Les acteurs non-étatiques réunis autour des enjeux climatiques à Agadir

2eSommet Climate Chance

Agadir, branché aux ondes climat pendant trois jours! Presqu’un an après la COP 22 tenue à Marrakech et à quelques semaines de la COP23 qui se tiendra à Bonn sous la présidence des îles Fidji, la capitale du Souss accueille du 11 au 13 septembre une pléthore de chercheurs, d’ONG(s), de collectivités territoriales, d’entreprises, de syndicats, de fédérations professionnelles à l’échelle planétaire, dans le cadre de la 2e édition du Sommet Climate Chance, dédié aux acteurs non-étatiques. Le coup d’envoi du méga-événement a été donné hier dans la capitale du Souss, en présence de plusieurs acteurs étatiques marocains, européens, africains… Objectif : mesurer et valoriser les progrès de l’action des acteurs non-étatiques pour contenir le réchauffement sous la barre des 1,5°C.

«17 objectifs pour le développement durable», «Accord de Paris sur le Climat» en 2015, «Déclaration de Marrakech pour l’action climatique globale» en 2016, l’initiative Ceinture Bleue… les accords sur le climat continuent de s’empiler au moment où le dérèglement climatique est de plus en plus préoccupant. En 2016, le monde a enregistré des records de température à l’échelle planétaire. Les catastrophes naturelles se multiplient, témoignant de l’urgence d’une action coordonnée entre les acteurs étatiques et non-étatiques. D’ailleurs, c’est dans cette vision que s’inscrit le Sommet Climate Chance.

En effet, il apparait clairement qu’aucun Etat ne pourrait atteindre ses engagements en matière de climat, sans la mobilisation des différents acteurs non-étatiques que sont la société civile, les collectivités territoriales, le secteur privé et sans prendre en compte l’action concrète et de quotidienne portée par ces acteurs. «Nous n’avons pas le luxe du temps. Il faudrait que les acteurs étatiques et non-étatiques perçoivent la situation de la même façon et collaborent», a déclaré Patricia Spinoza, secrétaire exécutive de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique, dans son allocution d’ouverture. Ainsi, le Sommet Climate Chance se veut le «moment important de valorisation du progrès de l’action des acteurs non-étatiques», a souligné Brahim Hafidi, président de la région Souss-Massa, co-organisatrice du Sommet.

Ce sont plus de 5000 inscrits qui participent à ce grand rendez-vous, a déclaré Ronan Dantec, président de Climate Chance. Au programme, sont prévus plus de 80 ateliers de bonnes pratiques autour d’une quinzaine de thématiques, ayant trait, notamment, à la mobilité et le transport, l’énergie, les bâtiments durables, la transition écologique et l’emploi, l’eau, les océans, l’économie circulaire, l’agriculture, la forêt et la biodiversité, la coopération décentralisée, l’éducation et la sensibilisation au changement climatique, l’adaptation, la planification territoriale, l’accès au financement et la culture. Au cours de la première journée, deux plénières ont été organisées sous le thème «l’Accord de Paris, 2 ans après» et «comment aligner les flux de financements pour une action climatique locale».

Une 2e édition consacrée à l’action concrète

Si la COP 22 a été organisée sous le signe de l’«Action», cette 2e édition du Climate Chance s’enracine également dans cette même vision. Selon Ronan Dantec, cette seconde édition poursuit la dynamique de dialogue multi-acteurs du 1er Sommet, tenu l’année dernière à Nantes en France. «Elle se veut une réponse commune des acteurs non-étatiques aux dirigeants du monde qui refusent de collaborer pour contribuer à protéger le monde des effets du changement climatique», a-t-il déclaré à l’ouverture du Sommet. Cette édition permettra d’approfondir les échanges sur les réussites, les difficultés, favoriser la mutualisation des expériences et des innovations en matière de climat.  Elle sera également l’occasion de faire le point sur l’avancée et la gouvernance de l’agenda de l’action climatique globale (GCA) défini dans le cadre de l’accord de Paris, et de pointer des solutions pour préparer les recommandations pour le dialogue de facilitation en 2018. Ce Sommet proposera en outre des rencontres de haut niveau sur le Partenariat de Marrakech, dans l’objectif d’amplifier l’action climatique et de permettre d’établir la connexion entre climat et développement, en d’autres termes faire des outils de lutte contre le dérèglement climatique des solutions pour les autres défis comme la lutte contre la pauvreté, l’accès à l’énergie durable, l’eau et autres ressources, le développement urbain durable, la souveraineté alimentaire, l’égalité homme-femme, la préservation des ressources naturelles…

Au cours de ce Sommet, une part belle sera faite à l’Afrique. En effet, la journée du 12 septembre sera consacrée au contexte africain, aux enjeux du continent en termes d’adaptation, d’urbanisation et de coopération décentralisée. Le Sommet s’achèvera le 13 septembre avec une déclaration d’engagement collectif des acteurs non-étatiques.

Les Etats-Unis présents à Agadir

Le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris, annoncé par le président Trump, aura été historique dans le cadre des négociations sur le climat. Toutefois, cela n’a pas découragé les acteurs non-étatiques américains : chercheurs, ONG, collectivités territoriales à participer au 2eSommetClimate Chance à Agadir. Dans son mot d’ouverture, Ronan Dantec, a salué leur présence au Sommet. Le président de la COP22, Salaheddine Mezouar, a tenu à féliciter le chargé de l’environnement de l’Etat de Californie, pour la fermeté de son territoire contre les déclarations de l’actuel président américain sur le climat. Il a également salué les villes et entreprises américaines qui se sont opposées ouvertement au retrait des USA de l’accord de Paris. «Cette opposition est une démonstration de l’importance des acteurs non-étatiques contre les décisions erronées des acteurs étatiques sur les enjeux climatiques», a conclu Mezouar, dans son allocution d’ouverture du Sommet.

Danielle Engolo

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