Royaume-Uni : retour de David Cameron et limogeage de Suella Braverman

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

La guerre qui fait rage dans l’enclave palestinienne de Gaza a coûté son poste à la ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman, limogée après avoir mis en cause l’impartialité de la police dans sa gestion de la manifestation pro-palestinienne qui avait réuni, samedi, à Londres, plus de 300.000 personnes, selon la police, et 800.000 selon ses organisateurs.

Appartenant à l’aile droite du parti conservateur, Suella Braverman, qui avait été nommée, par Liz Truss, à la tête du ministère de l’Intérieur avant d’être confirmée, à ce poste, par Rishi Sunak, incarne la frange « Brexiter » favorable à une ligne dure en matière d’immigration et sa présence au sein du gouvernement a permis au Premier ministre de rallier l’aile droite du parti.

Mais en reprochant, dans une tribune publiée par le « Times », à la police londonienne d’avoir autorisé une manifestation qui, à ses yeux, était une « véritable « marche de la haine » comparable à celles qui ont lieu en Irlande du Nord, l’intéressée qui est une habituée des propos provocateurs comme ceux par lesquels elle avait dénoncé l’immigration clandestine qu’elle avait assimilée à une « invasion sur les côtes sud du pays (…) hors de contrôle », a directement mis en cause l’autorité de Rishi Sunak.

En agissant ainsi, Suella Braverman a mis le gouvernement au-devant de la nécessité de prendre ses distances avec elle en refusant de « valider » des propos qui ont suscité l’indignation de la classe politique britannique dans son ensemble et poussé plusieurs responsables à l’accuser de mettre de l’huile sur le feu même s’il est vrai, toutefois, que cette marche qui réclamait un cessez-le-feu dans la bande de Gaza s’était tenue contre l’avis du gouvernement qui l’avait jugée « irrespectueuse » pour avoir été programmée durant le week-end commémorant l’armistice de la Première Guerre mondiale.

Cette marche avait, en outre, été perturbée par une contre-manifestation initiée par l’extrême-droite rassemblant quelques 150 contre-manifestants, masqués et tout de noirs vêtus, appartenant à l’English Defence League, une organisation d’extrême-droite dont 126 militants ont été interpelés après avoir attaqué les forces de l’ordre en leur jetant des projectiles et des feux d’artifice.

En considérant que ce sont les propos de Suella Braverman, qui ont encouragé les militants de l’extrême-droite à attaquer les forces de police, le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, a appelé à la démission de l’intéressée et, ce lundi, en lui emboîtant le pas, le Premier ministre britannique  Rishi Sunak, dont le parti, qui est au pouvoir depuis 14 ans, est très largement distancé, dans les sondages, par les Travaillistes, a limogé sa ministre de l’Intérieur dans le cadre d’un remaniement qui est attendu depuis fort longtemps et qui intervient à l’approche des législatives prévues l’année prochaine.

Son remplaçant, l’ancien ministre des Affaires étrangères, James Cleverly, a laissé sa place à David Cameron.

Ce dernier, qui fait, ainsi, son retour aux affaires de l’Etat après avoir été Premier ministre de 2010 à 2016 et échoué en convoquant le référendum concernant le Brexit et en militant ardemment pour le maintien dans l’Union européenne, a déclaré, cette fois-ci, être entièrement disposé à mettre son expérience au service de ces « défis vitaux » du moment que sont « la guerre en Ukraine et la crise au Moyen-Orient ».

Quel sera l’apport de David Cameron au gouvernement de Rishi Sunak alors que les défis auxquels il sera confronté sont de taille ? … Attendons pour voir…

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