Suède : Ulf Kristersson, Premier ministre grâce à l’appui de l’extrême-droite

Attendons pour voir…

 Nabil EL BOUSAADI

Artisan d’un rapprochement inédit entre la droite traditionnelle et les nationalistes, en recueillant, ce lundi 17 Octobre, les voix de 176 députés contre 173, Ulf Kristersson, 58 ans, le chef du parti des Modérés, conservateurs, devient, ainsi, le nouveau Premier ministre de Suède et son élection marque une nouvelle ère dans l’Histoire politique de ce pays scandinave dès lors qu’en profitant de la percée nationaliste qui a vu le jour dans de nombreux pays européens, l’extrême-droite suédoise est parvenue, pour la première fois de son histoire, à faire partie de la majorité gouvernementale.

Ainsi, après des tractations qui ont duré plusieurs semaines, Ulf Kristersson a pu présenter, ce vendredi, l’accord politique qu’il a conclu pour la formation d’un gouvernement avec les trois autres chefs des partis de la majorité – « Modérés » (conservateurs), « Chrétiens-Démocrates » et « Libéraux » – appuyés par les Démocrates de Suède, extrême-droite, de Jimmie Akesson dont le parti a été le grand vainqueur des élections du 11 septembre dernier après avoir recueilli 20,5% des suffrages exprimés, désormais deuxième parti de Suède derrière les Sociaux-Démocrates.

Cet accord politique, dit « Accord de Tidö » (du nom du château où les négociations avaient eu lieu) et consigné dans un document de soixante-deux pages, décrit, avec force détails, les conditions de la coopération entre les conservateurs, les chrétiens-démocrates, les libéraux et les Démocrates de Suède. Reprenant, également, des pans entiers du programme de la formation d’extrême-droite, il affirme clairement que cette dernière sera impliquée à tous les niveaux dans les travaux du gouvernement et notamment au titre de la lutte contre la criminalité et de la réduction de l’immigration mais aussi pour la relance de l’énergie nucléaire dont la Suède s’était éloignée ces dernières années.  

Le programme du nouveau gouvernement suédois prévoit notamment des coupes drastiques dans la politique suédoise d’accueil des réfugiés en faisant passer de 6400 à 900 le quota annuel autorisé et en s’arrogeant le droit de les « expulser » en cas de « mauvaise conduite ».

Ayant fait de la sécurité, la clé de voute de son programme électoral aux côtés des promesses de maîtrise des prix de l’énergie perturbés par la guerre en Ukraine, le gouvernement d’Ulf Kristersson prévoit, enfin, « d’autoriser des fouilles sans comportement suspect dans certains quartiers sensibles » avec une aggravation des peines pour les récidivistes.

C’est ainsi que se ferme alors la parenthèse des huit années de pouvoir de la gauche sous la conduite de Magdalena Andersson, la cheffe du gouvernement social-démocrate qui a été contrainte de présenter sa démission à l’issue des élections et que s’ouvre une nouvelle page de l’Histoire politique de la Suède mais attendons pour voir…

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