Chantre de la modernité de l’écriture romanesque

El Miloudi Chaghmoum 

Mohamed Nait  Youssef

El Miloudi Chaghmoum est une voix importante de la littérature marocaine et arabe moderne. Son apport considérable dans les domaines de la philosophie, de la pensée et de l’écriture contemporaine, en est la preuve. D’un simple instituteur, puis professeur universitaire, Chaghmoum a imposé sa signature parmi les grandes plumes de son temps.  De Ben Ahmed, en passant par les villes de Settat, Casablanca, Meknès, l’écrivain, scénariste, nouvelliste, traducteur et membre de l’Union des écrivains du Maroc (UEM) depuis le début des années 70, El Miloudi a formé des générations de chercheurs, de cadres, de responsables…et a influencé de jeunes plumes montantes. Il est toujours inutile de le présenter en deux mots. Inlassable. El Miloudi est aussi un chercheur infatigable ayant enrichi le paysage culturel et littéraire national en publiant de nombreux ouvrages dans presque toutes les disciplines confondues, à savoir la philosophie, les sciences humaines, la pédagogie, la littérature, la traduction et la recherche académique. Il a commencé sa carrière d’écrivain en s’aventurant dans l’écriture de la nouvelle avant de se lancer dans le roman, où il a brillé de mille feux.

Une œuvre romanesque immense

Une plume prolifique. El Miloudi Chaghmoum a signé plusieurs œuvres romanesques, entre autres, « Femmes Al Randi » (Prix du Maroc du livre en 2000), « La femme et l’enfant l »,  « Passages des oliviers », « Al anaqa » (2001), « L’idiot, l’oubliée et Yasmin », « L’œil de la jument », « La côte et l’île ».

L’expérience romanesque constitue une exception dans le roman marocain contemporain en particulier et dans le paysage littéraire arabe, en général. Son univers est marqué par son étrangeté, son abstraction et son esthétique à la fois fine et bien imaginée mêlant entre la réalité et l’imaginaire.

On y trouve, certes, cette contemporanéité, voire ce souffle novateur dominant les textes d’El Miloudi Chaghmoum. Cette nouvelle forme d’écriture est une espèce de rupture contre les anciens codes et méthodes d’écriture classique. En revanche, l’âme des romans de l’écrivain est puisée dans l’identité culturelle marocaine regroupant toutes les composantes à la fois arabe, amazighe, africaine, méditerranéenne, andalouse…

Toujours au devant de la scène littéraire et culturelle nationales et arabes, l’écrivain a confirmé sa présence et sa vision parmi les grandes signatures en la matière au Maroc et même ailleurs. Connu par sa modestie, sa discrétion, son engagement, son altruisme, El Miloudi Chaghmoum est titulaire d’un doctorat d’Etat ès-lettres et d’un diplôme d’études supérieures en philosophie des sciences. Il a assuré la traduction du français vers l’arabe de l’ouvrage «La valeur de la science» du mathématicien, physicien et philosophe français, Henri Poincaré. Dans le recueil de nouvelles, «Des choses qui bougent», le talent de Chaghmoum, le  conteur, s’est épanoui en langue arabe.

Un romancier complexe, mais novateur…

Né en 1947 à Ben Ahmed, El Miloudi Chaghmoum est un romancier complexe dont l’écriture est puisée dans les terres profondes de l’histoire des sciences, du  mysticisme, de la littérature, du soufisme et de l’imaginaire. Une écriture pensante, son style porte sa marque, où la narration est consciente d’elle-même. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ses romans sont parfois difficiles pour certains lecteurs. Car, dans ses romans, l’écrivain s’adresse à un lecteur averti et intelligent qui interagit et dialogue avec ses textes, mais aussi ses personnages soigneusement choisis, décrits et recherchés. Par ailleurs, son œuvre littéraire est connue également par son ouverture sur les nouvelles techniques et sensibilités en matière de la narration et de l’écriture modernes.

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