L’homme est-il toujours le «seigneur de la terre » ?

Sur le vif…

Mohamed Nait Youssef

C’est dans l’ère du temps. C’est à la mode. De nos jours, l’intelligence artificielle (IA) soulève des débats et des polémiques par-ci par-là. Mais pas que ! En effet, les robots performants, la digitalisation, les artefacts informatiques, l’IA, les chatbots prennent de plus en plus de place dans la vie quotidienne des gens. Chose qui ouvre de nouveaux champs de réflexion, de questionnement sur l’idée de l’Homme et celle de la vie. 

L’homme est-il toujours  le «seigneur de la terre»? L’IA peut-elle remplacer l’intelligence naturelle et la cognition humaine ? L’homme des modernes est-il devenu une simple pièce du «dispositif technique»? Peut-on prendre l’IA comme telle ; un renouveau de l’innovation, des technologies de l’information? La technologie peut-elle dépasser l’entendement humain ? Un tas de questions si complexes et profondes se posent avec acuité dans un contexte où l’intelligence croissante des technologies a envahi les quatre coins du globe.

Face à l’IA, la robotisation, la vénération de l’étant, les défis sont de taille dans un monde qui évolue à grande vitesse. Il y a une année déjà, en novembre 2022, le lancement du ChatGPT était un tournant, un événement phare qui a soulevé une grande polémique dans les différents milieux.

Ce débat ressemblait, d’une manière ou d’une autre, aux controverses ayant accompagné les réflexions  sur « la technique moderne», plus précisément son essence et son champ d’expansion. Martin Heidegger, philosophe allemand, en avait considéré comme le ‘’danger le plus grand’’.

En effet, le sens de l’existence de l’homme est mis en question. Les techniques ont complément transformé et opéré un véritable changement des comportements et des activités de l’être humain.

Heidegger a, effectivement, interrogé l’essence de la technique, du dessein de l’homme face à l’étant, à une « bête » qui ne pense pas, qui ne s’interroge pas. «L’essence de la technique n’est rien de technique.», disait-il dans sa fameuse citation.

Ce dévoilement de l’étant a  ainsi poussé le philosophe a renversé cette relation existant entre la science et la technique, en affirmant que c’est « la science qui est au service de la technique et non l’inverse ».  Alors, l’être humain pourrait-il créer, au fil du temps, les moyens pour sa propre destruction? Peut-on parler d’une fin de l’homme, de son immanence ?

Incontestablement, l’IA qui n’est pas aujourd’hui au  summum de la perfection, manque de créative, surtout humaine. Pourtant, une «pensée aveugle», pour reprendre les termes  de Leibniz est toujours possible. Or, ce qu’il faudrait sauver, c’est l’homme, son essence et l’idée même de la vie…humainement intelligente. 

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