Jose Ramos-Horta élu président du Timor oriental

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Le Timor oriental, qui est une ancienne colonie portugaise de 1,3 million d’habitants située sur la moitié Est de l’île de Timor, dans l’archipel indonésien, mais aussi le plus jeune pays d’Asie du Sud-est puisqu’après avoir été annexé par Jakarta, en 1975, il n’a obtenu son indépendance qu’en 2002 après 24 années d’occupation indonésienne, a vécu ces dernières semaines à l’heure des élections présidentielles.

A l’issue du premier tour du scrutin qui s’était tenu en mars dernier, l’ancien prix Nobel de la Paix José Ramos-Horta, 72 ans – qui avait déjà présidé aux destinées du Timor oriental de 2007 à 2012 – n’avait pu obtenir que 46, 5% des suffrages alors que son rival, le présidant sortant Fransisco Guterres, n’avait pu recueillir que 22,1% des voix.

Aucun candidat n’ayant pu dépasser le seuil de 50% des voix, ceux-ci avaient donc été appelés à s’affronter lors d’un deuxième tour qui s’était tenu mardi dernier et au terme duquel Jose Ramos-Horta a obtenu 62,09% des suffrages exprimés alors que le président sortant Francisco Guterres, ancien guérillero et dirigeant du Front Révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant (FRETILIN), n’a pu recueillir que 37,91% des voix. 

Or, bien que la fonction présidentielle au Timor oriental soit surtout honorifique, le nouveau président élu a promis de résoudre la crise politique qui paralyse le Timor oriental depuis plusieurs années du fait notamment de l’affrontement auquel se livrent les deux principales formations politiques du pays qui sont le Congrès National pour la Reconstruction du Timor-Leste (CNRT) et le Front Révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant (FRETILIN).

En outre, même si la vie politique au Timor oriental a toujours été émaillée de violences puisque les heurts qui avaient eu lieu, dans la capitale, en 2006 à l’occasion des présidentielles s’était soldés par des dizaines de morts et que pendant les élections législatives de 2018 des dizaines de personnes avaient été blessées, la mission d’observation de l’Union européenne a estimé que, cette fois-ci, les élections présidentielles se sont déroulées de façon satisfaisante, qu’elles « ont été compétitives » mais, surtout, que « la campagne a été largement pacifique ».

Ainsi, en sortant de sa retraite pour s’opposer à Francisco Guterres qu’il accuse d’avoir violé la Constitution, Jose Ramos-Horta qui s’était vu attribuer le Prix Nobel de la Paix  en 1996 pour sa quête d’une solution pacifique au conflit du Timor oriental et qui avait assuré la fonction de Premier ministre avant d’effectuer son premier mandat présidentiel (2007/2012) signe, par cette victoire, son retour aux affaires de l’Etat.

Et s’il est sûr, par ailleurs, que le nouveau président-élu pour qui « la Chine n’est pas une menace mais une opportunité » va être officiellement investi le 20 mai prochain – soit le jour-même de la célébration du 20ème anniversaire de l’indépendance du pays – sa victoire pourrait, à en croire de nombreux observateurs, permettre à la Chine d’avancer un peu plus ses pions dans la région en devenant le financier principal, voire même unique, d’un projet permettant l’exploitation de quelques 141 milliards de mètres cubes de gaz naturel et l’extraction de 226 millions de barils de pétrole.

Mais en considérant, enfin, qu’avec un PIB de 3 milliards de dollars, le Timor oriental risquerait, dans ce cas, de se retrouver fort dépendant de Pékin et que cela gênerait considérablement l’Australie avec laquelle il entretient depuis longtemps une relation plutôt ambivalente, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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