Hommage posthume au poète et militant engagé,  Hocine Kamari

Mohamed Nait Youssef

Ce fut un temps fort, un moment solennel et mémorable en hommage à un intellectuel engagé et poète singulier. En effet, à la salle mythique Ali Yaata, au siège national du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) à Rabat, une cérémonie commémorative en hommage à Hocine Kamari a eu lieu, vendredi 11 mars 2022, à l’occasion du 40ème jour de son décès.  Organisé par le secteur de la culture, des arts et de la communication relevant du comité central du PPS, cet hommage a été marqué par la présence des membres du bureau politique du parti, la famille du défunt, ainsi que des figures importantes des mondes de la politique, de culture et de la création nationale. A cette occasion, les intervenants ont évoqué, tour à tour, les qualités humaines et créatives et l’apport colossal du regretté. Le bal de la commémoration, dont la modération a été assurée par M’hamed Sallou, membre du comité central du PPS, a été ouvert par la projection d’un film retraçant le parcourir assez riche que diversifié du poète et écrivain, décédé le mercredi 19 janvier.

Un intellectuel organique et poète engagé

Dans son mot au nom du bureau politique du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah, Secrétaire Général du parti, a rendu un vibrant hommage à Hocine Kamari ; militant, poète, dramaturge et intellectuel aux multiples facettes. Son départ, a-t-il souligné, est une immense perte pour la culture nationale.

«Nous avons tous perdu une véritable pyramide et une figure emblématique de la culture de la création nationale. Nous avons perdu un créateur singulier et un militant fidèle aux causes et préoccupations de son peuple et de sa patrie.», a-t-il affirmé. Selon lui, le regretté était un acteur culturel important et un intellectuel organique. «Le défunt était une figure nationale et un militant engagé sur tous les niveaux du militantisme ; politique, culturel, associatif. Il était créateur et grand poète. Ces recueils de poèmes et publications en témoignent ainsi que sa présence permanente sur la scène poétique locale, régionale, nationale, ainsi que dans certaines capitales arabes.», a-t-il fait savoir.

Pour le SG du PPS, le regretté est un grand nom de la poésie marocaine moderne. «Il est certes, un grand poète, mais aussi et surtout un poète engagé ayant défendu les causes de son peuple et de sa patrie. Il est aussi critique, chercheur dans la culture populaire et militant pour la culture, tout en influençant son environnement à la fois national et local, parce qu’il considérait la poésie comme moyen d’expression.», a-t-il indiqué. Hocine Kamari, poursuit-il, a joué un rôle primordial dans la création d’une dynamique culturelle forte dans sa ville natale, Nador.

Par ailleurs, le regretté a excellé dans le théâtre. La preuve ? Son répertoire riche, ses pièces et ateliers organisés pour les  jeunes de sa ville depuis le milieu des années 60 du siècle dernier. «Il était l’un des créateurs de l’association culturelle «Al Intilaka Taqafiya» et un agitateur ayant dynamisé les différentes sections de l’Union des écrivains du Maroc (UEM) dans la région de l’Oriental et à Nador. Sa demeure était un salon culturel. », a précisé Nabil Benabdallah.

Pour que la mémoire de Kamari perdure…

Toujours au devant de la scène, Hocine Kamari a défendu ses convictions et ses idéaux progressistes dans les domaines de la culture et de la politique. Il était un grand avocat, brillant, compétent et dévoué ayant lutté pour les droits  des détenus politiques et militants du parti pendant des moments cruciaux ayant marqué la ville de Nador. Connu par son éloquence et son engagement sans engagement sans faille, le regretté, qui était un militant politique et dirigeant aux côtés de ses camarades au PPS, a marqué toute une génération dans les différents domaines. «Il était chroniqueur du  journal Al Bayane, où il publiait ses éclairages et réflexions sur la culture, l’art, la politique. Il était intellectuel brillant, mais aussi un homme modeste et humble. C’est un exemple de l’intellectuel dont  notre société a besoin, notamment  dans un contexte marqué par l’individualisme et le capitalisme. », a affirmé le SG du PPS.

Benabdallah n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage à Fatima El Kadaoui, l’épouse et compagne du défunt, pour ses sacrifices, sa générosité et son hospitalité. Car, sa maison, dit-il, était ouverte pour les militantes et militants du parti. «Espérons que l’une des avenues ou institutions de Nador portent le nom Hocine Kamari pour que sa mémoire et son héritage perdurent. », a-t-il conclut.

Une voix unique de la modernité poétique marocaine

Les hommages étaient un pur moment sincère, solennel et nostalgique. Dans son mot au nom des organismes du parti à Nador, Mohamed Boulayoun s’est remémoré du passé, aux temps des luttes acharnées. Le défunt, a-t-il rappelé, a été connu par son soutien inconditionnel aux camardes lors de ses fameuses plaidoiries dans les tribunaux. Il était derrière la création de nombreuses initiatives culturelle et artistique dont le festival de la chanson engagée, a-t-il évoqué.

De son côté, Abderrahim El Allam, président de l’Union des écrivains du Maroc, a rappelé le combat du défunt pour la promotion de la culture.  «Hocine Kamari a dirigé avec brillantissime des congrès de l’Union dont celui de Rabat. Il était une personne unique, modeste qui a lutté durant toute sa vie pour la culture, le militantisme et le partage.», a-t-il indiqué.

Emu sur scène, le poète, écrivain et traducteur Driss Meliani a rendu un vibrant hommage à l’âme et l’œuvre du regretté. Ses mots et ses vers poignants ont ponctué cette soirée de grande portée symbolique. L’écrivain et critique, Najib El Aoufi a souligné, quant à lui, que le défunt a laissé son empreinte dans le paysage culturel national. «Il était un homme authentique, modeste et fidèle à ses principes et convictions. Il était aussi l’un des pionniers de la modernité poétique marocaine et du mouvement littéraire à Nador et ailleurs. Il a mêlé entre la modernité littéraire et la politique. », a-t-il révélé.

Pour l’écrivain, Mohamed Akoudad, le défunt était l’ami de tous, un intellectuel qui a voué sa vie pour la culture, la littérature et les arts. «C’est un grand lecteur, un poète talentueux et un dramaturge qui écrivait avec un souffle poétique. Il a entamé sa carrière dans le théâtre dans les débuts des années 60. Cette expérience a débouché sur la création d’une association théâtrale créée en 1964. Il était également l’un des fondateurs de l’association «Al Intilaqa Taqafiya» dans les années 70.», a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, le défunt, explique l’acteur associatif et homme de théâtre, Fakhreddine El Amrani, était un grand dramaturge qui compte à son actif plusieurs  textes et pièces de théâtre. Il a encadré des jeunes et férus des planches dans le carde de l’association « Al Michaal Al Massrahi », a-t-il ajouté.

La culture amazighe n’est pas en reste des luttes de Kamari. Dans ce cadre, le chercheur en patrimoine de la région du Rif, M’hamed Mira, a fait un clin d’œil aux rôles primordiaux des militants du PPS, dont Hocine Kamari en matière de la promotion et de la défense de la cause amazighe dans un contexte historique où cette question était un tabou.

Oiseau de l’Oriental…

Pour sa part, Mourad Kadiri, président du Bayt Achiir, a souligné que le défunt était un homme de valeurs et un créateur fédérateur. Selon lui, Kamari a beaucoup apporté au champ poétique national. Car, ses poèmes, habités par des questions préoccupant l’homme et sa société, sont porteurs de sens, de spiritualité, de profondeur et de lettres de noblesse universelles, a-t-il révélé.

Il faut rappeler que la  cérémonie commémorative a été également marquée par la présence de l’épouse et la famille du défunt ayant présenté un mot à l’occasion.

Et pour clore en beauté cet événement mémorable, une lecture poétique d’un texte majeur de Hocine Kamari a été assurée par Abdessadki Boumedien, membre du comité central du PPS.