Midterms 2022 : Les américains prennent le chemin des urnes

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Les américains sont appelés, ce matin, à voter au titre des « midterms » qui se tiennent, conformément à la Constitution, deux ans après l’arrivée au pouvoir du président en exercice – donc au milieu de son mandat – et qui ont pour objet le renouvellement des 435 sièges de la Chambre des représentants et d’un tiers du Sénat, les deux chambres constituant le Congrès américain.

La tradition voulant que ces élections de mi-mandat, dont l’impact est déterminant dans l’ensemble du pays pour les deux années à venir, se déroulent le mardi suivant le premier lundi du mois de novembre, celles-ci ont donc lieu, aujourd’hui, mardi 8 novembre 2022.

Mais, au-delà du renouvellement du Congrès, au terme de ce scrutin, 27 Etats éliront leurs secrétaires d’Etat, 36 Etats désigneront leurs gouverneurs – dont notamment la Californie, l’Etat de New York, la Floride et le Texas – et 133 référendums locaux auront lieu et porteront notamment sur l’éducation, les impôts, les infrastructures, l’avortement du moment que quatre Etats entendent soit constitutionnaliser le droit à l’avortement soit le remettre en question, la santé mais aussi la légalisation de la marijuana à des fins récréatives.

Pour ces référendums, les électeurs sont appelés à cocher 55 cases (à l’encre bleue ou noire) dont 34 concernent les candidats et 21 ont trait aux questions retenues.

Mais, si pour voter, il faut tout d’abord être un citoyen américain âgé d’au moins 18 ans inscrit sur les listes électorales, le processus électoral, en lui-même, est extrêmement décentralisé dès lors que ces scrutins sont gérés par les Etats qui, par l’entremise de leurs Gouverneurs, leurs Procureurs généraux et leurs Secrétaires d’Etat veillent à ce que ces élections soient libres, équitables et sûres, et en délèguent les modalités aux comtés et aux villes.

Dans le discours qu’il a prononcé mercredi 2 novembre, soit six jours avant la tenue de ces « midterms », le président Joe Biden, soucieux de « secouer » les électeurs hésitants, a brandi le spectre d’une urgence existentielle en pointant du doigt – mais sans le nommer, toutefois – l’ancien président Donald Trump et son mouvement « Make America Great Again » (MAGA) qui, bien que ne représentant qu’une « minorité du Parti républicain » chercherait, tout de même, à « subvertir le système électoral ».

Ainsi, pour Joe Biden, en refusant d’accepter, à la fois, « le résultat des élections de 2020 » et « la volonté populaire », Donald Trump avait « attaqué » la démocratie américaine et « abusé de son pouvoir » en plaçant « la loyauté à sa personne au-dessus de celle qui concerne la Constitution » et en propageant, en outre, des mensonges sur des « fraudes imaginaires », l’ancien président américain et son mouvement avaient « alimenté une montée dangereuse de la violence » afin d’intimider les électeurs.

Aussi, en signalant, par ailleurs, que « plus de 300 » candidats républicains qui se présentent, ce 8 novembre, aux différents scrutins refusent, d’ores et déjà, de s’engager à en reconnaître les résultats – ce qui est « sans précédent », « illégal » et « anti-américain » et ne peut mener que « vers le chaos en Amérique » du moment « qu’au lieu d’attendre la conclusion de l’élection », ils commencent déjà à intimider « les électeurs et les officiels chargés du scrutin » – Joe Biden a condamné fermement les velléités républicaines d’altérer le bon déroulement du vote et déploré le fait que Donald Trump et ses partisans n’aiment leur pays que quand ils gagnent.   

Mais en réclamant, de son côté, l’arrêt de la destruction du pays par les Démocrates, Donald Trump, qui n’a toujours pas digéré sa défaite de 2020 au motif que « l’élection était truquée et volée » et qui considère qu’une défaite du camp républicain ne pourrait avoir d’autre explication que des manipulations du moment que « la seule chose que [les Démocrates » font bien, c’est la désinformation et les fraudes électorales », a dressé son habituel tableau apocalyptique des Etats-Unis sous administration démocrate et appelé les électeurs à provoquer « une vague rouge géante » lors des midterms de ce mardi.

A noter, toutefois, que si, à l’heure actuelle, les Démocrates sont majoritaires au Congrès, ils ne disposent, à la Chambre des représentants, que de 8 sièges d’avance ; ce qui avait poussé la vice-présidente Kamala Harris à faire jouer le 101ème amendement pour pouvoir donner à son camp le contrôle du Sénat où l’égalité était parfaite avec 50 sièges des deux côtés.

Aussi si, à l’issue de ces « midterms », l’une ou l’autre de ces deux chambres venait à tomber entre les mains des républicains, cela freinerait considérablement la marge de manœuvre du président Joe Biden et de son gouvernement.

Le processus électoral étant, en outre, très décentralisé, les horaires d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote ne sont pas unifiés. Aussi, si leur fermeture va s’étaler du mardi à minuit (heure française) pour le Kentucky jusqu’au mercredi à 6 heures pour Hawaï ou l’Alaska, il est donc clair que les résultats qui seront publiés ce mardi soir seront incomplets et que, pour les républicains, cette attente va constituer une raison supplémentaire pour remettre en cause l’intégrité de ces élections. 

Est-ce à dire que quels que soient les résultats de ces « midterms », le monde va assister, encore une fois, aux gesticulations intempestives de l’ancien président Donald Trump et de ses partisans du « Make America Great Again » ?

Difficile d’en douter mais attendons pour voir…

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