Il y a 70 ans…

Par Javier Dómokos Ruiz Ambassadeur de Cuba à Rabat

Ce 26 juillet, les Cubaines et les Cubains, ainsi que des centaines de milliers d’amis à travers le monde, célébreront le 70e anniversaire des Assauts aux casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes, journée historique de Cuba, où une avant-garde révolutionnaire, dirigée et organisée par le jeune avocat, politicien et ancien dirigeant étudiant Fidel Castro, a tenté l’assaut et la prise de ces casernes. La tentative héroïque et glorieuse qui, bien qu’elle ait échoué du point de vue militaire, a marqué le début de l’étape vers la libération définitive du processus révolutionnaire cubain.

Il s’agit d’une étape si décisive dans la longue bataille du peuple cubain, qu’il n’est pas possible d’expliquer sans les raisons qui ont conduit Fidel et la génération du centenaire à attaquer des casernes avec de simples fusils et un arsenal d’idées.

Et précisément, il est commémoré dans un contexte où nos ennemis parient sur l’amnésie et la paralysie sociale. Ils prétendent que, sous la pression des nécessités matérielles engendrées par leur infâme blocus de 63 ans, l’esprit de résistance du peuple s’abandonne et même la dernière génération oubliera pourquoi une révolution socialiste a été faite à 90 milles du rêve américain.

Ils parient sur l’aliénation, sur le fait que nos jeunes ne s’intéressent pas aux raisons qui ont donné lieu au premier document programmatique de la Révolution cubaine, « L’Histoire m’acquittera » : les grandes majorités n’avaient pas de propriété sur la terre qu’elles travaillaient, ni sur les maisons où ils vivaient; les pauvres et les Noirs et les métis ne pouvaient entrer que par la porte dérobée des magasins et des maisons; les femmes étaient socialement défavorisées par rapport aux hommes; l’image récurrente des enfants des rues : cireurs de chaussures, vendeurs de journaux, messagers de toute entreprise, sans-abri, malades et affamés; les entreprises nord-américaines étaient pratiquement propriétaires de Cuba, leurs grands alliés étaient l’armée, la police, l’expulsion, le plan de machette, la torture et la mort.

Cuba représente non seulement une alternative légitime à l’ordre injuste et exclusif qui règne dans le monde. C’est un exemple de la possibilité qu’a ce monde de prouver qu’il y a de la place pour toutes les idées et tous les systèmes politiques, pour que la démocratie, tant proclamée que violée, soit reconnue dans toute sa diversité.

C’est pourquoi pendant 64 ans, le processus révolutionnaire cubain n’a pas connu une minute de calme, avec des administrations nord-américaines successives qui n’ont cessé de forcer un « changement de régime » à Cuba en utilisant l’une ou l’autre voie, avec plus ou moins d’agressivité.

Au milieu des pénuries profondes et persistantes de tant d’années, sous les pressions étouffantes et les agressions économiques de la politique criminelle de blocus nord-américain, Cuba n’a jamais renoncé à l’aspiration socialiste à bénéficier à tous, en leur offrant de multiples possibilités de réalisation humaine.

Comme l’a souligné le Président cubain, Miguel Diaz-Canel Bermúdez, « le blocus économique, financier et commercial, la persécution enragée dans laquelle est devenue cette politique d’un empire puissant contre une petite nation est, en ce moment, la meilleure preuve que le socialisme fonctionne, parce que même sous le feu qui signifie être bloqués, nous avons bâti une œuvre de justice sociale qui nous place au niveau des pays les plus avancés sur des indicateurs clés du développement humain tels que la mortalité infantile, l’espérance de vie à la naissance, l’accès à la santé, l’éducation, la culture ou le sport et les niveaux de sécurité et de protection des citoyens ».

Et que dire de l’impact international de la Révolution cubaine. De l’aide aux mouvements de libération nationale et la formation massive de professionnels pour le Tiers-Monde à l’envoi de brigades médicales et à l’exportation de produits biotechnologiques compétitifs, y compris leurs vaccins récents et très efficaces contre la Covid-19. L’œuvre solidaire de Cuba dans le monde a été et est mille fois supérieure à ce que l’on peut attendre d’un petit pays résistant aux frontières du plus grand empire de l’histoire.

Dans la politique féroce d’agression économique du gouvernement de Donald Trump contre Cuba, maintenue, presque intacte par l’administration Biden à ce jour, ils ont essayé presque tout pour renverser le processus socialiste à Cuba. Le renforcement brutal et sans précédent des mesures d’asphyxie économique contre notre pays s’est accompagné de campagnes de déstabilisation politique et de discrédit contre Cuba, destinées à servir de prétexte à une intervention humanitaire.

Ils ont attaqué toutes les sources de revenus de l’économie cubaine, comme le tourisme et les investissements étrangers en passant par la coopération médicale solidaire que Cuba offre dans plusieurs pays du monde, privant de soins de santé des millions de personnes dans le monde. Il a été particulièrement cruel en empêchant l’approvisionnement en combustibles, en denrées alimentaires, en matières premières pour l’industrie pharmaceutique et, plus grave encore, lorsque le gouvernement des États-Unis a nié et entravé l’approvisionnement en oxygène de notre peuple au plus fort de la pandémie de Covid-19, lorsque notre seule usine s’est effondrée. En même temps qu’il nous bloque, il empêche Cuba d’accéder à des sources de financement extérieures en réintégrant la liste des pays qui parrainent le terrorisme.

Mais les administrations successives des États-Unis et leurs laquais en Occident, dans leur arrogance et leur aveuglement idéologique, ne comprennent pas que la Révolution cubaine est arrivée à ce point comme fruit de l’exploit d’un peuple qui a misé sur un avenir propre, de liberté, de dignité et de prospérité.

Cuba restera l’île rebelle, la sœur solidaire, l’avant-garde anti-impérialiste et son peuple, elle continuera à écrire ses histoires de victoires, de souveraineté et de résistance. Parce que Cuba, est vivante !