Les menaces non voilées de Pyongyang à l’adresse de Séoul et Washington

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Ce lundi, la tension est montée d’un cran dans la péninsule coréenne car après avoir accusé, dans un communiqué cité par l’agence KCNA, les Etats-Unis d’avoir « intensifié leurs activités d’espionnage au-delà du niveau de guerre », la Corée du Nord a menacé d’abattre tout avion-espion américain qui se hasarderait, encore une fois, à violer son espace aérien.

Ainsi, aux dires du porte-parole du ministère nord-coréen de la Défense, des avions espions américains auraient effectué, ces derniers jours, plusieurs « vols provocateurs » et un avion de reconnaissance aurait même pénétré « à plusieurs reprises » l’espace aérien de la Corée du Nord sur une douzaine de kilomètres au-dessus de la Mer du Japon.

Mais même si les armées sud-coréennes et américaines, qui effectuent des manœuvres dans la région, ont démenti cette information en précisant que leurs vols de reconnaissance ont suivi la procédure normale et ne sont pas allés en Corée du Nord, le porte-parole du ministère nord-coréen de la défense a tenu à rappeler les précédents incidents au cours desquels Pyongyang avait déjà abattu les avions américains qui avaient survolé son espace aérien et mis en garde les autorités de Washington sur le fait que de telles provocations ne seraient pas sans conséquences car tout appareil américain qui s’aviserait à violer l’espace aérien nord-coréen sera abattu dès qu’il survolera la Mer du Japon.

Pour la petite histoire, rappelons que la Corée du Nord avait déjà abattu des appareils américains qui avaient violé son espace aérien ; à savoir, un avion de reconnaissance en 1969 et un hélicoptère en 1994.

En confirmant, par ailleurs, qu’un avion-espion américain avait pénétré, à deux reprises, la semaine dernière, la partie est de l’espace aérien nord-coréen, Kim Yo-jong, la puissante sœur du leader nord-coréen, a tenu à préciser, ce lundi, dans un communiqué, que Pyongyang va prendre des « mesures concrètes » si l’armée américaine venait à effectuer une nouvelle intrusion en franchissant sa ligne de démarcation maritime.

Pyongyang, dont les relations avec Séoul sont au plus bas, considère, par ailleurs, comme étant une grave menace, pour la sécurité régionale et mondiale, le « chantage nucléaire non dissimulé » ayant trait au prochain déploiement par les Etats-Unis, en Corée du Sud, de ce qu’ils appellent « ressources stratégiques » et qui ne sont rien d’autre qu’un sous-marin lanceur d’engins qui, en application des dispositions de la déclaration signée en Avril dernier par les autorités des deux pays devrait réaliser son premier accostage en Corée du Sud à une date non encore précisée.

Pour rappel, lorsque le président Kim Jong-un avait qualifié d’« irréversible » le statut de puissance nucléaire de la Corée du Nord et qu’en préconisant un développement accru des armes nucléaires tactiques, il avait procédé, en dépit des sanctions américaines, à toute une série de tests de missiles balistiques intercontinentaux, plus puissants les uns que les autres, Séoul et Washington avaient promis que Pyongyang allait s’exposer à une riposte nucléaire qui signerait sa « fin » si elle venait à faire usage, de quelque manière que ce soit, de l’arme atomique.

Au vu de tout ce qui précède, la péninsule coréenne serait-elle réellement au bord d’une déflagration qui pourrait tout emporter sur son passage ou s’agit-il simplement, de part et d’autre, de déclarations d’intention dont la portée serait purement dissuasive ?

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