Du Samae et de la musique andalouse en vedette

Clôture du 26ème Festival des Musiques sacrées de Fès

A l’issue de quatre jours de concerts célébrant « l’Architecture et le sacré », le 26ème festival des Musiques sacrées du Monde s’est clôturé en beauté, dimanche soir, avec une soirée dédiée à l’art du Samae et à la musique andalouse.

Lors de cette soirée, les frères de l’Ensemble Al Zawiya d’Oman ont gratifient le public de la célèbre place Bab Makina de chants véhiculant des messages d’amour et de paix et soigneusement sélectionnés, embarquant les mélomanes et les amoureux de cet art soufi dans une expérience spirituelle et auditive unique.

Depuis sa création en 2015, l’ensemble Al Zawya qui se distingue par son ouverture sur la diversité de l’humain, oeuvre à faire connaitre une partie de l’expérience spirituelle omanaise qui est en harmonie avec l’expérience mondiale en la matière, en ce sens qu’elle glorifie l’humain et fait ressortir sa dimension spirituelle infinie », a indiqué à la chaine d’information en continu M24, Mohammed Moussa El Ballouchi, membre du groupe.

L’ensemble omanais a passé, par la suite, le relais de l’ascension céleste à l’Orchestre de Fès et aux Chantres de Meknès, sous la direction de Mohamed Briouel. Les Musiciens et « monchidines » (vocalistes du sacré) ont tracé, dans le cadre de ce concert, « une voie escarpée et lumineuse entre transitions modulantes et contrastes rythmiques » au grand bonheur de l’assistance.

Ils ont puisé dans cette musique andalouse marocaine qui est un répertoire traditionnel d’art, vestige vivant de la brillante civilisation andalouse. Le canevas initial de cette musique est issu d’une symbiose culturelle au sein de l’Espagne musulmane.

Au fil des siècles, le Maroc a intégré et enrichi sa musique andalouse grâce à des générations de maîtres musiciens et poètes qui ont assuré la permanence et la transmission orale d’un corpus monumental.

Servant aussi bien le sacré que le profane, c’est une même configuration modale et rythmique qui permet de réunir musiciens et vocalistes du sacré afin de produire un spectacle varié qui intègre les deux registres « Al Ala » et le « Samae ».

Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, la 26 ème édition du Festival de Fès des Musiques sacrées du Monde a offert, du 9 au 12 juin courant, une programmation riche mettant à l’honneur une brochette exceptionnelle d’artistes et de formations dans des sites uniques et rares qui célèbrent le patrimoine de la capitale spirituelle.

Le programme de cette édition, axée autour de la thématique « L’architecture et le sacré », a connu la présence de troupes artistiques en provenance de plus de 15 pays, dont le Sultanat d’Oman, le Kazakhstan, l’Inde, la France, l’Italie ou encore le Sénégal.

« Les modes de vie en relation avec le sacré dans l’architecture »

Des experts et des chercheurs ont débattu, samedi à Fès, de la relation entre les espaces et les modes de vie et le sacré dans l’architecture et ce, dans le cadre des activités du festival de Fès des musiques sacrées du monde.

Réunis dans le cadre du Forum du festival qui se tient sous le signe « L’architecture et le sacré », ces experts et chercheurs se sont penchés sur l’analyse de cette relation entre les espaces et le patrimoine bâti et les modes de vie au Maroc en général, et Fès, en particulier.

La rencontre qui s’est articulée autour des axes « Les espaces et les modes de vie en relation avec le sacré dans l’architecture » et « les symboles du sacré dans l’architecture » a été l’occasion de présenter des expériences comparées de certains pays dont l’Espagne, l’Italie, la France et Oman.

Présentant le forum, les organisateurs ont avancé que « les civilisations et les cultures qui les portent, expriment, donnent sens, vivent et inventent des mythes et des symboles liés aux différentes formes et expressions de leurs sacralités par et à travers des créations architecturales ».

Les lieux de cultes (grottes, cavernes, temples, synagogues, églises, chapelles et mosquées) sont des constructions ou des aménagements faits pour des cultes et en fonction d’eux, en hommage aux référentiels de la sacralité concernée, ou en hommage à des religions et divinités, ont-t-ils expliqué.

Il est à noter que la médina de Fès est une des illustrations parfaites de cette imbrication entre les lieux de culte, les mausolées, les cimetières et autres lieux de magie et de quête d’intercession entre les humains et les forces surnaturelles (…) Il y a les magnifiques appels à la prière qui offrent cette pyramide vocale « chants religieux acappella » qui montent des différentes mosquées de la médina en sons harmonieux, mystérieux, mystiques et apaisants.

Il y a aussi toutes les medersas, toutes les calligraphies et décorations qui citent, rappellent ou suggèrent des références de l’islam. Ces lieux et ces ornements ne sont pas en marge de la vie des gens ; ils sont dans le quotidien des populations, ils tracent leurs itinéraires et norment les lieux et les espaces qui déterminent et rythment leurs quotidiens.

Cette sacralité, qui transcende bien le contexte de la pratique cultuelle, de ses calendriers et de ses codes, est la matrice du mode de vie des habitants. Cette connivence qui gravite autour du religieux donne des dimensions spirituelles fortes aux relations entre la société et son architecture. La sacralité appliquée à l’architecture et au patrimoine peut aboutir à occulter sa nature sociale et culturelle pour lui donner des colorations universelles et perpétuelles divines.

Des concerts qui chantent les racines communes des cultures méditerranéennes        

Le 26ème festival des Musiques Sacrées de Fès s’est clôturé en beauté, sur les racines communes et les liens qu’entretiennent les cultures méditerranéennes depuis la nuit des temps.

C’est ainsi que la scène du célèbre jardin Jnan Sbil a accueilli, en cette quatrième et dernière journée du festival, les musiciens et chanteurs de l’Ensemble La Tempête, sous la direction du chef Simon-Pierre Bestion, qui ont chanté « les liens que tissent les cultures méditerranéennes depuis des siècles et qui s’expriment comme à travers une grande célébration dédiée à des racines communes, et à la manière dont les rituels sacrés et populaires se jouent toujours des frontières et des identités ».

Les trois grandes religions monothéistes en sont la preuve éclatante et elles se sont décliné à l’occasion de ce concert « De Fès à Jérusalem ». Ce groupe a emporté les mélomanes et les habitués du festival des musiques sacrées dans « un long voyage temporel et géographique, puisant ses origines dans les racines multiples et complexes des sociétés méditerranéennes millénaires.

Chez « l’Ensemble de la Tempête », chaque chant constitue « un parcours musical libre se jouant des siècles et des lieux traversés et qui tente d’offrir une perception magnifiée de nos différences, quand tous ces rites se font écho les uns aux autres », selon les organisateurs.

Douze langues se côtoient et se répondent alternativement. Elles sont le reflet de la richesse de ce carrefour, aux confins de la Méditerranée. Autant de couleurs dans ces langues que dans la palette instrumentale et vocale proposée

Quant à Dar Adiyel, ce haut lieu chargé d’histoire, il a vibré au rythme d’une des plus belles architectures musicales dues au sacré et à la tradition, celle des polyphonies proposées par les confréries de Sardaigne. Cette architecture proposée dans le cadre de ce festival par le groupe Tenore Goine di Nuoro, occupe une place particulière qui fascine, s’étudie mais demeure un mystère.

On peut écouter ces voix masculines de Francesco Pintori, Antonello Mura, Antonio Testoni, Stefano Merella, qui résonnent haut, âpres, rugueuses et voluptueuses à la fois, mais on ne comprend pas comment, selon l’architecture des lieux, il arrive qu’une voix d’ange ou d’enfant semble chanter avec eux.

Le groupe Tenore Gòine fondé par Gavino Murgia est né à Nuoro (Italie) en 1994. Le nom de la formation provient d’un toponyme nuragique (c’est-à-dire avant que les habitants des îles n’adoptent le latin) qui indique la zone du premier établissement probable de la ville de Nuoro, sur les pentes du mont Orthobene.

Cette formation s’est produite dans d’innombrables festivals sardes et a donné des concerts dans toutes les régions d’Europe (Autriche, Allemagne, France, Belgique, Finlande, Danemark, Italie …..), apportant les sons de cette ancienne chanson de Barbagia dans les salles de concert et dans les théâtres.

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