Les signes d’une émeute!

Les événements de la région du Rif qui se sont étendus sur pas moins de sept mois d’affilée, ne cessent de défrayer la chronique. Le cumul du malaise durant toute cette période d’agitation, a généré une constance de plus en plus ardue et résistante.

À mesure que la négligence s’incruste dans nombre de patelins et localités frappés par le dénuement et l’indécence, des décennies durant, le désarroi collectif s’empare des populations rifaines, au point de tout renier sur leur passage. L’oued de la défiance sort de son lit, occasionnant une forte crue dans les rues de la ville d’Al Hoceima et ses banlieues. De surcroît, la contagion de solidarité s’installe dans un certain nombre de régions du pays et crée, au fil du temps, une large riposte de masse dont la marche de Rabat est, manifestement, une forte illustration.

Avec un gros retard décennal, l’Etat se précipite pour réapproprier une situation qui semble déborder de toutes parts. Quoique tardif, cet élan de rescousse tenterait de limiter les dégâts et apaiser les crispations. Cependant, l’effort déployé sous pression afin de maintenir tout d’abord dans la paix, cette zone « embrasée » et de planter à la hâte des projets à caractère plutôt social, s’accomplit, sans doute, au détriment d’un plan de bord stratégique régional. On a l’air de se soucier d’éteindre le feu et on voit par la suite, ce qui adviendra!

Il est donc bien clair que cette approche sécuritaire et discriminatoire qui a émaillé les politiques publiques nationales, depuis fort longtemps, s’avère déficitaire et attentatoire à la stabilité sociale.

Compte tenu de ces incidents dramatiques qui ont sérieusement affecté la dynamique des réformes, révélant cette conduite ségrégative régionale et, en conséquence, ébranlé l’image du royaume au sein de la communauté universelle, le retour à l’évidence est inéluctable. Cette déchéance déplorable qui révèle, aujourd’hui, les limites, voire les périls d’une politique entachée d’exclusion et d’approximation, ne saurait alors perdurer. On ne fait, en fait, que récolter la défaillance des décennies d’insouciance, alors que les sentiments de frustration grossissent dans les zones laissées pour compte et finissent par s’insurger, au grand jour.

Il ressort alors de cette désillusion qui se répercute actuellement dans les artères et les ruelles que l’Etat, au-delà de ces sursauts de raccommodage salutaire, il est vrai, est appelé à se pencher sérieusement, à notre sens, sur deux missions essentielles. Tout d’abord, Il est censé revoir, dans l’immédiat, la répartition des ressources nationales dans le but de résorber les disparités sociales et territoriales. D’autant plus que ces inégalités menacent non seulement la sécurité du peuple, mais également celle du régime. La seconde tâche réside en la levée de l’épée de Damoclès sur les formations politiques, syndicales et associatives sérieuses dont le rôle est présentement escamoté au profit d’une entité dominante responsable d’une bonne partie de l’actuelle crise dans le Rif. L’émergence de partis forts et autonomes constituerait une réelle courroie de médiation entre les cendres de décision et les citoyens, axée sur la confiance et la concertation. Cette démarche citoyenne mettrait, à coup sûr, fin à des aventuristes-justiciers, commandités à distance, qui sèment la rébellion et la discorde.

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