L’artisanat et la musique, porteurs de l’âme sénégalaise

Grande nation africaine, le Sénégal jouit d’une réputation culturelle distincte tant sur le plan continental qu’international, grâce notamment à un patrimoine richissime en musique, danses, artisanat et littérature orale.

En consacrant le Sénégal comme invité d’honneur, la 13ème édition du Moussem de Tan-Tan (5-10 mai) a été l’occasion de présenter quelques éléments constitutifs de cette culture, particulièrement à travers l’œuvre de musiciens comme la troupe « Yela » de Houleye Lama Gawlo et d’exposants, dont les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès.

Respectée au-delà des frontières du pays, la musique sénégalaise est aussi diverse que les multiples mosaïques composant le pays, et est conséquemment répartie selon plusieurs genres, comme le Pekan, musique des pêcheurs du Nord, ou le Goumbala, celle des chasseurs.

Le Yela figure parmi les plus importants de ces genres musicaux traditionnels. Réputé musique de femmes, du fait qu’il reproduit les sons des femmes quand elles pilent le mil, le Yela se rythme en tapant des mains et sur des calebasses.

L’artiste chanteuse Houleye Lama Gawlo et sa troupe se sont produites sur la scène d’El Ouatia dans le cadre des soirées artistiques du Moussem de Tan-Tan, gratifiant le public d’une belle ouverture sur l’univers de la musique Yela.

Par une belle matinée ensoleillée dans un restaurant-café donnant sur la sublime plage d’El Ouatia, Houleye Lama Gawlo a indiqué à la MAP que le Yela est joué à l’occasion de plusieurs cérémonies à caractère rituel, religieux ou culturel.

« Lors des fêtes de mariages, nous chantons des chansons d’amour, lors des baptêmes, nous chantons les liens de parenté, les rois et les descendants nobles », a-t-elle expliqué.

Cette dame amène au visage serein a fait valoir que l’ensemble des membres composant sa troupe sont « griots d’origine peule et de descendance noble ».

Institution forte ancienne au Sénégal comme en Afrique de l’ouest, les griots jouissent d’une influence historiquement enracinée dans cette partie du continent, et qui a été attestée d’ores et déjà au 14ème siècle par les témoignages du célèbre voyageur marocain Ibn Battouta.

La musique de Houleye Lama Gawlo incarne, donc, cette culture griot, et dont les instruments caractéristiques sont le Bolan, sorte de cruches longiformes à base de calebasse et utilisées avec une rythmique accompagnant la gestuelle des mains et des pieds, et le Hoddou, qui est une guitare à trois cordes faite à base de bois, de fil de pêche et de peau de chèvre ou de mouton, fait savoir l’artiste sénégalaise. En plus de la musique, l’artisanat sénégalais a été également mis en valeur lors du Moussem. Déployé à l’occasion, le stand du Sénégal a proposé une exposition dévolue aux produits artisanaux du pays de la Teranga, notamment la tapisserie et la sculpture sur bois.

« Nous avons exposé des tapisseries murales, c’est-à-dire des tapis confectionnés entièrement à la main et qui sont destinés à la décoration murale », a indiqué à la MAP Awa Mbacke, exposante pour les Manufactures Sénégalaises des Décoratifs de Thiès (MSAD).

Ces tapisseries murales sénégalaises « sont faites à base de laine et de coton, à partir d’œuvres d’artistes que nous avons sélectionnées et que nous reproduisons et agrandissons dans des papiers qu’on tisse ensuite en laine pour sortir les mêmes format et dessin », a-t-elle détaillé.

Les MSAD ont été implantées dans la ville sénégalaise de Thiès en 1966, à l’initiative de l’ancien président feu Léopold Sédar Senghor. Dans une allocution, samedi dernier à Oued Chbika, le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication sénégalais, Birane Niang, a cité le modèle porté par les MSAD, qui puise dans le vaste champ de la création et de la créativité visuelle, tout en mettant en avant l’économie culturelle, fruit d’une synergie entre le monde de la culture et celui de l’entreprise.

Outre les MSAD, le stand sénégalais a exposé aussi des sculptures et des objets d’art faits en bois et reprenant des thèmes récurrents comme les lions, les chevaux et les baobabs, éléments symbolisant la faune et la flore du pays, a ajouté Mme Mbacke, qui a représenté le ministère de la Culture de son pays au Moussem de Tan-Tan.
L’artisanat et la musique constituent, donc, la somme totale des particularités partagées par les différentes composantes du peuple sénégalais, et sont, à cet effet, porteurs de la mémoire vivante de la communauté.

En incarnent les sens de la vie communautaire, du sacré et de la tradition orale, ils permettent de saisir l’authenticité de l’âme sénégalaise et de comprendre son impact sur le continent et le reste du monde.

Al Mustapha Sguenfle (MAP)

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