Une pleine conviction d’une victoire finale certaine

Cuba célèbre sa Journée de la Rébellion Nationale

Par Javier Dómokos Ruiz, ambassadeur de Cuba auprès du Royaume du Maroc

Le 26 juillet commémore un nouvel anniversaire de l’Assaut de la Caserne Moncada, un acte héroïque qui représente une étape décisive dans la longue lutte du peuple cubain pour sa pleine libération.

Face aux cercles dirigeants des États-Unis, qui maintenaient une domination néocoloniale sur l’île depuis 1902, une petite avant-garde révolutionnaire déterminée, dirigée par Fidel Castro Ruz, à une date similaire mais en 1953, a lancé un assaut surprise sur la deuxième forteresse militaire du pays avec pour objectif immédiat, une fois occupée, d’armer les masses et d’initier la grande rébellion du peuple cubain contre la dictature de Fulgencio Batista et le joug imposé par les États-Unis et leurs monopoles exploiteurs à la nation cubaine depuis le début du XXe siècle.

Malgré la bravoure et la dignité dont ils ont fait preuve, les assaillants, plus nombreux et plus armés, ne sont pas parvenus à prendre la forteresse. L’ordre du dictateur était d’éliminer dix révolutionnaires pour chaque soldat du régime tué au combat. Le massacre a été généralisé et la plupart des assaillants ont été assassinés. Les survivants ont été arrêtés après un féroce chasse à l’homme, jugés et condamnés à la prison.

D’un point de vue militaire, cette action armée a été un échec. Mais elle marque le début de l’étape vers la libération définitive du processus révolutionnaire cubain, qui sera confronté à un programme, résultat du plaidoyer d’autodéfense du leader avant le procès qui suivit, le 16 octobre 1953, et qui devint connu sous le titre : La historia me absolverá (l’histoire me pardonnera).

La historia me absolverá est le premier document programmatique de la Révolution cubaine, dont le triomphe répondrait aux exigences de libération économique, politique et sociale après cinquante-sept ans de dépendance néocoloniale, et revendiquerait l’objectif des guerres d’indépendance, contrarié par l’intervention nord-américaine et la complicité des oligarchies nationales. Ce plaidoyer historique reflète les aspirations et les idéaux de plus d’un demi-siècle de lutte de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre et moyenne, du corps étudiant, de l’intelligentsia révolutionnaire et de la petite bourgeoisie urbaine.

La conviction profonde et la foi dans les idées qui animaient le glorieux événement l’emportèrent et Moncada devint le précédent et l’expérience précieuse de deux événements décisifs ultérieurs : l’expédition du Granma et la guérilla dans les montagnes, qui serait la forme fondamentale de l’action révolutionnaire, et qui compterait sur le soutien ferme du mouvement clandestin qui parcourrait tout le pays.

À quelque 140 kilomètres des rives de la plus forte puissance capitaliste de la planète, commençait ainsi un processus visant à couper les racines de la dépendance séculaire à l’égard de Washington, à atteindre la pleine souveraineté nationale et à transformer radicalement les structures socio-économiques du pays.

De tels objectifs, élaborés au cœur même d’une région considérée comme l' »arrière-cour » de l’impérialisme nord-américain, une zone classique de pénétration et d’influence des monopoles américains et de la politique étrangère de la Maison Blanche, auraient une profonde signification historique pour notre continent.

La révolution naissante a été soumise à toutes sortes d’agressions et de menaces, telles que les actions de bandes armées financées par le Gouvernement nord-américain, les plans d’attentat contre Fidel et d’autres dirigeants, l’assassinat de jeunes enseignants, dont beaucoup étaient encore adolescents, le sabotage et le terrorisme dans tout le pays, avec le terrible bilan de 3 478 morts et 2 099 handicapés ; le blocus économique, commercial et financier et d’autres actions politiques et diplomatiques visant à nous isoler ; les campagnes de mensonges pour dénigrer la Révolution et ses dirigeants ; l’invasion mercenaire de Playa Girón en avril 1961 ; la Crise d’Octobre en 1962 lorsque les États-Unis préparaient une invasion militaire de Cuba et une liste interminable d’actes hostiles contre notre patrie.

Depuis 63 ans, le processus révolutionnaire cubain n’a pas eu un instant de répit, les administrations nord-américaines successives s’acharnant à imposer un changement de régime à Cuba par un moyen ou un autre, avec plus ou moins d’agressivité.

Aujourd’hui, la froide insensibilité de l’Administration Biden face aux pénuries auxquelles Cuba a été confrontée ces deux dernières années lui a permis d’identifier dans la pandémie un allié dans la tâche de provoquer le désespoir et l’angoisse du peuple cubain.

Comme si le renforcement brutal et sans précédent des mesures d’asphyxie économique contre notre pays ne suffisait pas, le gouvernement américain mène une campagne de déstabilisation politique et de discrédit contre Cuba en utilisant des mensonges et des légendes qui sont ensuite propagés par leurs plus grands médias d’information (ou médias de désinformation) pour générer une image internationale de Cuba très éloignée de la réalité, montrant un pays socialement instable et en crise politique. Il s’agit d’une tentative de fabriquer un prétexte pour une intervention humanitaire, basée sur des manœuvres qui ont été répétées depuis 2021, mais qui sont vouées à l’échec.

Si l’on se penche sur les événements de la Journée de Rébellion nationale avec la perspective offerte par près de sept décennies depuis qu’un groupe décisif de jeunes a tenté l’assaut de la deuxième forteresse de la nation, on ne peut que les comparer à l’acte héroïque qui, sous la conduite de notre peuple tout entier, se déroule aujourd’hui pour surmonter toutes sortes d’adversités et poursuivre la construction de son propre modèle, qui aspire à la plus grande justice sociale possible, à être souverain et indépendant, et qui est engagé dans la solidarité internationale et la paix.

Il convient de le rappeler à nos ennemis.

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