La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) préoccupée par la rébellion du M23

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Les tensions entre la RDC et le Rwanda ayant redoublé d’intensité, ces dernières semaines,  avec la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23), à prédominance tutsie soutenue par Kigali, accusée d’avoir tué au moins 26 militaires congolais lors d’une attaque en Janvier dernier, les dirigeants des sept pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) – à savoir, le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi, le Rwanda, le Soudan du Sud et la République Démocratique du Congo – se sont réunis, ce lundi 20 Juin, à Naïrobi, au Kenya, pour discuter de la situation sécuritaire dans la région très troublée de l’est de la RDC.    

Pour rappel, après avoir occupé, en 2013 et pendant plusieurs jours, de nombreuses villes du Nord-Kivu, dont le chef-lieu de Goma, le M23 avait été vaincu par l’armée congolaise assistée pare les Casques Bleus de l’ONU.

Reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté un accord sur la réinsertion de ses combattants, leM23 a refait parler de lui à la fin de l’année dernière lorsqu’il fut à l’origine de cette nouvelle crise qui avait éclaté entre le Rwanda et la RDC alors que les relations entre les deux pays étaient très apaisées depuis l’arrivée au pouvoir, à Kinshasa, de Félix Tshisekedi, en Janvier 2019.

Plus récemment, vendredi dernier, c’est un soldat congolais qui a été tué alors que deux policiers et plusieurs civils rwandais ont été blessés lors de l’échange de tirs survenu à Goma dans l’est du pays à un poste-frontière entre la RDC el le Rwanda ; ce qui avait poussé la présidence kényane à déclarer dans un communiqué que les habitants de l’est de la RDC « ont longtemps souffert et continuent de payer un prix très élevé en vies humaines et destructions de biens ».

C’est à ce titre, d’ailleurs, que, dans le cadre du rétablissement de la paix dans la région, le président kényan Uhuru Kenyatta avait appelé, dès la semaine dernière, au déploiement d’une force régionale dans l’est de la RDC.

« Inquiet », par ailleurs, par les dernières tensions qui risqueraient, selon lui, d’entraver le processus de dialogue politique en cours, le chef de l’Etat kényan avait même préconisé que, pour « stabiliser la région », cette « Force régionale de l’Afrique de l’Est » soit « déployée immédiatement dans les provinces d’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu »

C’est dans ce cadre que dimanche, lors d’une réunion visant à finaliser les préparatifs nécessaires au déploiement de cette force régionale, les chefs d’Etat-major régionaux des sept pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ont convenu de présenter leurs conclusions aux chefs d’Etats présents à Naïrobi avant que ceux-ci ne tiennent leur réunion à huis-clos pour en discuter.

Mais le climat s’annonçait tendu car, dès la fin de la semaine dernière, le gouvernement congolais avait refusé que le Rwanda participe à cette force régionale sur son sol au motif que « la sécurité continue à se détériorer dans l’Est, fondamentalement parce que le Rwanda essaie d’occuper (la RDC) riche en or, coltan et cobalt pour son propre profit. C’est une guerre économique pour le contrôle des ressources menée par les gangs terroristes du Rwanda ».

Le président de la RDC ira même plus loin lorsqu’il appellera la communauté internationale et « en particulier les Etats-Unis et le Royaume-Uni » à « condamner cette invasion » et à faire pression sur le président rwandais Paul Kagamé pour qu’il « rappelle ses troupes qui ont envahi l’est du Congo » ; une raison pour laquelle, lors du « Conseil Supérieur de la Défense », qui s’était tenu en milieu de semaine sous la présidence du chef de l’Etat, la RDC avait décidé de suspendre ses accords bilatéraux avec le Rwanda.

Au vu de tout cela est-il encore permis de croire que la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) va parvenir à ramener une paix durable dans la région ?

Difficile à envisager tant les points de vues des uns et des autres semblent éloignés mais attendons pour voir…

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