Erdogan fustige Israël et encense le Hamas

Attendons pour voir…

Après la publication, par le ministère turc des Affaires étrangères, d’un communiqué accusant Israël de « commettre un crime contre l’humanité devant le monde entier sans même tolérer la critique et la condamnation », en prenant la parole lors du « grand meeting pour la Palestine » qui a rassemblé, ce samedi, plusieurs centaines de milliers de personnes sur le tarmac de l’ancien aéroport Attatürk, dans la banlieue ouest d’Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan ne s’est pas empêché de qualifier les autorités de l’Etat hébreu d’ « occupants » et d’«envahisseurs ».

Portant des lunettes de soleil et, sur les épaules, le traditionnel keffieh, ce foulard palestinien à damier, le chef de l’Etat turc, qui a saisi cette occasion pour s’ériger en champion de la cause palestinienne et de la cause arabe, en fustigeant Israël et en encensant le Hamas, a d’emblée, lancé, à l’adresse des chancelleries du monde entier, que le Hamas n’est pas, quoiqu’on en dise, une « organisation terroriste » mais un « mouvement de résistance » et « un groupe de libérateurs qui protègent leur terre ».

Il a, également, ouvertement accusé l’Occident, « à l’exception », toutefois, « de quelques consciences qui ont élevé la voix », d’être « le principal coupable des massacres à Gaza » dès lors qu’il a délibérément « octroyé », à l’Etat juif, le « droit de se défendre » et ce, au mépris du Droit international humanitaire et en créant cette « atmosphère de croisades » contre les musulmans qui « l’autorise », désormais, à commettre « des crimes de guerre ».

Bien que, dans son intervention, il ait reconnu à « chaque pays le droit de se défendre », le président turc, soucieux de voler, comme à son accoutumée, au secours « des opprimés », s’est demandé, néanmoins, « où est la justice » quand « ce qui se passe à Gaza n’est pas de l’autodéfense mais un massacre » et s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles, après avoir « pleuré les enfants tués en Ukraine », en se trouvant « face aux enfants tués à Gaza »,  l’Occident se terre dans ce silence assourdissant qui fait de lui « le principal coupable des massacres » dont ils sont victimes ; étant entendu que, sans son appui, Israël ne « peut pas faire un pas ».

Le ton et la posture adoptés, par le président turc, lors de ce meeting, ne sont pas sans rappeler le comportement qu’il avait eu au Forum de Davos en 2009, lorsque, pour protester contre le lancement par Israël, de l’opération « Plomb durci » qui, à l’époque, avait déjà visé le Hamas, il avait, dans un coup de colère, renversé la table face à Shimon Pérès.

Et si, enfin, après ce rassemblement, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a annoncé, sur X (ex-Twitter), qu’ « étant donné les graves déclarations en provenance de la Turquie, (il a) ordonné le rappel des représentants diplomatiques afin de réévaluer les relations entre Israël et la Turquie », on est en droit de nous interroger sur les représentants diplomatiques concernés étant donné que, le 19 Octobre dernier, Tel Aviv avait déjà sommé tous ses diplomates en poste en Turquie, de quitter le pays par « mesure de sécurité » et que tous les intéressés sont supposés avoir répondu à cette injonction.

De là à dire qu’il ne s’agit-là que d’une simple gesticulation intempestive, nulle et non avenue, il n’y a qu’un pas que l’on pourrait franchir aisément mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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