L’Oiseau de l’oriental !

Hommage à feu Hocine Kamari

Mohamed Nait Youssef

Hocine Kamari est écrivain, poète, dramaturge et intellectuel aux multiples facettes. Il fut un grand avocat, un militant dévoué du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) et un créateur fédérateur ayant voué sa vie au service de la culture, de l’art et du militantisme. Qui dit Nador, dit Kamari. En effet, le poète est l’un des pionniers de la modernité poétique marocaine et du mouvement littéraire dans la région de l’Oriental et même ailleurs.

Par ailleurs, ce militant de la première heure, connu d’ailleurs par son éloquence et son engagement sans faille pour les valeurs humaines, a marqué toute une génération dans les différents domaines; artistique, culturel, associatif et politique. Cette plume juste et novatrice, mêlant entre la modernité littéraire et la politique, a beaucoup apporté au champ poétique et théâtral national.

Ainsi, ses écrits poétiques, porteurs de sens, de signification, de profondeur et de lettres de noblesse universelles, sont habités par les grandes questions préoccupant l’homme des temps modernes. Sculpteur de mots, ses recueils de poésies dont  «le livre des nuits», «Alf B», «Hadeel Arouh», «Sanabel Al-Zaman», «La Moisson de la Vie», ont paru sous sa magnifique et prolifique plume. Né en 1944 à Nador, Hocine Kamari est  titulaire d’une licence en sciences juridiques en 1976, a exercé en tant qu’avocat depuis 1978.

C’est en 1976 que le poète a rejoint les rangs de l’Union des Ecrivains du Maroc (UEM). A Nador, sa demeure était un salon culturel ouvert aux intellectuels, artistes et militants pour échanger autour de la culture,  de la création et de la politique.

Poète et intellectuel engagé…

Un grand nom de la poésie marocaine moderne. Une véritable pyramide et une figure emblématique de la culture et de la création nationale. Kamari fut également un agitateur culturel important et un intellectuel organique. Il a contribué à l’effervescence de l’action et la dynamique culturelle dans sa ville natale. Ses différentes publications et recueils de poèmes, ainsi que sa présence marquante et permanente sur la scène poétique locale, régionale, nationale, en témoignent.

Grand poète, mais aussi et surtout un poète engagé ayant défendu les causes de son peuple et de sa patrie, Hocine Kamari est également critique, chercheur dans la culture populaire et militant pour les droits culturels et citoyens. C’est par le biais de la parole poétique que le créateur a exprimé ses préoccupations, et a influencé son environnement et la génération de temps. Toujours au devant de la scène, Kamari a défendu ses convictions et ses idéaux progressistes dans les domaines de la culture et de la politique. Sur les colonnes du journal Al Bayane, le chroniqueur a publié ses éclairages, réflexions et vision sur la culture, l’art, la politique. Intellectuel brillant, Hocine Kamari a dirigé avec brillantissime des congrès de l’UEM, tout en  dynamisant ses différentes sections dans la région de l’Oriental et à Nador.

Une passion pour le père des arts…

Hocine Kamari a laissé son empreinte dans la scène théâtrale en signant des pièces telles que «retour de l’exil de Mohammed V», « L’Arche de Noé», «les rebelles» et d’autres textes ayant enrichi le répertoire du père des arts marocain et arabe. Grand lecteur et dramaturge talentueux, il écrivait ses textes avec un souffle poétique et une profondeur humaine et esthétique. Il a entamé en effet sa carrière dans le théâtre dans les débuts des années 60 du siècle dernier. Cette expérience a débouché sur la création de l’association théâtrale «Al Michaal Al Massrahi» ayant joué un rôle important dans l’encadrement des artistes en herbe et jeunes passionnés des planches. Il fut également l’un des membres fondateurs de l’association «Al Intilaqa Taqafiya» dans les années 70.

Présent sur tous les fronts, Kamari a défendu la culture amazighe dans sa diversité, sa spécificité et sa richesse. Aux côtés des militants et dirigeants du PPS, il a lutté pendant des décennies pour la promotion et la défense de la cause amazighe dans un contexte historique où cette question était un tabou et personne n’osait en parler. Houcine Kamari a tiré sa révérence, mercredi 19 janvier, après une lutte contre la maladie.

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