Bachir Kamari : le guerrier et les plumes !

Mohamed Nait Youssef

Certains passages dans le monde d’ici-bas laissent des traces profondes dans les mémoires des vivants. Ce sont, en effet, ces œuvres marquantes et exceptionnelles qui perdurent dans le temps et battent l’oubli et l’amnésie. Tel était le parcours si distingué de l’écrivain, critique littéraire, nouvelliste, professeur universitaire et membre de l’Union des écrivains du Maroc (UEM), Bachir Kamari, décédé le 24 juin 2021 des suites d’une longue maladie. Il avait 70 ans. L’écrivain était dynamique et producteur jusqu’aux derniers jours de sa vie. Ses contributions et productions partagées entre la littérature, le théâtre, le cinéma, et la critique ont incontestablement enrichi les champs de la recherche et de la culture marocaine, et ce en apportant une touche critique moderne et ouverture sur les nouveaux courants, notamment occidentaux.

Le 10 janvier 1951, Bachir Kamari a ouvert les yeux à Nador. En 1968, il décroche un baccalauréat en littérature arabe, puis une licence en littérature arabe en 1975. Il a eu un diplôme d’études universitaires supérieures en 1982  et puis un doctorat en 1987.

Alors, il fallait attendre l’année de 1972 pour que les mordus et passionnés de l’écriture puissent découvrir cette plume juste et réaliste ayant apporté sa pierre à l’édifice de la culture nationale. Ainsi, sur les colonnes des journaux Al Alam, Al Moharir,  Al Bayane, Anoual, Al Ittihad al ichtiraki, Al-Quds, ainsi que les revues «Foussoul», Afâq, «Aqlam», «Attakafa Al Jadida» et d’autres titres, Kamri a publié ses premiers textes et ses réflexions d’écrivain et de critique.  C’est en 1976 que l’auteur avait intégré l’Union des écrivains du Maroc où il était membre du bureau central de cette institution culturelle durant plusieurs  années ; notamment  de  1996 è 1998, 1998 à 2001 et 2001 à  2004.

Une plume lucide et réaliste…

Ses écrits sont partagés entre la littérature, la traduction, la critique, le théâtre et le cinéma. « La poétique du texte romanesque », un ouvrage de 234 pages, grand format, est l’une des références majeures de l’écrivain où il a fait un travail minutieux et considérable autours de la langue, de l’écriture romanesque, du temps ontologique dans le roman arabe contemporain, de la narration et d’autres thématiques littéraires. 

Parmi ses publications éditées chez différentes maisons d’édition au Maroc, en Égypte, en  Tunisie, au Liban, en Irak , on peut citer, entre autres, «le secret du clown», «le guerrier et les armes» (recueil de nouvelles), «dans l’analyse dramaturgique du texte», «la poétique du texte romanesque», «réalisations : études dans la création arabe contemporaine». Sans oublier les traductions qui ont enrichi son projet culturel de critique et de l’écrivain.

Une plume lucide et profonde, Kamari a écrit des romans et des nouvelles sur la politique non seulement, mais aussi la littérature ; rien que pour défendre l’écriture vénérant les valeurs humaines : celles de la beauté, de la créativité et de la liberté. Sa carrière d’écrivain  et de critique littéraire et culturel a commencé depuis les années 80 pour tracer un cheminement dans un champ miné par des questions chaudes, compliquées et complexes de l’époque. Il a fait de la critique et de l’écriture un atout pour aborder les problématiques  et l’esprit de son temps, de sa génération et de sa société pleine de transformations et de changements.

De la traduction en passant par les planches…

Très jeune, il a traduit «la poétique de Todorov» qu’il avait publié par la suite  dans le magazine «le temps marocain». D’autres traductions viendront après, notamment celles  des autres textes  traduits de Genette et Bakhtin qui ont été publiés dans les différents journaux culturels. Militant de gauche, Bachir Kamari est aussi un grand amoureux du théâtre au quel il a consacré des lectures et des critiques. Auteur de plusieurs pièces, le dramaturge a consacré une partie de ses études aux travaux du maître du monodrame, Abdelhak Zerouali. On doit également à cette voix littéraire singulière, ce souffle critique moderne puisé dans les grandes références de la littéraire et de la critique des lumières qui ont influencé ses recherches et ses analyses.

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