Camberra et Tokyo revisitent leur pacte de sécurité historique de 2007

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

« Cette déclaration historique envoie un signal fort à la région sur notre alignement stratégique » a déclaré, ce samedi, le Premier ministre japonais Fumio Kishida, à l’issue de la visite qu’il a effectuée à Perth, en Australie, pour y rencontrer son homologue Anthony Albanese. Objet de la mission : dépoussiérer et remanier un accord signé, par les deux pays, quinze années auparavant, quand les attaques jihadistes et la prolifération des armes étaient les principales préoccupations des deux pays et que la Chine, d’avant Xi Jiping, était beaucoup plus faible militairement et moins affirmée dans ses relations avec le monde donc moins « agressive » dans la mesure où elle ne disposait pas encore d’un arsenal nucléaire et balistique aussi important qu’aujourd’hui.

Cet accord de coopération qui avait été signé entre les deux pays le 13 mars 2007, avant que la Chine ne se soit imposée comme puissance majeure dans la région, prévoyait une coopération bilatérale accrue en matière de lutte anti-terroriste et le fait que l’Australie allait soutenir le Japon dans sa volonté de devenir membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Aussi, tout en saluant l’engagement pris par Tokyo et Camberra mais en ne citant, à aucun moment, la Chine et la Corée du Nord, bien que celles-ci soient les premières à être visées, le dirigeant nippon a qualifié cette entente bilatérale de réponse à un « environnement stratégique de plus en plus dur ».

Considérant, par ailleurs, que ni le Japon ni l’Australie n’ont de véritable réseau de renseignements étrangers à l’instar de la CIA américaine ou la DGSE française même si les deux pays disposent de moyens sophistiqués en matière de collecte d’informations par interception des communications, Tokyo et Camberra ont convenu de se concentrer sur le partage des signaux et des renseignements géospatiaux provenant de satellites d’écoute électronique « SIGINT » (SIGnal INTelligence).

En constituant, également, une étape-clé dans le resserrement des liens entre les deux pays face aux ambitions de la Chine dans la région indo-pacifique, cet accord est un pas supplémentaire vers l’adhésion du Japon à la « Five Eyes », cette alliance qui regroupe l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis en matière de Renseignement, et pourrait, aussi, servir de modèle au Japon pour développer des liens de sécurité plus profonds avec des pays comme la Grande-Bretagne. 

S’inscrivant, par ailleurs, dans le prolongement des efforts déployés par les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie – le Quad- (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité) sur fond d’inquiétudes concernant la Chine dans la région Asie-Pacifique, cet accord permettra, en outre, un engagement pratique plus important et plus élaboré entre les forces armées des deux pays afin de leur permettre de relever les défis sécuritaires et stratégiques auxquels elles sont confrontées et contribuera à la sécurité et à la stabilité dans la région.

Sachant, enfin, que le Japon qui a largement parié sur l’énergie hydrogène produite par Camberra est un important acheteur de gaz australien, les deux pays se sont, également, engagés, lors de cette rencontre, à renforcer leur coopération énergétique. 

Cet accord qui fait suite à l’AUKUS, alliance militaire tripartite formée, le 15 Septembre 2021, par l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni à l’effet de contrer l’expansionnisme chinois dans l’indo-pacifique, va-t-il donner un coup de pouce supplémentaire à cette entente tripartite et contribuer, ainsi, à contrecarrer efficacement l’influence grandissante de la Chine dans la région ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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