Le périple de Kim Jong-un en Russie

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Pour son premier déplacement à l’étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19, le leader nord-coréen Kim Jong-un a choisi la Russie où il est resté du mardi 12 au dimanche 17 septembre.

Après avoir visité, vendredi, des usines aéronautiques à Komsomolsk-sur-l’Amour, le président Kim Jong-un a été accueilli, le lendemain, sur le tarmac de l’aéroport de Knevichi à Vladivostock, dans l’Extrême-Orient russe, près des frontières de la Chine et de la Corée du Nord, par le ministre russe de la Défense, Serguei Choïgou et en a profité, comme a tenu à le rappeler le président Poutine, sur les ondes de la télévision russe, pour « visiter l’université fédérale d’Extrême-Orient et certaines installations de l’Académie des Sciences de Russie, dont les laboratoires travaillent sur la biologie marine ».

Au cours de ce périple durant lequel l’aspect militaire a été omniprésent, après avoir assisté à une « démonstration » de la flotte russe du Pacifique, Kim Jong-un est monté à bord du navire de guerre russe « Maréchal Chapochnikov » où il a été accueilli par le commandant de la frégate en présence du commandant en chef de la flotte russe, Nikolaï Levmenov, qui lui a fait un exposé sur les caractéristiques du navire et sur ces armes anti-sous-marins que sont les « quadruples tubes lance-torpille et les lance-roquettes RBU-6000 ».

Accompagné du vice-ministre russe chargé de l’Industrie, Denis Mantourov, le leader nord-coréen a, également, visité des installations de production d’avions de combat et de transport civil du constructeur « Soukhoï » et assisté à une démonstration en vol d’un chasseur Su-35.

Lors de leur rencontre, mercredi, sur le cosmodrome de Vostotchny, à près de 8.000 kilomètres à l’est de Moscou, le président russe et son homologue nord-coréen se sont échangé des fusils en guise de cadeau afin d’afficher leur proximité et de manifester leurs craintes mutuelles vis-à-vis du monde occidental qui soupçonne Moscou de vouloir acquérir des armes auprès de la Corée du Nord pour sa guerre contre l’Ukraine et Pyongyang de chercher à acquérir des technologies pour ses programmes nucléaire et balistique.

Dans sa réponse au leader nord-coréen qui a tenu à préciser, au cours de cette rencontre, qu’un rapprochement avec Moscou est « une priorité absolue », le président russe, faisant fi des sanctions internationales infligées à Pyongyang du fait de ses programmes nucléaire et balistique, a évoqué les « perspectives » de coopération militaire entre leurs deux pays quand bien même Washington a exprimé sa « préoccupation » de l’éventualité de l’achat, par la Russie, de munitions nord-coréennes et, qu’en lui emboîtant le pas, Séoul ne s’est pas empêché de mettre en garde les deux parties contre une telle transaction.

Mais, en dépit de cette levée de boucliers, Pyongyang, qui dispose d’importants stocks de matériel datant de l’ère soviétique et qui produit de grandes quantités d’armes conventionnelles pourrait livrer à Moscou des roquettes de calibre 122 mm destinées aux lance-roquettes multiples (MLRS) BM-21 « Grad » produits par l’ex-URSS en contrepartie de pétrole, de biens alimentaires et d’un accès à des technologies spatiales.

En outre, face au double-échec, de la Corée du Nord, à placer en orbite un satellite militaire espion, l’éventualité que la Russie vole à son secours pour la fabrication de satellites, voire même au titre de l’envoi d’un cosmonaute nord-coréen dans l’espace, n’est pas à écarter et pourrait constituer une première pour le régime de Pyongyang.

Enfin, bien qu’au terme de ce voyage, Kim Jong-un ait invité le Président Vladimir Poutine à se rendre en Corée du Nord, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin a tenu à préciser que, pour l’heure, aucun accord n’a été signé, en ce sens, par les deux chefs d’Etat.

Le président russe va-t-il, néanmoins, réserver une suite favorable à la demande de son illustre hôte et lui rendre visite à Pyongyang ?

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