce que je peux dire, c’est que l’idée commune de l’école est d’aider les jeunes marocains à accéder aux nouveaux métiers et de fédérer ce métier de l’animation grâce au FICAM, grâce au Studio et grâce aussi à cette école afin de créer une industrie.

Les français qui  sont, pour moi, entre deuxième et troisième acteur dans le monde de l’animation au monde ont vu qu’il y a un commencement dans l’animation au Maroc et qui nous encourage, sachant qu’ils ont une industrie qui existe depuis 30 ans.

 Aujourd’hui, il faut penser culturellement, ensemble, pour développer ce domaine parce qu’il est aussi important… Le métier de l’animation est très important  non seulement pour l’économie de notre pays, mais aussi à  l’export de notre culture. Car, quand on fait une animation où il y a toute la culture marocaine, le public la reçoit facilement.

Actuellement, il y a ce débat sur les industries culturelles et créatives, mais il y a toujours ce manque de structures structurantes. Comment voyez-vous  l’avenir du cinéma d’animation, surtout avec ce manque de structures ?

Je pense que le CCM aujourd’hui a un grand rôle à jouer. Aujourd’hui, il y a un statut juridique pour le cinéma d’animation. C’est déjà une bonne chose pour pouvoir carder ces gens qui travaillent dans ce métier. Je pense que les institutions qui  doivent aussi contribuer au développement de ce domaine qui évolue très rapidement sur les plateformes. Il faut d’abord commencer par quelques dessins animés sur les deux chaines : la première et la 2M, et  après on pensera à une vraie industrie.

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