Nostalgie et stratégie de relance!

Est-on bien satisfait de la prestation du tourisme à Agadir, depuis déjà un bon bout de temps ? La question serait, à coup sûr, provocatrice, car la réponse ne saurait être autre que négative, sans pour autant sombrer dans le négativité démesurée.

La capitale du Souss qu’on s’était toujours plu de citer, non sans vive fierté, parmi les plus belles baies du monde, a beaucoup perdu de son éclat, non pas de son atout naturel ayant fait sa notoriété, notamment la mer et le soleil, mais de son capital lié à son ingéniosité humaine et novatrice. En fait, sans trop remonter dans le temps, on se rappelle, il y a un peu plus d’une décennie et demie, juste au lendemain de la mise en train du concept du Conseil Régional du Tourisme (CRT) dont le modèle des statuts a été repris jusqu’ici, par tous les CRT du royaume,  la première station balnéaire survolait ses pareilles du royaume et rivalisait avec nombre de ses concurrentes d’outre-mer.

Ces temps-là, il y avait, à la tête de cette institution fédératrice, des ténors de haut calibre qui, par leur charisme et leur maestria, pouvaient faire vibrer les audiences et se faire entourer des décideurs, tous azimuts. Ces professionnels imbus de civisme, brillaient par leur courage d’initiative et leur autonomie de décision, à la différence de leurs successeurs qui, par leur registre de salariés et de soumis, ne pouvaient combler les attentes d’un secteur, en perpétuelle innovation. La destination fort outillée par ces experts patentés, s’adjugeait l’intérêt et l’apport d’aussi bien les services centraux du département de tutelle que les Tours Opérateurs les plus huppés des marchés émetteurs.

Aujourd’hui, la nostalgie de cette belle époque malmène les mémoires, mais ravive les désirs d’entrevoir la relance. Certes, le déficit est criard si l’on sait que, à titre d’exemple, Marrakech, façonnée de fond en comble par Agadir, il y a quelques années, caracole au sommet, avec une capacité litière frôlant les 80 mille, alors que son « maître » du Souss n’en est qu’à quelques 28 mille lits dont plus de la moitié est délabrée. Evoquant d’autres destinations compétitives, en matière de volume d’hébergement, comme les Iles Canaries, la Grèce ou encore l’Egypte et la Turquie pour ne citer que celles-là, il y a de lieu de rougir devant leurs prouesses éclatantes, en si peu de temps. Il est donc bien évident qu’à ce niveau, le manque à gagner est criant, d’autant plus que les normes actuelles de l’industrie touristique sont encore plus exigeantes et révèlent des carences plus substantielles dans des structures hôtelières surrannées qu’on croyait toujours commercialisables.

Ce qui implique qu’une série d’hôtels devrait être complètement rasée et non pas seulement rénovée. En effet, seule une poignée d’établissements hôteliers, de pas plus d’une dizaine répondant à ces exigences, peut prétendre honorer ces engagements planétaires, sans parler des pratiques extra-tourisme dont s’adonnent certains hôtels à la clientèle sortant de l’ordinaire. Au-delà des flux dont l’aérien est foncièrement lié, puisqu’on ne peut accentuer les arrivées sans relever l’assiette réceptive correcte et décente, d’autres aspects sont à rehausser d’une manière radicale et pérenne, en particulier le service, la prestation, l’animation, la sécurité…De surcroît, la ville est censée se doter des activités parallèles de qualité, des infrastructures de haute facture, de sites et lieux de détente et de divertissement fiables…

Qui pourra alors s’atteler à redorer le blason de cette métropole dont on continue à subjuguer le charme et le potentiel et dont le tourisme demeure l’un des piliers fondateurs de l’essor et celui du pays en entier ? Sûrement pas des commis de patrons du public ou du privé et dont le relèvement général du secteur n’intéresse guère ou dont la capacité d’agir fait défaut ! L’oiseau rare, en compagnie de son contingent cohérent, est à dénicher, non pas dans des cages cadenassés, mais au sein des valeurs de la compétence, du savoir-faire et du profil percutant, susceptible, d’aller de l’avant, de mener une stratégie d’action claire et édifiante, de fédérer toutes les énergies de la trilogie opérateurs du tourisme, autorités locales et corps élus… Il n’y en a pas beaucoup qui aient toutes ces aptitudes et qui puissent, en réels leaderships, mener à bien cette mission laborieuse, comme ils l’ont si bien fait, il y a quelques temps, au début des années 2000. Ils sont toujours là, en train d’attendre qu’on leur refasse confiance, leur déblaie le terrain et les dote de l’équipe adéquate.

Le nouveau Wali en est conscient. C’est pourquoi, il a dû ajourner la tenue de l’assemblée élective précipitée à plus tard, prendre tout son temps pour examiner les documents durany yout ce parcours pour pouvoir coopter enfin the right man in the right place!

Saoudi El Amalki

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