Nouvelle constitution chilienne: La seconde mort de Pinochet ?

Trois années après l’importante mobilisation sociale dont l’ampleur et la soudaineté avaient surpris le monde entier, le Chili est sur le point de tourner une page importante de son histoire.

En effet, ce lundi 4 Juillet, la présidente et le vice-président de la Convention constitutionnelle ont remis au président Gabriel Boric, dans l’enceinte du Parlement de Santiago, le projet final de la nouvelle Constitution que le jeune chef de l’Etat soutient fermement dès lors qu’à ses yeux, le texte actuellement en vigueur, qui avait été adopté en 1980, sous l’ère du dictateur Pinochet, constituait un «obstacle» à toute réforme sociale de fond.

En prenant possession de cet important document, le chef de l’Etat qui a déclaré qu’«une nouvelle fois, le peuple aura le dernier mot sur son destin», a invité ses concitoyens à «être fiers qu’au moment de la crise la plus profonde (…) que le pays ait connu depuis des décennies, (ils) aient opté pour plus de démocratie».

Il a, alors, signé un décret  convoquant un référendum pour le 4 Septembre prochain par le biais duquel les chiliens vont être appelés à dire s’ils acceptent («Apruebo») ou rejettent («Rechazo ») la nouvelle Constitution si bien qu’en cas de rejet, la Loi fondamentale actuelle, datant de l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), restera en vigueur.

Mais en rappelant que, durant la rédaction du nouveau texte constitutionnel, beaucoup de fausses informations avaient circulé sur les réseaux sociaux, le président chilien a « invité » ses compatriotes « à débattre intensément de la portée du texte mais pas des mensonges, déformations ou interprétations catastrophiques qui sont déconnectées de la réalité ».

Dans la foulée de l’évènement et une année, jour pour jour, après avoir commencé ses travaux le 4 Juillet 2021, l’Assemblée constituante, composée de 154 citoyens indépendants ou affiliés à des partis politiques et qui comptait, également, 17 sièges réservés à des représentants des peuples autochtones chiliens dont les Mapuches, a été dissoute.

Bien que le choix de rédiger une nouvelle Constitution ait été plébiscité à 78% par les Chiliens, en Octobre 2020, lors d’un référendum au vote non obligatoire, il y a lieu de signaler qu’à deux mois du vote portant approbation ou rejet du nouveau texte constitutionnel, plusieurs sondages indiquent que le «Non» (Rechazo), soutenu par la droite, pourrait l’emporter ; des «pronostics» qu’il ne faudrait pas prendre «à la lettre» du moment qu’une bonne partie de la population n’a pas encore d’opinion définitive sur le texte proposé du moment que celui-ci n’a pas encore été diffusé dans sa totalité.

Vu comme étant une sortie de crise politique au soulèvement de 2019 pour plus d’égalité sociale, ce projet constitutionnel consacre, à travers 388 articles, de nouveaux droits sociaux qui répondent aux revendications des manifestants.

En définissant, dans son Article Premier, le Chili comme étant «Etat social et démocratique de droit», «plurinational, interculturel et écologique» doté d’une «démocratie paritaire», le nouveau texte constitutionnel, s’il venait à être adopté, va enterrer,  une bonne fois pour toutes, la dictature d’Augusto Pinochet.

Mais si, en considérant que la campagne sera certainement «très polarisée» et «centrée sur le contenu», Claudio Fuentes, politologue à l’Université Diego Portales, estime que «les partisans du ‘Oui’ devront convaincre que le texte changera vraiment la vie des gens tandis que les adeptes du ‘Non’ vont devoir attirer des secteurs plus modérés derrière eux», rien pour l’heure ne permet d’affirmer, avec certitude que l’on va assister à la seconde mort de Pinochet.

Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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