Les créateurs et les artistes ont investi l’espace numérique pendant le confinement

Abdelhak Mifrani, directeur de la Maison de la Poésie à Marrakech

 Propos recueillis par  Larbi Atmani (MAP)

Dans cet entretien accordé à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP, M. Abdelhak Mifrani, directeur de Dar Achiir (Maison de la Poésie) à Marrakech, s’attarde sur les efforts déployés pour faire face aux répercussions négatives de la Covid-19 sur la dynamique culturelle dans la cité ocre, le rôle de l’art et de la culture pour redonner espoir et optimisme au public, ainsi que sur les rôles de la Maison de la Poésie et l’importance de ses projets culturels futurs.

 1- La région Marrakech-Safi et la Cité ocre en particulier se distinguent par leur dynamique culturelle. A quel point la pandémie de la Covid-19 a eu un effet négatif sur cette dynamique? Et dans quelle mesure, les acteurs culturels se sont engagés à la faveur de la préservation de cette densité culturelle ?

La pandémie du nouveau coronavirus a impacté de manière palpable les activités culturelles et artistiques non seulement au Maroc, mais aussi au niveau international.

On ne peut nullement appréhender le degré de maintien et de régression du nombre des manifestations culturelles et artistiques au niveau de la ville ou de la région Marrakech-Safi dans sa globalité sans se référer au reste des régions du Royaume et du monde, sachant que ces événements ont été profondément impactés.

Nombre d’initiatives se sont pourtant mieux adaptées à ce nouveau contexte afin de faire face à une telle situation.

Les activités culturelles et artistiques pendant ou après le confinement sanitaire ont investi l’espace numérique au point d’en faire un outil indispensable pour maintenir la relation avec le public.

Les grands festivals musicaux et culturels qui accueillaient par le passé, un large public, sont ceux les plus impactés en raison de la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus.

2- En rapport avec l’impact négatif sur des activités dans nombre de secteurs (tourisme, festivals, manifestation artistique…) et des répercussions psychologique et morale induites par la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus, est ce qu’on peut dire que la culture et l’art constituent « un refuge » et « un garant » de lueur d’espoir pour le public ?

Nombre de penseurs, d’intellectuels et de spécialistes s’accordent à dire que la culture et l’art incarnent et offrent cette lueur d’espoir et d’optimisme quant à un avenir meilleur pour toute l’humanité dans son ensemble et non seulement pour le public.

A travers la culture et l’art, moult initiatives prises dans le cadre de la dynamique qu’a connu cette période délicate dans l’histoire de l’humanité, « il était donc possible de garantir un regain de confiance ou ce qu’on peut appeler un certain équilibre psychologique pour le public en l’amenant à épouser une vision beaucoup plus optimiste pour l’avenir, sachant que cette étape a été difficile pour la majorité des personnes que ce soit sur le plan social qu’économique voire même psychologique ».

« Ce que nous avons pu observer durant cette phase difficile c’est que la culture et l’art en général et non seulement la poésie, ont servi de refuge et de source de ressourcement pour l’individu, ainsi que de fenêtre à même de permettre de projeter l’avenir avec beaucoup d’optimisme et de sérénité ».

3- S’agissant de « Dar Achiir » à Marrakech, quels sont ses rôles et quel est le programme concocté à l’avenir pour préserver son rayonnement sur la scène culturelle locale, régionale, voire même nationale ?

Cette structure, depuis sa création le 16 septembre 2017, en vertu d’un protocole d’accord entre le ministère de la Culture et de la communication du Maroc et le Cercle de la Culture au gouvernement Sharjah aux Emirats Arabes Unis (EEAU), a veillé à garantir une programmation mensuelle et une annuelle.

« Dar Achiir » à Marrakech a pris l’habitude d’organiser des événements mensuels, ainsi que des colloques qui traitent de plusieurs questions intéressant le Maroc, outre des ateliers de formation en écriture poétique dont s’est spécialisée « Dar Achiir » à Marrakech en particulier.

Ces ateliers sont dédiés aux enfants et aux jeunes à travers la rubrique « un poète chez les enfants » ou encore la rubrique concernant l’écriture poétique destinées aux jeunes, aux côtés des deux prix « meilleur poème » et « critique poétique ».

Aux côtés de ce palmarès long et riche en activités et événements organisés dans son siège à Marrakech, la Maison de la Poésie, dans le cadre de sa stratégie de travail, s’est ouverte aussi sur les espaces publics à travers l’organisation d’une série d’événements de haute facture au sein de monuments historiques emblématiques de la cité ocre comme dans des places publiques comme se fut le cas avec « La Tente de la poésie hassanie » à la ville de Dakhla, ou encore « les jardins de la poésie » à Ain Assardoun (Beni Mellal) et « Hadiqat Attawaghil » à Guelmim.

Au rang de ces événements figurent également des rencontres poétiques dans les plages et campings (Sidi Ifni, Agadir….) ou encore à Kelâa de Mgouna, Zagora, Ouarzazate, ainsi que dans d’autres villes du Sud du Royaume riche de par ses cultures matérielles et immatérielles.

« Dar Achiir » connue par son ouverture sur les nouvelles voix poétiques issues aussi bien du Sud du Royaume que des autres régions et qui constituent « une valeur ajoutée sûre » pour la poésie et la culture marocaines, est aussi un espace pour célébrer en grande pompe, la diversité culturelle marocaine à travers l’organisation du Festival de la poésie marocaine qui a atteint sa 3è édition.

Il s’agissait d’un moment exceptionnel surtout que « Dar Achiir » a été l’unique structure à avoir organisé son festival de poésie l’année précédente (29 au 31 octobre dernier), sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et que cet événement avait permis au public de retrouver la magie et la splendeur des mots et la richesse et diversité des événements culturels et artistiques.

Cette programmation ne va pas s’arrêter, alors même qu’après la période du confinement sanitaire « Dar Achiir » a fait son entrée dans l’espace numérique, en organisant une kyrielle d’événements à distance, et en s’adaptant aux mesures préventives décrétées par les autorités compétentes, ce qui lui a permis de garder sa programmation habituelle, avec deux rencontres par mois que ce soit, les lectures poétiques (organisation de l’événement « Al Kalam Almorassaa » +Mot brodé+ dédié au Zajal marocain), ou encore la célébration de la journée internationale de la langue arabe via, une nouvelle rubrique baptisée « battement de l’alphabet » ou encore « la magie des syllabes ».

Il s’agit d’une tentative de « Dar Achiir » à Marrakech de redonner un certain espoir au public en veillant à maintenir cette programmation dense et riche.

La Maison de la Poésie a lancé, dans le cadre de sa 5è saison, une nouvelle initiative qui consiste en l’ouverture sur des points de lecture aussi bien à Marrakech et ses environs, qu’au niveau de la région, à travers l’organisation d’ateliers relatifs à l’écriture poétique au profit des enfants et des jeunes, à M’ssfioua à Ait Ourir, et à Sidi Rehal.

Il s’agit d’une initiative remarquable que « Dar Achiir » ambitionne de promouvoir en l’étendant à d’autres points de lecture ou encore des bibliothèques publiques.

« Dar Achiir » à Marrakech mise et veille sur la régularité de sa programmation dans le cadre de sa stratégie lancée depuis 2017, partant de sa conviction qu’elle (Maison de la Poésie) constitue avec les autres structures culturelles et artistiques au Maroc, « une valeur ajoutée » qualitative à même de contribuer à enrichir davantage la scène culturelle nationale.

« Nous essayons à travers cette programmation d’oeuvrer afin que l’action culturelle puisse retrouver son éclat d’antan dans notre paysage culturel distingué par sa diversité arabe, amazigh, et hassani, outre l’ouverture en permanence de Dar Achiir sur une multitude de voix ».

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