La question cultuelle

Saoudi El Amalki

On aura fort apprécié l’intérêt que porte notre pays en matière de réhabilitation du champ religieux. Cette refonte cultuelle qui s’insère, en fait, dans la dynamique continue de restructurer les fondements de la vie sociétale, permet d’asseoir les valeurs de la tolérance et de la modération séculaires de la nation et de faire face aux dérives et aux dérapages. En effet, depuis une éternité, le Maroc a toujours fait preuve de coexistence et d’acception et mené sa vie religieuse dans la paix et la sérénité. Jusqu’au moment où des manies étrangères « infestent » notre quotidien. C’est ainsi que des bizarreries au niveau des aspects corporel, comportemental et vestimentaire, défigurent voire aliènent systématiquement les fidèles, avec des barbes drues, des cagoules macabres, des tuniques funestes, des sandales crasseuses… A voir ces créatures fades déambuler dans notre vécu convivial, on se croirait plutôt au sein d’une secte  afghane. Cette invasion lugubre prend de plus en plus de l’ampleur chez les jeunes qui sombrent dans la soumission et la vénération excessives. Et les actes terroristes ne tardent pas à éclater dans nombre de nos recoins où la « promiscuité » religieuse s’accapare les cervelles juvéniles. Et c’est la première fois que le phénomène des kamikazes importé, après des siècles de quiétude, obnubile les fanatiques veules. Les préceptes religieux qui ont été complémentent vidés de leur sens et leur essence se répandaient, à travers des groupuscules semant la terreur parmi les citoyens, alors que d’autres, profitant de la déchéance sociale, arborent l’alternative religieuse sans projet de société et à des fins politiciennes. Notre pays a donc raison de redéfinir son paysage de culte, par des mesures de standardisation dans les lieux saints et de cadrage stricte des rapports intercommunaux, en attendant des démarches beaucoup plus « osées», en terme de distinction claire et tolérée dans la vie quotidienne des groupes et des individus, de nature à limiter les pratiques théologiennes sournoises au niveau cultuel, sans empiétement ni chevauchement dans la vie active. De toute évidence, l’Etat a un rôle prépondérant à jouer dans cette nouvelle équation pour l’édification d’une société où les croyances seront protégées sans qu’elles ne prennent l’ascendant sur le cours impératif du développement. On rappellera non sans amertume et indignation qu’on avait «recréé» des créatures religieuses afin de contrecarrer le « danger » des idées modernistes et progressistes du mouvement national. Mais, c’était sans compter sur le véritable danger du fanatisme qui prenait forme et se constituait non seulement en une entrave pour la modernité et le progrès, mais également pour la stabilité et la constance du régime. C’est ce qu’on appelle dans la maxime courante, « la magie s’est retournée contre le magicien ». Il serait judicieux de rectifier sa bêtise pour préserver sa propre existence et celle d’une entité nationale quiète et opérante, des siècles durant. On déplorera dans ce sens les mauvaises manies qui sévissent encore dans la vie culturelle diversifiée où on exploite la moindre occasion pour instrumentaliser la religion à des fins électoralistes abjectes. C’est insensé de noyer les jeunes dans l’endoctrinement borné et réducteur,  sans s’ouvrir sur d’autres horizons afin justement de traduire réellement cette notion de société marocaine tolérante, ouverte et plurielle dans le respect absolu de l’unité nationale.

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