Le devoir de mémoire, cette obligation morale du souvenir

Musées en l’honneur des résistants sahraouis

DNES à Dakhla Karim Ben Amar

Reportage photos Akil Macao

Le haut-commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération a organisé le lundi 14 août un déplacement à Dakhla en commémoration du 44ème  anniversaire de la récupération d’Oued Eddahab. Sous la présidence du haut-commissaire Mustapha El Ktiri, le programme du déplacement a aussi prévu la visite du musée consacré à l’histoire du mouvement national, de la résistance et de l’armée de Libération. Dans ce haut-lieu du devoir de mémoire ouvert à tous, l’équipe d’Al Bayane s’est entretenue avec le haut-commissaire qui a insisté, et à juste titre, devant un parterre d’étudiants et étudiantes de la ville de Dakhla, sur l’importance du devoir de mémoire. D’ailleurs le Haut-commissariat a mis en place des actions concrètes pour le promouvoir. Et comme le signale si bien Mustapha El Ktiri,  la portée de ce dernier et notamment pour les générations futures revêt d’une importance primordial.  

C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons visité un musée en l’honneur de la résistance et de l’armée de libération. Se rendre dans un haut-lieu du «souvenir», c’est certes s’instruire, mais aussi se remémorer les nombreux sacrifices de nos aïeux au nom de la liberté et contre l’occupation étrangère. Grâce à ces musées, le nom de nos martyres ne tombera jamais dans l’indifférence ou l’oubli.  

A ce sujet, et en réponse à une question d’Al Bayane portant sur le devoir de mémoire, le haut-commissaire a affirmé, non sans conviction, que «ces musées avec tout ce qu’ils comportent comme objets, documents, tenues et souvenirs,  sont érigés en l’honneur des résistants pour cultiver le devoir de mémoire ». Signalons que de nombreux objets et documents sont légués par les familles des anciens résistants.

« Le devoir de mémoire est la mission de tous les marocains.  Cette fête commémorative est un moment solennel de recueillement ou le souvenir de nos héros tombés sur le champ de l’honneur est vif et palpable, et cela grâce au devoir de mémoire. Les sacrifices consentis par les héros de la résistance, ne doivent et ne peuvent sombrer dans l’oubli. C’est pour cette raison que le haut-commissariat œuvre pour la promotion du devoir de mémoire, qui est l’une de nos missions principales».

Dans ce même sillage, concernant les moyens mis en œuvre pour promouvoir le devoir de mémoire, Mustapha El Ktiri a indiqué  que le haut-commissariat a mis en place des moyens concrets en l’honneur du devoir de mémoire. «Dans tous les espaces de mémoire du haut-commissariat, au nombre de 104 à travers tout le Royaume,  il y a des bibliothèques et des espaces de travail ouverts à tous. Pour promouvoir l’histoire de notre pays et préserver le devoir de mémoire, nous avons édité des livres rappelant nos  glorieuses épopées. Pas moins de 76 ouvrages pour enfants retraçant l’histoire glorieuse du Maroc ont été publiés. Écrits par des professionnels, ils sont parfaitement lisibles par les plus petits.  Dès l’âge de 7 ans, un enfant peut venir bouquiner et en apprendre plus sur son histoire et les batailles que son pays a menées vaillamment. De la bataille de Dcheira à Anoual, le format de certains livres sont parfaitement adaptés aux enfants ».

Des bandes dessinées écrites dans un style simplifié et ne nécessitant pas plus d’un quart-d ’heure de lecture, voilà un moyen simple mais tellement ingénieux et efficace pour promouvoir le devoir de mémoire chez les générations montantes. De plus, ces livres à la disposition des utilisateurs gratuitement sont aussi proposés à la vente à un prix plus que symbolique, puisque la  BD est fixée à 5 Dhs.

Les adultes ne sont pas en reste puisque des ouvrages très complets sur la période du protectorat sont à la disposition du citoyen. Avec des prix variant entre 35 et 120 dhs, en arabe et en français, de très beaux livres sont en vente dans les délégations à travers tout le pays. 

Pour les férus d’histoire et chercheurs, les espaces de mémoire sont une véritable mine d’or puisque c’est plus de 3.600.000 documents numérisés sont consultables sur place. Il faut bien le souligner, le haut-commissariat a de très nombreuses publications, bien plus que les universités, c’est véritablement le garant du traçage de certains pans de notre histoire.  

Le haut-commissariat a pu récupérer des documents de l’Espagne, de la Russie (3830), de la Turquie, et bien d’autres, éclaircissant ainsi quelques zones d’ombres de notre histoire.

« Certes, nous sommes à Dakhla et nous célébrons nos héros morts pour libérer notre pays. Mais notons que tous les résistants et membres de l’armée de libération de Tanger à Lagouira sont célébrés par le haut-commissariat. D’ailleurs nous avons entamé l’édition d’ouvrages sur certains héros passés dans l’oubli comme Zaid ou Hmad par exemple, ou le syndicaliste Mohamed Ben Omar Lahrech, entre autres.

Le haut-commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération, Mustapha El Ktiri a rappelé que, « le devoir de mémoire est adressé aux générations montantes et futures car si on ignore notre passé, on ne peut entrevoir l’avenir. Il faut être sensible à l’histoire de notre pays. Cela est fondamental pour les jeunes générations. C’est l’une des conditions pour faire d’eux de parfaits citoyens aux service de leur pays et de sa cause la plus sacrée». L’anthropologue Marc Augé disait que « c’est le devoir de mémoire qui nous parle du passé ».  Pour Simon Veil, « ce devoir est celui d’enseigner et de transmettre ». Le Haut-commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération le traduit parfaitement.   

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