«Siga» est un film de résistance et non pas un film de propagande parce que notre cause est légitime.

Entretien avec le réalisateur, Rabii El Jawhari

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

«Siga » est un long métrage écrit par Rabii El Jawhari et produit par Mustapha Bouhalba qui aborde les relations solides qui relient les habitants des régions du Nord et celles du Sud du Maroc. Et pour montrer cet attachement et cette réalité historique, le réalisateur a recouru à des documents historiques mettant les lumières sur la continuité du vivre ensemble entre ces populations, et  en se référant à une citation tirée du discours Sa Majesté le Roi Mohammed VI adressé à la nation à l’occasion du 39ème anniversaire de la Marche Verte. Par ailleurs, « Siga » rejette, en contrepartie, la  propagande coloniale visant à séparer les peuples du Sahara de leurs ancêtres Idrissides. Par ailleurs, le film réfute et rejette également la prétendue thèse des séparatistes Polisario; qui révèle le niveau de criminalité commis contre les civils et les détenus. «Siga » a été présenté au public lors de la 22ème édition du Festival national du film de Tanger.

Al Bayane : votre film est bien documenté. D’où vient cette passion pour l’histoire et la recherche?  Comment avez-vous travaillé sur la matière historique ?

Rabii El Jawhari : j’ai réalisé deux films documentaires sur le Sahara marocain. À Genève, j’ai vu un film de Javier Bardem qui donne des fausses informations en disant que la population du Sud n’a aucune relation avec celle du Nord, alors que c’est faux. Mais, en prenant la parole j’ai démenti toutes ses allégations et idées infondées. A partir de là, je me suis toujours dit qu’il faut contribuer à apporter des éclairages sur les détails de ce conflit artificiel.

En effet, j’ai entamé une quête en lisant et cherchant dans des livres d’histoire. En travaillant, j’ai redécouvert cheikh Ma El Aïnin, Moulay Abdessalam Ben Mchich. Donc j’ai essayé de mettre en exergue les relations solides entre les amazighs et les arabes.

Par la suite, j’ai fait la découverte de Noureddine Belhaddad. J’ai étudié son projet intellectuel. C’était quelqu’un qui m’avait beaucoup aidé en mettant entre mes mains des manuscrits et des références importants. Il faut l’avouer, j’avais cette envie de démontrer au monde, à travers le cinéma, que le Sahara est marocain et le restera.

Le titre du film «Siga», qui est d’aiileurs un jeu pratiqué par des films dans le Sud marocain, a-t-il une connotation politique ?

Chaque réalisateur ne veut pas donner une explication directe et immédiate de ce qu’il veut dire parce que  ce qui est le plus important, c’est l’interprétation. C’est un jeu qui se joue sur le sable, et cela a une référence au Sahara. En outre, la notion du  jeu est  fort présente parce que ce conflit est artificiel et inventé par les séparatistes.

Le film est inspiré de la citation de Sa Majesté: «Car l’affaire du Sahara n’est pas la cause des sahraouis uniquement. Le Sahara est l’affaire de tous les Marocains. Et, comme je l’ai dit dans un Discours précédent : le Sahara est une question d’existence et non une question de frontières. ». Parler nous un peu de votre travail sur le scénario et l’idée même du film…

Au début, comme tout marocain, je croyais à la légitimité de notre cause sans recourir aux livres et à la recherche académique. Un jour, j’ai lu un livre de Abdellah Lamani qui a passé 23 ans dans les prisons du Polisario. Dans ce livre, il nous confie son récit et son expérience difficile. Entre temps, je lui ai proposé de faire documentaire sur son histoire bouleversante. Alors, j’ai essayé d’apporter quelque chose à notre première cause nationale en travaillant sur ce genre d’histoire.

Par ailleurs, en Mauritanie, j’ai rencontré Mustapha Ould Salma qui m’a parlé de son expérience à Tindouf. Par la suite, j’ai écrit le scénario. Et dans le discours du 39ème anniversaire de la Marche Verte; j’étais fasciné par la citation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI : «Le Sahara est une question d’existence et non une question de frontières». Donc, j’ai retravaillé ce scénario à la lumière des paroles sages de Sa Majesté.

Certes, le film défend la cause nationale, mais avec une touche esthétique et cinématographique. À cela s’ajoute, le choix des acteurs dont  des visages connus surtout dans la scène théâtrale nationale.  Parler-nous un peu de la direction artistique des acteurs et des choix esthétiques du film.

J’étais très exigeant dans le choix des acteurs qui sont venus certes du théâtre, mais cela ne veut pas dire qu’il y avait une théâtralisation parce qu’on a travaillé sur la direction des artistes qui a duré plusieurs mois. Par ailleurs, les acteurs ont incarné leurs rôles avec beaucoup de réalisme et de professionnalisme. Le film est réaliste, mais il a été abordé avec une manière cinématographique et esthétique. «Siga» est un film de résistance non pas un film de propagande parce que notre cause est légitime.

Il y a cinq histoires fusionnées en une seule histoire. Pourquoi un tel choix ?

En effet, le film braque également les lumières sur la richesse de notre culture et ses expressions artistiques parce qu’il y a  la chanson hassanie, la chanson rifaine, la chanson andalouse ainsi que les différentes langues qui sont présentes dans le film. il faut rappeler aussi que chaque histoire a un style de réalisation différent pour dire que « Siga » est une mosaïque reflétant la richesse de notre patrimoine civilisationnel.

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