Pour une vie carcérale digne !

Saoudi El Amalki

Les geôles  marocaines souffrent de surabondance au point de susciter une réelle problématique pour notre nation. La disproportion entre incarcération qui excède cent mille prisonniers et hébergement qui se limite à moins de soixante-cinq mille lits, est criarde. A croire des coupures rendues publiques du département de l’administration pénitentiaire et de réinsertion, cet engorgement carcéral n’est pas du tout rassurant, de par les répercussions s’y rapportant en termes de sécurité, d’hygiène et de rétablissement. L’Etat des prisons dans notre pays présente, en effet, un sérieux handicap en matière d’efficience sur l’utilité même de la sanction, si l’on sait que les mesures judiciaires demeurent vaines et désuètes. Dans bien des cas, la situation semble prendre des tournures encore plus dramatiques, à cause du surpeuplement dans les cellules, causant davantage de promiscuité et d’insalubrité dont se lamentent surtout les nouveaux détenus. Certes, les jugements des magistrats sont formellement  dictés par les textes de la législature et ne prêtent à nulle compromission, occasionnant de ce fait, ce grouillement cellulaire à dimension extrêmement débordante. Toutefois, eu égard de conséquences fâcheuses, générées par cette surpopulation dont les incidences mettent en péril la vie sociétale du pays, il devient de plus en plus, inéluctable de s’y mettre d’arrache-pied à mettre en application des solutions alternatives à la réclusion, de nature à se soustraire de l’enfermement direct et machinal. Pour ce faire, il urge, face à la détérioration nocive de la vie carcérale, d’inventer des configurations novatrices au prochain code pénal, à manière à se munir de changements fluides dans le traitement du dossier de la détention relative aux conditions  de l’emprisonnement pénitentiaire. Il est bien vrai que des efforts considérables ont été déployés au niveau du relèvement de la situation précaire des établissements carcéraux dans notre pays, afin de mettre un terme aux calvaires des internés, tout en mettant en place un cursus de réinsertion à leur attention. Cependant, il s’avère que cet état de fait ne s‘est pas substantiellement amélioré, en raison de vétusté du mode carcéral appliqué jusqu’ici, beaucoup plus affecté par une vision surannée du système pénitentiaire, dépouillé de préoccupation  pédagogique et profondément humaniste. Il serait alors judicieux de s’y pencher sérieusement, à la veille de l’apparition du code pénal dont l’aspect carcéral constitue l’un des points majeurs quoique le caractère matériel et technique de la question, s’avère indispensable puisqu’il va falloir casser la tirelire de l’Etat pour injecter des fonds destinés à la construction de nouvelles geôles humainement dignes et professionnellement aptes à structurer les lieux d’accueil des captifs et à les intégrer dans la vie sociale.

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