« L’accès aux maisons des jeunes requiert des préalables »

Entretien avec Gaad Jamal, directeur de la maison des jeunes Al Azhar-commune Oulfa-Casablanca

Romuald Djabioh

Les maisons des jeunes. Ces endroits socioculturels qui suscitent engouement et dynamisme de la part de plusieurs entités: des associations, clubs internes ou groupes socioculturels. Comment ces structures étatiques fonctionnent-elles ? Quelles sont les procédures à suivre pour y avoir accès ? Pour répondre à ces interrogations parmi tant d’autres ; la rédaction Al Bayane est allée à la rencontre de Gaad Jamal. Dans cet entretien, il se livre sans détour.

Al Bayane : Vous êtes le directeur de la maison des jeunes Al Azhar, sise dans la commune Oulfa-Casablanca. Depuis combien d’années occupez-vous cette fonction ? Quel rôle jouez-vous au sein de cette institution?

 Gaad Jamal: Comme souligné dans votre interrogation, je suis le directeur de cette structure publique depuis 2015. Cela fait pratiquement 7 ans que j’y suis. Nous nous occupons de la jeunesse, de l’enfance et des activités socioculturelles, éducatives et récréatives.

 Qu’est-ce qui justifie votre choix ?

Normalement, je suis lauréat de l’école nationale d’administration(ENA). Avant, elle s’appelait école nationale d’administration publique (ENAP)…J’ai signé un engagement de 8 ans avec l’Etat marocain. Pour terminer le cycle normal avec l’école d’administration, nous sommes obligés de servir l’Etat, et ce, peu importe le département. Il y a beaucoup de personnes qui ont fait la même formation que moi en relations internationales. Certains confrères sont actuellement ambassadeurs du Maroc auprès de certains pays à travers le monde : Mexique, Brésil et l’Australie. Ce sont des lauréats de ma promotion !

Pour revenir a votre question, je devais certainement être diplomate. Cependant, le destin en a décidé autrement. J’ai travaillé auparavant au ministère de la Jeunesse et des Sports au niveau central. Après, j’ai été responsable du Complexe Sportif Mohamed V de Casablanca en tant que chef de service de la programmation et de la promotion. Lorsque j’ai intégré la délégation préfectorale, j’ai été affecté comme directeur de la maison des jeunes Al Azhar pour des raisons de proximité.

Juridiquement, comment fonctionnez-vous?

Nous sommes encadrés par des textes qui régissent notre mode de fonctionnement. Auparavant, nous avions la dénomination du ministère de la Jeunesse et des Sports. Maintenant, le sport ne fait plus partie de notre département. C’est une autre dénomination : ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication.

Je relève du département jeunesse. Et qui dit jeunesse, dit la maison des jeunes.  Donc, en tant que directeur, je suis conditionné ou encadré par un certain nombre de textes législatifs et réglementaires. Le premier texte juridique est le statut général qui régit l’ensemble des maisons des jeunes à travers le Maroc. Pour être on ne peut plus clair, afin de mettre en application les diverses dispositions, nous aurons toujours besoin de recourir à nos règlements intérieurs. Sans oublier les autres dispositions juridiques insérées dans les textes réglementaires de notre département de jeunesse : notes de service, les circulaires, les décisions ministérielles etc.

 C’est dans ce cadre que nous sommes astreints à mettre en place des activités socioéducatives et socioculturelles. Des initiatives adressées à toutes les entités qui relèvent du département jeunesse : à l’enfance, aux jeunes, à nos adhérents. A ce propos, nous exigeons qu’à partir de 6 ans, les enfants puissent en bénéficier desdites activités. De ce fait, ils doivent être affiliés à une association qui est adhérente à notre structure et avoir une carte d’adhésion. Sans cette carte, personne ne peut normalement en bénéficier. C’est ce qui concerne la condition d’âge.

Nous sommes par ailleurs appelés à travailler de concert avec les associations agréées: reconnues ou tout simplement déclarées. Elles peuvent avoir un récépissé, un dossier juridique, administratif en bonne et due forme et déposer les demandes d’adhésion auprès de l’administration. Une fois celles-ci acceptées, elles sont appelées à s’activer tout au long de l’année socioculturelle et éducative en cours. Si elles arrêtent leurs activités durant trois mois successifs sans aucun motif valable ou légal ; la direction peut leur interdire l’accès à la maison des jeunes.

Chaque association adhérente est appelée en début d’année éducative, à déposer les demandes pour la reprise des activités auprès de notre direction. Dans cette optique, un document incluant la programmation mensuelle, hebdomadaire ou annuelle à réaliser doit être soumis. Pour ce qui concerne le programme mensuel, il doit être confirmé avant chaque 25 du mois. Pour l’hebdomadaire, chaque début de semaine. S’agissant du programme annuel, il doit être déposé dans la deuxième semaine du mois d’octobre de chaque année. En fonction de l’intensité de la programmation, on peut soit être exigeant ou plutôt faire des concessions avec nos différents partenaires.

Quelles sont les procédures à suivre pour organiser un événement ?

L’accès aux maisons des jeunes requiert des préalables. Pour les associations qui y sont inscrites, normalement, elles doivent suivre les procédures en vigueur. C’est-à-dire, déposer les demandes 10 jours avant la date fixée. Ce qui nous permet de procéder aux vérifications des différents calendriers programmés afin de voir s’il y a une disponibilité pour l’organisation d’un évènement.

Il faut également ajouter que si c’est une activité ouverte au grand public ; celle-ci doit au préalable avoir l’aval de l’administration de la jeunesse. En plus, les organisateurs doivent adresser un avis de dépôt « lettre d’informations » auprès des autorités locales concernées de telle sorte que des mesures soient prises pour assurer la sécurité de l’évènement au moment venu. On pourra par exemple envoyer les forces de l’ordre en ce sens.

Quels sont les problèmes auxquels vous faites face au cours de votre exercice?

Nous faisons le plus souvent face à plusieurs problèmes en effet. En l’occurrence, celui en relation avec le capital humain. Le manque du personnel fait que la duplicité des tâches se fasse valoir. Du coup, l’on peut se retrouver à accomplir plusieurs fonctions à la fois. Dans le passé, l’effectif au sein des maisons des jeunes était important. Il n y avait pas ce problème. De nos jours, nombre de fonctionnaires sont allés à la retraite sans être remplacés. Mais notre département est en train d’y remédier à cette situation en recrutant des cadres qualifiés et des agents spécialisés. Sans oublier le rôle prépondérant et incontournable que joue le directeur préfectoral de la jeunesse Aïn Chock-Hay Hassani-Nouaceur, Hicham Zelouach, dans l’encadrement, l’orientation et le suivi des initiatives concernant la politique nationale pour l’enfance, la jeunesse et la femme.

Comment ces entités participent-elles à donner une valeur ajoutée aux maisons des jeunes ?

Ces dernières jouent un rôle prépondérant, dans la mesure où elles participent au dynamisme des maisons des jeunes. Elles donnent vie à ces institutions. Lesquelles seraient restées telles des « lettres mortes » sans leur apport. A 90%, ce sont nos partenaires incontournables. Outre les clubs internes et bien d’autres, les associations constituent une valeur ajoutée inestimable de par leurs différentes activités : les ateliers de formation, les activités socioculturelles etc.

Avez-vous déjà rencontré des difficultés concernant l’organisation ou la gestion des festivités ? Si oui, comment arrivez-vous à gérer ces péripéties ?

Nous sommes généralement confrontés à des difficultés émanant d’incompréhensions ou plutôt de non-conformité des règles régissant notre institution. Certains présidents d’associations n’ont pas connaissance des lois et textes en vigueur. Dans cette optique, nous sommes obligés de leur expliquer à nouveau notre mode de fonctionnement. Qu’il s’agisse de la disponibilité des salles pour d’éventuelles initiatives, de la participation aux évènements que nous organisons ; il y a des procédures à suivre. Ce qui n’est le plus souvent pas le cas.

Toutefois, nous ne devons pas seulement leur montre du doigt. Il est important que nous puissions davantage converger nos énergies. Il y a un problème de communication qui a été constaté par la plupart de ces associations: subsaharienne et parfois marocaine. Dernièrement, nous avons organisé un évènement en rapport avec les responsables d’associations. L’information a été donnée presqu’en langue locale. J’ai pu ressentir un certain désarroi de leur part. Ceci étant, à la fin de la rencontre, j’ai expliqué le contenu en français aux personnes qui se sont rapprochées de moi. Je pense que nous devons nous améliorer à ce propos.

En guise de conclusion, quel message souhaiteriez-vous adresser à l’endroit de ces entités ?

Comme souligné plus haut, pour toutes les entités morales ou physiques qui souhaiteraient avoir accès aux maisons des jeunes; qu’elles puissent d’abord mieux se renseigner. Il y a des fondamentaux, notamment les aspects administratif et juridique à prendre en considération. Il faudrait également qu’elles pensent à mettre en place un programme bien défini, détaillant, dans son sillage, les objectifs à court, moyen et long terme…

Étiquettes
Top