COP28 : Une édition perturbée par les tensions géopolitiques

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

La Conférence sur les changements climatiques, appelée COP28, qui se tient à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, du 30/11 au 12/12/2023 et qui est la 28ème conférence des Etats signataires de la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la 18e des Etats signataires du Protocole de Kyoto (CMP-18) est le rendez-vous annuel le plus important en matière de lutte contre le changement climatique.

Mais la 28ème édition de cette conférence, qui est supposée réunir tous les dirigeants de la planète, a été perturbée par le fait qu’en s’y invitant par «la force des choses», les tensions géopolitiques de l’heure, notamment la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien, y ont pris une place prépondérante.

Aussi, en protestant contre la présence de représentants de l’Etat hébreu, jugée «contraire aux objectifs et aux lignes directrices de la conférence», la délégation iranienne a, dès vendredi matin, quitté les lieux en invoquant les «crimes de guerre et le génocide» perpétrés par «le régime sioniste» contre la population palestinienne et confirmé, ainsi, ce que l’agence officielle de presse iranienne IRNA avait déjà annoncé la veille ; à savoir, que le président iranien Ebrahim Raïssi «ne participe(rait) pas à la réunion de l’ONU sur le changement climatique» du fait de «l’invitation de responsables du régime sioniste».

La présence de la délégation russe constitue, également, une «entrave» au bon déroulement de cette 28ème édition de la Conférence sur les changements climatiques dès lors que, la semaine précédente, les délégations des pays baltes – Lettonie, Lituanie et Estonie – et de la Pologne et de l’Ukraine avaient boycotté les travaux d’une réunion de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) qui s’était tenue en Macédoine du Nord, afin de protester contre la présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Aussi, à Dubaï, en l’absence du président russe, Vladimir Poutine, c’est le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, son principal allié présent à la COP28, qui a été la cible des critiques des représentants des pays de l’Europe de l’Est qui ont refusé de poser sur la «photo de famille» des leaders présents à cette conférence car ils accusent la Biélorussie d’être devenue « une base arrière pour l’agression russe de l’Ukraine » et lui reprochent de chercher à déstabiliser la région en orchestrant un afflux de migrants vers l’UE.

Mais si telle est l’atmosphère dans laquelle se déroulent les travaux de cette COP28, qu’en sera-t-il, alors, des questions purement «environnementales» inscrites à son ordre du jour sachant que la combustion, depuis le XIXème siècle, du charbon, du pétrole et du gaz conduit inexorablement la planète Terre vers un réchauffement de près de 3°C, «invivable» pour ses occupants, et que la plupart des dirigeants se sont contentés de répéter leurs engagements existants sur le climat dont presqu’aucun n’est en phase avec l’accord qui avait été signé à Paris au titre de la COP21 ?

Considérant, enfin, que les Etats-Unis se sont engagés à contribuer, à hauteur de 3 milliards de dollars, au Fonds vert pour le climat alors qu’ils n’avaient rien versé depuis 2014, que 118 pays ont promis de tripler les capacités d’énergies renouvelables d’ici 2030, qu’une vingtaine d’Etats ont appelé à tripler les capacités de l’énergie nucléaire d’ici 2050 et que cinquante géants pétroliers ont promis de lutter contre la décarbonation mais que, comme a tenu à le rappeler le président polonais Andrzej Duda, «sortir des énergies fossiles engendre une charge trop lourde pour la société », attendons  pour voir…

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