Quelle culture voulons-nous ?

Sur le vif…

Mohamed Nait Youssef

Grande question, voire complexe. Car, la culture, c’est aussi des choix, des visions, des stratégies, des valeurs, des moyens, des fins… Où en sommes-nous aujourd’hui?

En effet, la culture et les arts, au-delà de tout divertissement et passe-temps, sont des moyens indispensables pour transmettre les valeurs ancestrales de notre identité, de promouvoir notre richesse et diversité culturelle ancrée, enracinée. Être artiste, c’est s’ouvrir sur de nouveaux horizons créatifs et universels. En plus, s’inscrire dans cet universalisme  et cette ouverture ne peuvent que contribuer à véhiculer les lettres de noblesse de notre civilisation millénaire.

Quelle culture voulons-nous ? Pour certains, c’est une question dépassée, voire inutile alors que pour d’autres, elle se pose avec acuité. C’est évident, aujourd’hui, les paradigmes ont changé, les publics et les goûts aussi.

Acte 1 :

Il y a quelques jours au festival national du film de Tanger une polémique, qui n’est pas nouvelle d’ailleurs, sur l’usage de gros mots dans un court-métrage, s’est éclatée entre un jeune réalisateur et un intervenant qui a jugé que le fait de glisser des mots vulgaires sont gratuits, et ils n’ont rien apporté au film. « Je ne pourrais  pas voir votre film avec ma fille et ma famille. Or, je voudrais juste savoir ce que ces mots vulgaires ont apporté à votre film ?», s’est demandé le monsieur, en marge de la projection. En réponse aux propos de ce dernier, le jeune réalisateur a exprimé son mécontentement en se focalisant sur ce détail et fermant l’œil sur  tout l’effort qui a été fait dans le film.

Acte 2 :

Il est 11h.Les cinéphiles et amoureux du cinéma ont afflué nombreux à la salle de cinéma Roxy pour voir ou encore revoir le premier long métrage «Zanka Contact» d’Ismaël El Iraki qui a décroché le grand prix du FNF de Tanger. Le film, tourné à Casablanca, relate l’histoire d’une Rock star déchue qui rencontre une vendeuse de joie à la rue à la voix d’or. Noirceur au fond. Alcool, drogue, sexe et  gros mots qui font mal aux oreilles. Certains, ont classé ce film de très audacieux et provocateur alors que d’autres le trouvent une représentation de la société et ses phénomènes. «Le film est bien fait, mais impossible de le voir en famille.», a commenté une cinéphile juste après la projection.

Acte 3 :

Un jeune rappeur s’est produit dernièrement dans le cadre d’un festival musical à Rabat, s’est adressé, en plein concert, à une foule de jeunes et adolescents en usant des mots jugés vulgaires et choquants. Ce  jeune rappeur, dont la vidéo a fait le tour de la toile, a remercié le ministère de la culture pour le fait de lui donner la chance de se produire sur scène, chose qui n’existait pas auparavant, selon ses dires.

Aujourd’hui, entre tradition et modernité, une jeune génération de réalisateurs, d’artistes, de musiciens  est en quête permanente d’un style, d’une place au soleil et d’un art qui  répond à ses attentes.

Entre rêve et envie d’explorer des voies différentes, de nouvelles visions et sensibilités surgissent, des nouveaux publics naissent. Mais… quelle culture voulons-nous ? La réponse est peut être dans la question.

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