Dans l’univers onirique de Asmae El Ouariachi

Mohamed Nait Youssef

«J’ai rêvé l’autre nuit, que mon corps était des mots», écrivait Khatibi, dans la mémoire tatouée. En effet, on a tant oublié et marginalisé le corps; origine des « péchés » pour certains et source de plaisir, de jouissance et d’inspiration pour d’autres. Pourtant, un corps a une mémoire. Il est à la fois un objet pensé et un sujet interrogé. Entre corps hédoniste, nu, voilé, dévoilé, rêvé, libéré, l’artiste maroco-française Asmae El Ouariachi révèle son univers artistique et plastique onirique. Le corps féminin, dans tous ses états et postures, est au cœur de l’œuvre. Il est omniprésent. Ce corps est une incarnation d’un rêve, des rêves  où se sont écrits des histoires, des déboires, des envies et des aspirations. Les œuvres de l’artiste interpellent et questionnent le corps non seulement comme un simple objet, mais aussi son essence, sa présence dans le monde et son rapport avec l’autre.

Ce corps qui était depuis toujours « un champ de bataille » est  ici un  tissu de signes qui invitent à ressaisir ses sens et remettre en question les notions de la beauté, de la  sensualité et de l’esthétique par le biais du geste pictural. La palette de l’artiste est assez riche par ses couleurs à la fois vives, chaudes et froides. Chaque étoile reflète un état d’âme, une inspiration et un état d’esprit. Peindre est ici un geste révélateur.   

 «Rêves de femmes» est en effet le thème de cette exposition individuelle reflétant le parcours multiple et créatif de l’artiste peintre décliné en trois étapes importantes. Ce périple artistique commence d’abord  par  les  femmes au Haïk reflétant cette authenticité et originalité marocaine, puis les installations baptisées «silhouettes» où l’artiste use la peau des vaches comme support pour évoquer le passé et explorer de nouveaux horizons de création plus vastes. Tout demeure dans la peau ; les maux, les bonheurs, le passé et l’avenir d’un corps, d’une mémoire, d’un humain. La troisième étape de l’exposition est un clin d’œil, voire un regard tendre et coloré sur le corps de la femme libre assumant son corps, sa sensualité et sa beauté.

Asmae El Ouariachi, artiste plasticienne et professeur d’arts plastiques, a ouvert ses yeux  au cœur des montagnes du Rif, à Bni Sidal, au Maroc. Sous d’autres cieux, à Nancy en France, où elle réside depuis 2008, a entamé de nouvelles expériences professionnelles. Elle a en outre exposé dans plusieurs pays tels que la France, la Belgique, les Pays -Bas, le Luxembourg, l’Allemagne…

Ses toiles sont visibles sur les murs de l’Espace Rivages jusqu’au 11 avril 2022, au siège de la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Etranger.

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