«Le MASI a réalisé en 2021 une performance proche de ses records historiques»

Rétrospective 2021

Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets (flm.ma)

Propos recueillis par Kaoutar Khennach

Sur fond d’une crise sanitaire et économique inédite, la Bourse de Casablanca a su effacer, en 2021, les pertes encourues une année auparavant. Ainsi, le Masi a affiché une forte hausse de 18,35% à 13.385,32 points et le MSI20 a avancé de 17,4% à 1.085,71 points.

Le volume global des échanges a atteint plus de 74,74 milliards de dirhams (MMDH), dont 40,78 MMDH réalisés sur le marché central (actions), 23,47 MMDH sur le marché de Blocs, 600 millions de DH de volume introductions, 2,39 milliards de DH sous forme d’augmentation de capital et 6,78 milliards de DH apports de titres. Attijariwafa Bank a été l’instrument le plus actif de l’année avec près de 7,9 milliards de DH des échanges (une part de 19,37%), suivi de Ciments du Maroc avec 3,95 milliards de DH (9,68%) et Itissalat Al-Maghrib avec 3,85 milliards de DH (9,44%). Pour sa part, la capitalisation boursière s’est élevée à 690,71 milliards de DH.

Sur le plan sectoriel, 19 indices ont affiché des hausses allant de 179,65% pour l’industrie pharmaceutique à 7,85% pour le transport. Quatre secteurs ont clôturé l’année en grise mine, à savoir « Services aux collectivités » (-36,88%), « Société de Portefeuille & Holdings » (-5,38%), « Télécommunications » (-3,83%) et « Loisirs et Hôtels » (-3,73%). Sur le plan individuel, 61 valeurs ont terminé en hausse, tandis que 12 valeurs ont bouclé l’année en repli.
Les meilleures performances individuelles de l’année ont été enregistrées par Fenie Brossette (+254,11%), Sothema (+196%) et Maghreb Oxygène (+112,63%). Les plus lourdes baisses ont été accusées par Lydec (-36,88%), SMI (-22,53%) et Centrale Danone (-15,59%).

Afin de revenir sur les principaux faits qui ont marqué le marché boursier au Maroc et analyser son évolution, nous avons donné la parole à notre expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets (flm.ma). Voici les propos.

Al Bayane: Quel est le bilan boursier de 2021?

Farid Mezouar: En 2021, la Bourse de Casablanca a poursuivi son trend haussier entamé depuis le 18 mars 2020 avec un rebond de 48,6% qui a succédé à un krach de -21,1% entre le 10 et le 18 mars 2020, après les grosses frayeurs consécutives au début de la pandémie du Covid-19 au Maroc.  Ainsi, le MASI a réalisé en 2021, une performance de 18,35%, retrouvant au passage un niveau proche de ses records historiques. De plus, la Bourse a enregistré la cotation de TGCC dont l’introduction en bourse de 600 millions de DH a connu une demande de 13,4 milliards de DH, soit 22,4 fois le montant demandé. Notons toutefois que comme tout parcours boursier, ce trend haussier du MASI a été tantôt accéléré par certains catalyseurs et tantôt freiné par certaines nouvelles négatives. Ainsi, parmi les accélérateurs, nous pouvons citer le début réussi de la campagne de vaccination, l’opération estivale de Marhaba, l’annonce des résultats semestriels ou le bon déroulement des législatives. Au niveau des freins, nous avons recensé le durcissement récent des mesures sanitaires ou la quête de liquidités avant l’introduction en bourse de TGCC.

Comment expliquer ce trend haussier du MASI?

Les actions marocaines ont bénéficié d’une reprise économique, notamment stimulée par une excellente récolte agricole. Aussi, le niveau des taux d’intérêt est resté assez bas comme le montre le 5 ans souverain à moins de 2%. Ainsi, l’économie nationale devrait enregistrer un rebond de 6,7% du PIB en 2021 grâce à des hausses de 18,8% de la valeur ajoutée agricole et de 5,3% de celle des activités non agricoles. De plus, la reprise des réalisations de sociétés cotées, a été au rendez-vous. En effet, les bénéfices semestriels ont enregistré une hausse de 71%, ce qui a permis de dépasser légèrement le niveau du premier semestre 2019. De même, les revenus des émetteurs cotés à fin septembre sont en hausse d’environ 5,5% (+7,5% hors IAM).

Il fallait donc investir sur le MASI en 2021?

C’est un débat qui a souvent divisé les investisseurs même si au Maroc, peu de produits indiciels sont offerts, du moins à ma connaissance. En effet, d’un côté, la performance du MASI affiche un niveau de 18,35%, ce qui est largement attractif pour des produits indexés sur l’indice boursier marocain. Toutefois, les plus gourmands peuvent citer des performances individuelles comme celle de Sonasid (+105%) ou celle de Sothema (+196%). Aussi, notre portefeuille conseillé à Flm a dégagé une performance annuelle de 57,2%. Ainsi, ces performances peuvent étayer à posteriori les partisans d’une gestion Value et/ou du stock-picking.

Quel a été le profil des acheteurs en Bourse?

Selon les derniers chiffres disponibles, ce sont les OPCVM qui ont porté la Bourse de Casablanca en 2021. Ainsi, au troisième trimestre 2021, les achats nets des OPCVM se sont établis à 1.856 millions de DH, sachant que le niveau au deuxième trimestre 2021, avait atteint 1.119 millions de DH après 685 millions de DH au premier trimestre 2021. Aussi, ce sont les institutionnels locaux qui ont boosté la sursouscription de l’OPV de TGCC avec une demande de 9,7 milliards de DH, soit 72% du total (dont 62,6% de la part des OPCVM).

Quid des perspectives de 2022?

Globalement, nous pouvons nous attendre à un bon premier trimestre en Bourse grâce au flux d’annonces de résultats annuels et des dividendes à distribuer. Aussi, selon BAM, la valeur ajoutée des activités non agricoles, poursuivrait son amélioration aux rythmes de 3,2% en 2022, ce qui devrait être suffisant pour maintenir la croissance des indicateurs opérationnels des émetteurs. De même, la politique accommodante de BAM est censée se maintenir au premier semestre vu le ton adopté lors de la dernière réunion de la banque centrale. Toutefois, la prudence s’impose car nous conseillons à nos clients le suivi de la gestion de la crise aiguë du tourisme par le gouvernement ainsi que la veille sur l’évolution des répercussions d’Omicron. De même, certaines entreprises devront gérer la pression inflationniste avec parcimonie pour ne pas heurter leurs clients.

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