Polémique des médias français sur le cas Benzina Nouhaila …et la discrimination contre les femmes continue…

Point de vue

Par Soumaya Mounsif Hajji

Le match Maroc-France me pousse à revenir sur cette polémique déclenchée depuis le 30 juillet, aussi bien dans des émissions télévisées que sur les pages de quelques quotidiens français, concernant le port du voile par la joueuse de l’équipe marocaine, « Nouhaila Benzina ».

A la lecture de certains articles et le suivi de certains débats, je me sens outragée, indignée et révoltée !

A l’annonce du nom de la joueuse marocaine, je pensais qu’on allait parler de son parcours, de son rêve d’enfant, peut-être, à devenir joueuse de foot, dans une société où le foot féminin n’était guère un sport courant, des contraintes et difficultés qu’elle a dues certainement surpasser pour arriver là où elle est aujourd’hui.

Je pensais que l’on allait parler de sa condition physique, de son grand professionnalisme, de ses qualités et compétences sportives, de sa persévérance, des défis qu’elle a dû relever pour atteindre son objectif, du très bon match qu’elle a joué aussi bien contre la Corée que la Colombie, de son efficacité dans la défense et des efforts louables qu’elle a déployés pour contribuer à ce résultat, réalisé par l’équipe nationale marocaine. Cette dernière qui va marquer l’histoire du football mondial, laissant le monde entier se rappeler de sa première participation à la coupe du monde 2023.

Hélas, ce ne fût guère le cas ! Ces journaux et médias n’avaient qu’un seul souci : le port du voile. Tout cet exploit du football féminin marocain se résume pour eux en une seule phrase : le port du voile par Benzina !! Et une seule phrase qui revenait, tel un leitmotiv : « première joueuse de l’histoire de la compétition à concourir voilée ».

Quel dommage qu’un pays comme la France, prétendant défendre les droits de l’Homme, et bien évidemment ceux de la femme, et combien de fois faisant la morale, pour des manquements aux respects de ces droits, à plusieurs pays qui sont en voie de développement ou plutôt de démocratisation, pour des actes bien plus banals.

Personnellement, je ne porte pas le voile. Que je sois pour ou contre, ça ne me donne nullement le droit de porter un jugement sur les femmes voilées parce que j’estime qu’elles ont tout à fait le droit de porter ce qu’elles veulent.

Et, comme il y a celles qui choisissent de mettre des jeans déchirés ou des mini jupes, y a d’autres qui préfèrent mettre un voile. C’est tout simplement un choix ou, mieux encore, une liberté qui fait partie des libertés individuelles.

Doit-on, dès lors, rappeler à ces dames et messieurs français qui sont derrière cette polémique que les libertés individuelles font partie de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 ?

Doit-on leur rappeler que le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU a déjà critiqué la France, signataire de la Déclaration de 1948, car elle a enfreint le Pacte International relatif aux droits civils et politiques en interdisant à une femme de porter le voile lors d’une formation ?

Doit-on leur rappeler, encore, que la législation de la FIFA a autorisé le port du voile depuis 2014 ? Ou bien doit-on priver une femme de son rêve juste parce qu’elle porte un voile ? Ne s’agit-il pas ici d’un acte de discrimination pur et simple ?

Enfin, doit-on, tout sereinement, les inviter à revoir cette photo de Ganni Infantino, Président de la FIFA, serrant la main de notre joueuse avec beaucoup d’admiration, la félicitant particulièrement pour sa brillante prestation, oubliant qu’elle porte un voile, et rappelant tout simplement que le football est un sport inclusif et tolérant. La tolérance, ce mot clé que nous devons toujours garder en tête. La tolérance et le respect de l’autre quelles que soient son origine, sa religion, sa couleur, sa classe sociale, et, bien plus encore, qu’il soit Homme ou Femme.

On aurait pu être d’accord, si ce voile a empêché cette femme de réaliser son rêve ou s’il l’a obligée à rester chez elle, ce qui n’est pas du tout le cas. Au contraire, cette sacrée joueuse s’est imposée par son jeu et sa performance, à pas sûrs, et en toute confiance en elle-même et en ses capacités. Elle est arrivée à confirmer, une fois de plus, que la femme marocaine est capable de donner le meilleur d’elle-même et d’aller en avant, créant l’événement, marquant l’histoire et méritant le respect et l’admiration de tout un chacun, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale.

Nous aurions aimé encore que ces journalistes soient plus imprégnés par les droits de l’homme et les valeurs qui les régissent. Nous aurions aimé qu’ils soient porteurs de gènes rejetant toute forme de discrimination contre la femme. Nous aurions aimé qu’ils soient à la hauteur du rôle que les médias devraient jouer dans la promotion des droits de la femme et dans le soutien de tout acte susceptible de mettre les femmes où quelles soient au-devant de la scène.

Nouhaila, nous sommes fiers de la femme que tu es, de la joueuse qui a participé à créer le miracle, qui a contribué à la belle performance de l’équipe nationale, la femme que rien n’arrête dans son parcours pour atteindre ses objectifs et montrer une fois de plus que la femme marocaine a suffisamment de force et de courage pour s’attacher à ses droits et les faire-valoir.

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