Branle-bas de combat au Parlement du Honduras

Attendons pour voir…

Nabil Bousaadi

« La présidente Xiomara Castro n’a pas encore pris ses fonctions, au Honduras, que déjà, elle fait face à sa première crise politique ». C’est en ces termes que le site « El Pais America » a résumé la foire d’empoigne qui a vu le jour dans les travées du Parlement hondurien lorsque les députés ont été appelés à élire leur président ce vendredi 21 janvier.

Les attaques ont commencé lorsqu’une vingtaine de députés du parti « Liberté et Refondation » (LIBRE), de la présidente, ont proposé l’un des leurs – à savoir, Jorge Calix – au poste de président du Parlement alors même qu’il était convenu que les cinquante députés de LIBRE fassent bloc derrière le candidat Luis Redondo.

Jorge Calix – dissident du parti LIBRE – étant donc parvenu à remporter ce suffrage, par 83 voix sur 128, grâce notamment au soutien de l’opposition de droite, c’est aux cris de « Traître » que 7 députés, fidèles à la présidente, se sont précipités sur lui et l’ont forcé à fuir du perchoir au moment où il prêtait serment.

Mais si, pour Eugenio Sosa, professeur de Sociologie à l’Université nationale, en plaçant Jorge Calix au perchoir, le Parti national, qui avait été défait par les urnes, aura donc « réussi à manœuvrer et à obtenir le contrôle du Parlement », le chef du parti LIBRE, Gilberto Rios,  voit, dans cette situation, la victoire du « crime organisé, du pouvoir financier, du narcotrafic et de tous ceux qui pillent les ressources de l’Etat ». 

Ainsi, pour Xiomara Castro, qui prendra ses fonctions le 27 Janvier 2022 après avoir été élue grâce à l’alliance passée entre LIBRE dirigé par son mari Manuel Zelaya – ancien président du Honduras de 2006 à 2009 – et le Parti Sauveur du Honduras (PSH) dirigé par Salvador Nasralla, et sur la base d’un programme de transformations sociales dans un pays gangrené par la pauvreté, la corruption et le trafic de drogue qui a infiltré les structures de l’Etat, « l’absence des vingt députés est l’augure d’une trahison contre-révolutionnaire envers le parti et le peuple hondurien (…) et une trahison envers le projet politique de refondation de la patrie, en tentant (…) d’imposer un plan de l’élite corrompue que dirige (l’ex-président) Juan Orlando Hernandez ».

Pour rappel, en remportant l’élection présidentielle, Xiomara Castro, qui avait été taxée de communiste durant toute la campagne électorale, a mis fin à douze années de règne du Parti National et de son leader l’ancien président ultra-conservateur, Juan Orlando Hernandez, qui a clôturé son second mandat sur fond de soupçons de trafic de drogue après avoir été cité par un tribunal new-yorkais comme étant un « allié puissant » et un « complice » de son frère Tony Hernandez, condamné en mars à la prison à perpétuité pour « trafic de drogue ».

Considérant, enfin, que l’accord passé avec le PSH prévoyait qu’en cas de victoire de la coalition, Salvador Nasralla serait élu vice-président du Parlement et pourrait donc proposer le nom du Président de la Chambre, l’élection de ce dernier doit être définitivement confirmée deux jours avant l’ouverture officielle de la session parlementaire prévue le 25 Janvier. Qu’adviendra-t-il d’ici-là ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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