Le sommet de Versailles appelle Poutine à retirer ses troupes d’Ukraine

Nabil El Bousaadi

Considérant que l’invasion de l’Ukraine a mis à nu l’insuffisance des moyens militaires dont dispose l’Union européenne après que ses Etats-membres aient considérablement réduit leurs budgets d’armement à la fin de la guerre froide et le fait que leur extrême dépendance du gaz russe limite fortement leur marge de manœuvre contre Moscou, le président français Emmanuel Macron, dont le pays assure la présidence tournante de l’instance européenne et qui mène campagne pour sa réélection a accueilli, jeudi et vendredi, ses partenaires européens dans le cadre prestigieux du Château de Versailles et leur a offert un dîner de travail dans la somptueuse Galerie des Glaces où fut signé le traité mettant fin à la Première Guerre Mondiale tout en les appelant à prendre «des décisions fortes» qui, en posant  les fondations d’une Europe plus souveraine, pourront faire de ce sommet «celui du sursaut européen».

En abordant la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne après que Kiev ait déposé sa candidature avec l’espoir de la rejoindre «sans délai», le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a déclaré qu’«il n’existe pas de procédure rapide». Or, après s’être demandé s’il était possible d’ «ouvrir une procédure d’adhésion avec un pays en guerre », le président français a estimé, néanmoins, qu’il serait « injuste » de lui «fermer la porte et dire jamais».

Aussi, est-ce essentiellement pour arrêter une stratégie commune face aux « bouleversements profonds » et au « traumatisme immense » auxquels a donné lieu l’offensive russe en Ukraine, pour renforcer leur résilience face à Moscou et rassurer Kiev mais, surtout, pour surmonter leurs divisions quant au calendrier et aux moyens qui leur permettraient de réduire leur dépendance du pétrole et du gaz russe, que les dirigeants des Vingt-Sept avaient convenu de répondre à l’invitation d’Emmanuel Macron.

Ils s’emploieront, également, d’après le président français, à mettre en place, au cours de ce sommet, des «mécanismes plus pérennes» et, pour cela, «donner un mandat à la Commission européenne pour, d’ici à la fin du mois, préparer les textes requis».

Ainsi, dans un point de presse ayant eu lieu à la fin de cette rencontre, le président français a déclaré que si les forces russes n’arrêtent pas leur invasion, l’UE est prête à « sanctionner au-delà de ce qui a été fait » car, à Versailles et en dépit des menaces du Kremlin, les dirigeants des 27 se sont déclarés profondément solidaires de l’Ukraine en tant que «membre de la famille européenne».

Du message publié à l’issue de ce sommet,  il ressort, également, que « de nouvelles sanctions massives » seront appliquées à la Russie si cette dernière poursuit son offensive contre l’Ukraine.

Si les dirigeants européens ont convenu, par ailleurs, d’un plan pour la sortie de la dépendance fossile de l’UE à l’égard de la Russie en prenant 2027  comme date-butoir, le chef de la diplomatie européenne Josep Borell a proposé, de son côté, de doubler, dès à présent, le soutien financier qu’apporte l’Union européenne aux forces armées ukrainiennes alors que la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen,  a tenu, enfin, à préciser sur « Twitter », qu’au-delà des mesures de court terme attendues d’ici la fin du mois face à la flambée des prix de l’énergie, elle prévoit de soumettre, à la mi-mai, un plan visant à permettre à l’UE de ne plus avoir recours au gaz et au pétrole russes d’ici 2027.

Telles sont, globalement, les principales décisions retenues par les dirigeants de l’UE  lors du sommet qui a eu lieu à Versailles après l’invasion de l’Ukraine par la Russie mais celles-ci sont-elles suffisantes pour contraindre Vladimir Poutine à se plier aux injonctions européennes et à ordonner à ses soldats de retourner à leurs casernes alors qu’en ayant pris des sanctions sans précédents pour mettre l’économie russe à genoux  et infléchir le cours de la guerre en Ukraine, l’Union européenne se trouve, elle-même, dans l’obligation de verser quotidiennement, au gouvernement russe, près de 640 millions d’euros pour assurer l’approvisionnement en gaz de ses pays-membres ?

Rien ne l’indique pour l’heure au vu de la contradiction dans laquelle est plongée l’Union européenne et de l’opiniâtreté affichée par le maître du Kremlin mais attendons pour voir…

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