Brahim El Haissan fait intensément vibrer les «Traces nomades»

On ne présente plus Brahim El Haissan. Un artiste-peintre actif, incisif et admiratif de l’art à la fois sobre et profond. Son long parcours créateur et chercheur dans les dédales de la culture plastique, dans ses divers méandres, gratifie le paysage artistique et idéel d’une prestation des plus sérieuses et des plus généreuses pour la contemporanéité et la  postériorité. Dans ce domaine où il sait allier avec brio non sans peine, les finesses de l’esthétisme et de l’épistémologie avec les qualités humaines et intellectuelles, cet éminent artiste a pu graver son nom dans le registre des artistes de haute facture tant à l’échelon national que régional.

Ses œuvres exposées s’inspirent plus particulièrement, du patrimoine culturel et esthétique du désert. C’est une fête à l’honneur des sens : rythme mélodieux des caravanes avec leurs chameaux, piquets de la tente, mouvements des dunes et bruissements des vents, pigments à l’œuvre dans le costume féminin traditionnel qu’est la «Melehfa», signes et symboles abstraits déjà présents dans les travaux artisanaux.

Trois collections composent cette exposition qui connaitra aussi trois étapes qui passeront par Agadir, Tan-Tan, Laâyoune et enfin Rabat. A chaque station, des conférences et tables rondes seront animées par un parterre de chercheurs et critiques d’art, du Maroc et du monde arabe.

A l’occasion de cette exposition, un Folio sera publié comprend des approches analytiques de plusieurs critiques d’art de renommée du Maroc, France et de divers pays arabes. Textes arabes : Talal Moualla (Syrie), Amal Nasr (Egypte), Fetah Benameur (Tunisie), Mohamed Chiguer (Maroc), Mostafa Issa Ahmed (Egypte), Sami Ben Ameur (Tunisie), Chafik Ezzouguari I (Maroc) et Benyounes Amirouche (Maroc). Textes français: Daniel Couturier (France), Hassan Moukdad (Maroc) et Said Karmas (Maroc).

Il  est à signaler que le vernissage de l’exposition aura lieu Vendredi 07 Juillet 2017 au Musée Municipal du Patrimoine Amazigh d’Agadir à partir du 19h (Bd. Hassan II, passage Ait Souss- Agadir).

A propos de cette expérience plastique, les critiques d’art suivants ont écrit dans le Folio de l’exposition:

Saoudi El Amalki

 

Témoignages

1- Daniel Couturier- Journaliste et critique d’art français:

Les œuvres plastiques ne sont pas le résultat d’idées soudaines ni de l’inspiration du moment mais bien matérialisée, après une longue recherche et l’aboutissement d’un long travail d’historien voire d’ethnographe. Il trouve son inspiration dans le travail et sa verve naît bien du labeur quotidien. Il aime travailler dans son atelier silencieux! Après avoir froissé la tarlatane, El Haissan me disait qu’il voyait dans ce qu’il présentait maintenant, une sorte de rupture avec son ancienne vision. Je ne le pense pas car s’il découvre aujourd’hui une nouvelle matière tissée, s’il s’attache à des échantillons de décoration, ronds, croix, carrés, mélanges de coloris trop délavés, galons… tout cela est renforcé par le complexe des éléments irrationnels d’ordre émotif et sensuel avec lesquels sa nature doit s’arranger.

Ces éléments originairement hétérogènes s’assimilent, les fonctions primitivement opposées s’accordent en vue d’une harmonie, sérieuse recherche de l’expression par désir d’explorer les ressources de rythmes et d’images propres à créer la poésie et à permettre la transmission. Il est attentif à ne rien laisser perdre de ce qui donnait son caractère à l’expression même de l’artisanat, aux habitudes traditionnelles, aux coutumes locales.

2- Hassan Moukdad- Artiste plasticien, Prof. d’histoire de l’art- Casablanca

Brahim El Haissan, ce natif de Tan-Tan représente en effet cette nouvelle génération d’artistes- intellectuels qui allient la quête de la pensée et la recherche plastique et esthétique : L’amour de l’écriture et la passion de peindre. El Haissan est surtout connu par ses nombreux écrits sur l’art parus dans toute une panoplie de quotidiens et revues au Maroc et hors des frontières, ainsi que par la production de nombreux ouvrages traitant des arts traditionnels au Sahara et d’autres focalisés sur le développement des arts plastiques contemporains dans notre pays et dans le monde arabe. Sa démarche plastique se fonde pratiquement sur le principe de l’expression expérimentale. Il met en œuvre toute un arsenal d’outils, de médiums et de supports: encres, pigments d’origine naturelle, peinture acrylique, safran, sable, tissus traditionnel sahraoui «Melehfa», toile,  papiers divers, notamment du papier kraft marouflé…

3- Said Karmass- Enseignant et essayiste- Tanger

J’ai connu Brahim El Haissan comme artiste, comme enseignant et comme critique d’art à l’esprit dynamique avec la sérénité d’un homme du désert.

A chaque rencontre, il me tend un article, (plus tard, ce seront des livres) sur un sujet nouveau. Son intérêt ne se limite jamais à un seul thème comme ferait quelqu’un qui se fixerait dans une spécialité au point d’en devenir expert. Non, il est telle une abeille qui se plait à goûter le nectar des mille et une fleurs avant de les transformer en un miel à la saveur unique. En tant que tel, Brahim El Haissan est un critique polyvalent et un intellectuel nomade, car ses déambulations dans le monde des arts sont des promenades dans les dédales d’un jardin merveilleux, des recherches assidues non seulement en quête des traces, mais aussi des sensations et pensées inédites. Ce sont là les trouvailles que seul un véritable éclaireur peut voir et faire voir, dans un univers riche en code et signes du Beau signifiant.

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