La provocation est mère de toutes les dérives

Par Mustapha Labraimi

On croit toujours à quelque chose et le respect de la liberté de conscience est essentiel en démocratie.

Une liberté fondamentale qui n’est pas toujours garantie sous le ciel d’une humanité de plus en plus enclin à renvoyer ses peurs sur l’autre.

L’autodafé commis en Suède, où un coran a été brûlé dans une manifestation autorisée et organisée sous la protection de la police, a ramené sur la scène l’approche différentielle de la liberté d’expression avec un sentiment de hogra qui s’exacerbe.

Si la personne humaine et ses libertés sont prises en considération partout où elle se trouve, conformément à ses droits universels ; et plus que le jugement du comportement d’un aliéné, c’est tout d’abord ce « deux poids deux mesures » qui focalise les esprits.

Autant que les individus, les sociétés sont ancrées dans leur géographie et sont façonnées par leur histoire. L’inacceptable réside dans cette prééminence que certains, individus, organisations et gouvernements, veulent imposer contre la volonté d’autres. L’Histoire récente abonde de faits exprimant cette volonté hégémonique et narcissique des forces impérialistes à vouloir imposer un mode de vie qui ne répond pas aux besoins socioéconomiques, culturels et politiques de populations considérées comme « retardées » par rapport à la modernité vécue. Le colonialisme est passé par là en se servant et en laissant des séquelles qui handicapent le présent.

A l’heure actuelle où le monde se cherche dans une géopolitique complexe, l’adaptabilité des peuples aux rapports de forces régissant le monde est telle que, par leur union immanente de leurs fondamentaux spécifiques, ils n’ont pas été vaincus par la déferlante de la « mondialisation ». Et si le monde est devenu un village, son peuplement reste diversifié à plus d’un titre dont la représentation de l’univers, la croyance et le religieux constituent un socle omniprésent dans la vie sociale.

Que de guerres ont été menées en leur nom ; que de folies meurtrières ont conduit à des atrocités criminelles et que de luttes sont menées inlassablement pour la paix des âmes et le bonheur des corps !

L’avenir de l’humanité réside dans la paix et dans sa promotion, une paix qui est basée sur « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables » comme le souligne le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Dans l’attente ; qu’il s’agisse, entre autres, de la démocratie elle-même, du commerce et de l’économie, de la migration, des changements climatiques et des croyances, la dignité de la personne humaine reste l’objet d’une recherche partout dans le monde, quoique à des niveaux différents.

Les « fous de leur croyance », croyant détenir la vérité à eux seuls, s’offusquent de cette recherche et de ses résultats ; ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour la rendre stérile, inutile. Ils n’y parviendront pas. Le fanatisme religieux a échoué, dans tous les temps, dans ses attentats terroristes aveugles ; et son usage, quel que soit sa manière, connaîtra le même sort.

La responsabilité des gouvernements est d’enrayer sa cause par l’éradication de la violence politique, en contenant l’angoisse de la population devant ses besoins socioéconomiques, culturels, cultuels et politiques. Et ceux et celles qui estiment être dans la modernité, voire la postmodernité, se doivent d’être plus attentifs à leurs comportements à l’égard d’autrui ; à moins qu’ils soient rongés par le narcissisme de la suprématie fallacieuse.

La provocation est mère de toutes les dérives, pour eux et pour les autres. Le respect des droits de la personne humaine ne peut servir à posteriori pour se protéger de l’opprobre qui leur revient par l’autorisation et la protection policière d’une atteinte au respect des droits du plus du quart de la population de la planète.    

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