Majorité !

Éminemment politique, la photographie de la majorité gouvernementale après l’adoption de sa charte. La poignée de mains à six n’a pas été une réussite. Elle manque de conviction. On sent que c’était pour la galerie. Un évènement contreproductif qui ne fait que confirmer ce que l’on sait déjà.

Reste le texte qui a constitué l’occasion de cette sortie. Comme dans ce genre de proclamation rien n’est gratuit, la question se pose sur la publication d’une partie du préambule de la constitution et de son premier article en préliminaire de cet accord négocié. S’agit-il de synchroniser les positions partisanes sur l’essentiel en se calant sur le texte suprême adopté par le peuple marocain ? Le rappel des fondements et l’alignement sur le préambule de la constitution ont-t-il étaient rendus nécessaires par des divergences d’appréciation qui n’ont pu être dépassées que par ce biais ? On aurait pu faire référence à la constitution dans sa globalité et à la mise en œuvre de ces dispositions. Le temps apportera la réponse au moment où l’on s’attendra le moins.

S’agit-il d’une approche contractuelle, d’une référence politique qui pourrait encadrer l’action gouvernementale ? On ne voit pas dans le corpus du texte signé par les six secrétaires généraux des partis de la coalition quels sont les termes du contrat à moins qu’il s’agisse d’un contrat relationnel pour apporter une certaine souplesse et une certaine adaptation dans les engagements annoncés par le programme gouvernemental.

Plutôt qu’une photographie où l’alignement des uns semble être antagonique par la position et même la tenue de la main beaucoup plus axée sur le voisin que sur l’ensemble des présents ; le besoin est dans l’offre politique qui pourrait renouveler l’enthousiasme et relancer le processus démocratique sur des bases claires et clairvoyantes.

Les préoccupations du peuple marocain dépassent de loin la coordination, la discipline et la solidarité entre les membres de la coalition gouvernementale. Elles se focalisent plutôt sur les défaillances du système éducatif et de la nécessité d’y faire face. L’accès aux services de la santé angoisse la population qui aspire à une protection sanitaire de qualité. Les inégalités sociales amplifiées par les inégalités territoriales marginalisent la grande partie de la population qui manifeste pour profiter de sa part des richesses créées.

La majorité gouvernementale doit servir de «mouche du coche» pour le gouvernement pour qu’il agisse dans l’intérêt général. Elle ne doit pas constituer un ring où certains comptent les points dans l’attente de l’élimination de partenaires imposés par le jeu des alliances. Extravagants, pragmatiques, opportunistes, quels qu’ils soient et quel que soit leur positionnement dans cette majorité, ils doivent s’atteler à renforcer la participation, non pas de leurs ouailles, mais celle des plus grandes masses populaires à l’engagement politique et partisan. «L’éligerocratie» ne peut être la solution.

Le développement local, au niveau de chaque commune qu’elle soit située sur le littoral, aux confins des montagnes rifaines et atlasiques ou en plein désert dans nos provinces sahariennes, doit permettre à la population de s’approprier les avancées réalisées en se mobilisant pour les consolider et les conforter encore davantage. La pratique d’une régionalisation effective aiderait les élus à s’assumer dans la responsabilité beaucoup plus que dans la notabilité. Les parlementaires pourraient ainsi jouer un rôle dans l’intégration de ces efforts locaux à l’ensemble des politiques publiques nationales qui gagneraient en efficacité par leur territorialisation.

Le débat politique éclairera la voie de tout un chacun sur les choix nécessaires, les contraintes, les aspirations et sur les actions à mener à terme dans le cadre du préambule de la constitution rappelé par la charte de la majorité mais aussi de l’ensemble de ses dispositions. L’opposition, inaudible jusqu’à présent, devra s’exprimer plus pour éclairer l’opinion nationale sur ses conceptions et ses propositions au lieu de rester dans son nombrilisme, seulement préoccupée par les joutes de ses barons. A moins qu’elle ne soit pas majeure pour envisager de constituer une majorité!

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