Âme

Un parti politique, c’est quoi ? Ce n’est sûrement pas une assemblée d’experts et encore moins un club d’entrepreneurs. Il n’est pas un groupe de pression pour exercer son lobbying d’une manière dissimulée. Il ne peut être corporatiste et encore moins se confondre avec un syndicat. Encore que!

Organisations au service de l’idée, les partis issus du mouvement national ont lutté pour l’indépendance du royaume ; alors, que les partis dits «administratifs» ont vu le jour après l’indépendance et au gré de l’Administration, quand elle en ressentait le besoin et la nécessité.Le champ politique national est ainsi fait. Des scissions et des mues ont caractérisé l’ensemble des partis politiques marocains. Les frottements idéologiques, l’exercice du pouvoir, l’opportunisme (de gauche comme de droite) et «l’esprit de boutique soufflé généralement par le mokaddem du quartier» ont déterminés l’évolution des partis dans notre beau pays.

D’après le portail Maroc.ma du Ministère de la Culture et de la Communication, ils sont actuellement au nombre de trente-trois (33). 21 autres partis ont été soit dissous, soit disparus, soit fusionnés, soit renommés ou non reconnus. Ce nombreest jugé excessif par rapport à la population du pays. Il a plus que triplé du début de la mise en œuvre du processus démocratique dans notre pays au début du vingt et unième siècle.Le filtre électoral réduit presque de moitié cette représentation partisane dans les chambres du parlement.

Il faut le dire aussi ; suite à la mise en œuvre du processus démocratique et à son évolution, les partis de « notables » et les partis « de masse » cherchent à s’assurer le plus grand nombre d’électeurs. Cet aspect électoraliste tend vers l’établissement d’une «éligerocratie» qui constitue une dérive de la démocratie représentative.

Le rôle des partis politiques est de plus en plus mis à mal malgré sa reconnaissance dans la constitution. Aux dépens des partis issus du mouvement national, le recours aux «Sans Appartenance Politique» se réduit au profit des créations ex nihilo ou la pratique du réchauffé. Cela aboutit à un champ politique fragmenté où la multitude se contredit avec le pluralisme. Encore faut-il pouvoir sauvegarder son autonomie et l’indépendance de sa décision devant le pressoir que constitue le système électoral où l’usage de l’argent et d’autres influences restent prééminents sur le programme politique et la personnalité du candidat à la représentation au sein des collectivités territoriales ou des chambres du parlement.

Ainsi ; Il n’est pas aussi facile de gérer les affaires publiques ou de contribuer à le faire et de mettre en œuvre son projet politique.  Les alliances sont obligatoires sous le ciel du royaume et le programme mis en exergue restera celui de l’Etat. Si la mise en place d’un nouvel ordre social est beaucoup plus le fait des transformations économiques que le pays connaît ; de ce fait, la demande politique devient plus soutenue. L’identitaire reste permanent et s’infiltre par les pores d’une bigoterie créée par la déception d’une bourgeoisie en crise. Le moderne reste l’apparence alors que le traditionnel constitue le fondement d’une société en patchwork.

Entre le marteau du quotidien et l’enclume populaire, le parti politique s’ingénie à vivre et à se développer. De sa démocratie interne, tout le monde en parle sans pour autant la respecter dans sa globalité.Mis en concurrence, parfois au péril son existence, il trouvera dans son ancrage social, sa ligne politique et son rayonnement populaire les leviers de son succès. Il laissera parler son âme, donnant du sens et du poids à toute manifestation qu’il organise. La condition politique est pensée dans les contraintes du présent et les perspectives de l’avenir. Les idées se transforment en progrès et la politique s’exerce autrement au bonheur de ses adhérents.

Pour d’autres, l’action politique est assimilée à une marchandise, l’organisation qui la promeut ne peut que se limiter au marketing et à l’utilisation de la «Comm.» à la «Tony Blair». Le paraître devient plus important que la volonté de transformer la société pour que ses structures deviennent en phase avec les aspirations légitimes populaires au développement, à la justice sociale et au bienêtre. La politique de l’image l’emporte sur l’âme militante. Elle peut séduire certaines franges de la société mais ne convaincra jamais. Car, ce parti est azyme, il est sans âme.

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