Les soudanais réclament la remise du pouvoir aux civils

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Trois années se sont écoulées depuis le déclenchement, le 19 décembre 2018, de la révolte qui avait conduit à la chute, le 11 avril 2019, d’Omar Al-Béchir, l’ancien homme fort du Soudan. Aussi, pour commémorer cet important anniversaire supposé célébrer la fin d’un régime dictatorial qui aura duré trois décennies mais aussi pour dénoncer ce fameux Conseil de transition qui a pris les rênes  du pays mais qui tarde encore à remettre le pouvoir aux civils, des dizaines de milliers de soudanais ont défilé dimanche dernier dans les rues de Khartoum, la capitale, et des principales villes du pays.

Pour rappel, le 19 décembre 2018, l’antenne locale du Congrès national, le parti du président Omar Al-Béchir, à Atbara, à 250 kilomètres au nord de Khartoum, avait été incendiée par des manifestants qui réclamaient la chute du président après le triplement du prix du pain. Ayant fini par s’étendre à l’ensemble du pays, cette révolte avait conduit, cinq mois plus tard, à la chute du vieux général-dictateur et à la mise en place d’un Conseil militaire de transition.

Mais alors que les soudanais étaient dans l’attente de la remise du pouvoir à une instance civile, élue démocratiquement, voilà que le 25 Octobre dernier, un putsch militaire est venu mettre fin au partenariat avec les groupes politiques civils scellé après le renversement du Général Omar Al-Bachir et après la condamnation de ce coup de force par la communauté internationale, les pays occidentaux ont suspendu leurs aides économiques au Soudan. Le pays est entré, depuis lors, dans l’inconnu et dans une spirale de violence qui a quarante-deux morts et des centaines de blessés.

Un mois après ce coup d’Etat, l’accord signé, le 21 novembre dernier, entre les putschistes et l’ancien gouvernement a abouti au retour du Premier ministre Abdallah Hamdok alors que la totalité des pouvoirs restera concentrée entre les mains de la junte militaire, avec à sa tête le général Abdel Fattah Al-Bourhane, jusqu’aux élections prévues pour Juillet 2023. 

Or, bien que cet accord ait permis aux putschistes de s’attirer les bonnes grâces de la communauté internationale qui y a vu un premier pas vers la démocratie, il est clair que l’armée œuvre dans le seul but de garder la mainmise sur le pays. Pour preuve, les purges qu’elle a menées au pas de course pour pouvoir réinstaller des figures du régime du général Al-Béchir ; ce que de nombreuses organisations de la société civile soudanaise n’ont eu de cesse de dénoncer quand bien même le Premier ministre Abdallah Hamdok a promis de réexaminer toutes les nominations car les récents changements effectués au sein de l’appareil sécuritaire montrent bien que l’armée garde la haute main sur les nominations.

C’est à ce titre que l’Association des professionnels soudanais (APS), l’un des fers de lance de la révolte de 2019, qui considère comme « traîtres » aussi bien l’armée que l’ancien Premier ministre Abdallah Hamdok et les accuse de s’acharner à « reproduire l’ancien régime et sa corruption » ainsi que plusieurs comités de résistance, de nombreux partis politiques et diverses organisations de la société civile ont appelé les soudanais à multiplier les marches de protestation, d’abord pour rendre hommage aux quarante-deux « martyrs » de la révolte contre le coup d’Etat mais aussi pour contraindre la junte militaire au pouvoir à s’en dessaisir au profit d’une instance civile.

Les manifestants finiront-ils par avoir gain de cause. Aucune réponse ne peut être donnée dans l’immédiat au vu de la grande détermination dont font preuve les protagonistes mais attendons pour voir…

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