Fatima Tabaamrant, l’icône de l’art amazigh engagé

Grâce à des performances hors-pairs et des paroles sondant les profondeurs de la vie quotidienne de toutes les composantes de la société marocaine, notamment amazighes, Fatima Tabaamrant s’est imposée, tout au long de sa carrière en tant que l’une des icônes incontournables de l’art amazigh engagé.

Fatima Chahou, dite Tabaamrant, a vu le jour en 1962 au milieu des montagnes de l’Anti-Atlas, et plus précisément dans le village d’Id Salem de la tribu d’Ouchekra à Lakhssass, et a grandi dans un climat artistique fertile dont l’impact a été déterminant dans la formation de son goût pour la poésie chantée amazighe.

Dans un entretien à la MAP, Tabaamrant confie ne pas se souvenir des prémices de sa passion pour la chanson et l’art amazighs, indiquant néanmoins qu’elle a grandi dans un environnement excellemment artistique bercé par différentes formes de l’art d’Ahwach et dans lequel pullulaient poètes et poétesses.

Elle se souvient avoir écrit son premier poème à l’âge de 13 ou 14 ans, et qu’elle a intégré la scène artistique en 1983, suivant les pas des grands chanteurs soussis tels que Rquia Demssiria, Hajj Mohamed Demssiri, Haj Belaaid, Ahmad Bizmawne et la troupe Ismawne, saluant au passage le rôle assuré par la radio dans la transmission des œuvres de ces pionniers au grand public.

Fatima Tabaamrant évoque avec un brin de nostalgie les débuts de sa carrière artistique avec l’artiste Hamidi, avant de traverser plusieurs troupes musicales, dont celles de Said Achtouk et surtout de Moulay Mohamed Belfkih, avec laquelle elle a interprété une chanson commune «Tanddamt» en 1985. A la fin de cette même année, elle a enregistré son premier album dans lequel elle a chanté certains des poèmes qu’elle a écrits, avant de former, en 1990, sa propre troupe musicale.

Tabaamrant dit avoir abordé, dans son vaste et riche répertoire, plusieurs sujets importants à ses yeux, consacrés à la mère et l’orphelin, thématique qu’elle affectionne particulièrement du fait qu’elle a perdu sa mère à l’âge de trois ans. Et comme elle a grandi au sein d’une nature époustouflante, elle a également chanté les éléments de cette nature et leurs effets bénéfiques sur l’âme humaine.

Mais c’est à partir de 1987 que l’œuvre de Tabaamrant a commencé à prendre des allures nettement philosophiques et identitaires traitant de l’identité et de la culture amazighes. En 1991, elle s’est penchée sur la question de l’enseignement de la langue amazighe aux enfants des Marocains résidant à l’étranger.

Fatima Tabaamrant a su conjuguer la passion pour la musique et l’engagement politique, allant même jusqu’à immortaliser son nom dans l’histoire du parlement marocain en tant que premier parlementaire ayant posé une question en langue amazighe au sein de l’institution législative, en 2012.

Elle a ainsi réussi à développer un style bien propre à elle, constituant par là même un véritable phénomène artistique amazigh et ce, à travers des chansons célèbres conciliant avec brio sérieux et élégance, comme «Tayri Nnoun A Yamarg», «Izd Akal n Tmazirt» et bien d’autres encore. Tabaamrant est ainsi parvenue à mettre ses efforts au service de la culture amazighe avec habilité et dévouement, s’imposant comme source d’inspiration intarissable et véritable modèle à suivre pour beaucoup de jeunes artistes marocains d’expression amazighe.

Mostapha Ayach

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