Mustapha Rhommani, le «Gargantua des couleurs… »

Mohamed Nait Youssef

« La peinture est le métier le plus long et le plus difficile. Il lui faut l’érudition comme au compositeur, mais il lui faut aussi l’exécution comme au violon. », Eugène Delacroix.

C’est dans la ville impériale et lumineuse de Fès que Mustapha Rhommani a ouvert les yeux. Imprégné dans le monde de l’art depuis sa tendre enfance, l’artiste peintre a puisé sa palette de couleurs et ses thèmes de prédilection dans la culture, les lumières, les contrastes, les paysages, les détails de ce bel écrin aux senteurs d’antan. Fès était depuis toujours, une véritable muse pour les palettes et les plumes d’ici et d’ailleurs.

«Dans mon enfance, j’étais fasciné par les remparts, l’artisanat, les lumières, les formes et les richesses de la ville de Fès. En passant dans les ruelles, j’étais toujours ébloui par les couleurs qui ornaient les passages. J’aimais tant les couleurs et les contrastes! Dans les années 70, je regardais les aquarellistes étrangers qui venaient peindre les monuments de la ville ; les portes, les murs et les toits, entre autres…»,  nous confie l’artiste.

Devant Bab Mahrouk, une des portes principales de la médina, l’artiste se contentait d’observer les artistes et les amateurs de l’aquarelle; leur façon de faire, de peindre et de réaliser des œuvres sur papier.

«J’ai commencé par l’aquarelle grâce à l’aide de mon frère qui m’a organisé, en 1976, ma première exposition à l’institut français de Fès. Je peignais les gens de la ville de Fès, les portes et les objets du patrimoine local. C’est ainsi la couleur m’a habité.», a-t-il ajouté.

Fès, estime-il, est un paradis des artistes parce qu’il y a tout ce qui fascine et  inspire : l’artisanat, le patrimoine, l’architecture, les toits, les murs, les portes, les lumières, les ruelles…

À l’époque, ses rencontres avec des artistes surtout étrangers ont enrichi son expérience picturale sur tous les niveaux : technique, esthétique et artistique.

Trop jeune, l’artiste autodidacte a maîtrisé déjà les bases de la peinture : la perspective, la lumière, le relief, les compositions et la palette de couleurs… 

«Au début, j’avais un certain engouement pour le paysage parce que j’aimais peindre la nature et les belles vues coupant les souffles ;  les lacs, les reflets de l’eau, les lumières…», a-t-il révélé.

Après le paysage, l’artiste peintre s’est donné à la nature morte où il a travaillé sur une palette chaude.

«Dans les années 80, je suis rentré à mon atelier où je travaillais dans un espace clos. Je cherchais dans les journaux de l’époque sur des tableaux de la nature morte. C’est ainsi que j’ai passé, implicitement, par de différentes écoles de peinture sans le savoir.», poursuit-il.

Après avoir travaillé sur les petits formats, Mustapha Rhommani s’est attaqué aux grands formats. «Je travaille soigneusement mes œuvres. Cela pourrait prendre beaucoup de temps, mais il faudrait que le tableau soit beau et bien travaillé.», a-t-il affirmé.

Après l’expérience de la nature morte, l’artiste s’est aventuré dans le monde de la fantasia. Enfant, c’est dans son quartier mythique de Ben Debbab à Fès que l’artiste a été profondément marqué par l’univers des cavaliers et  de la fantasia.

«J’aimais le cheval ; sa couleur, sa force, sa beauté, son mouvement, son regard, sa sensibilité. J’étais frappé par son  mouvement, son allure et cette lumière qui traversait ses yeux en pleine obscurité.», a-t-il souligné.

Ce sont des souvenirs enfantins forts qui ont animé sa peinture et surtout ces belles images qui ont tant marqué sa mémoire d’artiste. Tout se révèle alors sur la toile.

«J’ai travaillé le cheval sur le support noir, mais avec une nouvelle technique. Je travaillais surtout sur son mouvement, son allure, ses différentes formes et races avec beaucoup de sensibilité. Je me trouve dans le cheval qui m’a donné la vie et la stabilité. C’est mon thème de prédilection!», a-t-il précisé.

Mustapha Rhommani a participé pour la première fois au Salon du Cheval d’El Jadida avec quatre œuvres. Une exposition qui a été un tournant dans sa carrière d’artiste.

À Salé, l’artiste a travaillé sur les Oudayas, la mer, le soleil, les navires et les ruelles de cette belle cité qui m’inspirait.

Les toiles ont fait le tour du monde Pérou, l’Inde, le Brésil, la Grèce, la Suisse, la Corée, la Tunisie, l’Egypte.

«Un tableau doit susciter des questions chez le récepteur. Il devrait créer une émotion quelconque dans l’âme de celui qui médite la toile.», conclut-il.

L’artiste vit et travaille à Salé.

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