«La musique me permet d’articuler des idées pour lesquelles je n’ai pas de mots»

La 13ème édition de Jazzablanca Festival qui s’est tenue du 14 au 22 avril a tenu ses promesses avec une programmation alléchante et un public qui a massivement répondu présent. Cette 13e édition avait tout pour séduire. Retour en image sur les temps forts de cette édition.

Il fait partie de ces artistes aux multiples talents, qui sont toujours en quête de nouvelles aventures musicales. Shabaka Hutchings, originaire de London, est un musicien hors-normes. Ayant baigné dans le Jazz dès son plus jeune âge, il lui vient plus tard l’envie de faire carrière dans la musique afin d’explorer de nouveaux horizons. Avec son saxophone et son groupe «Sons of Kemet», composé de Seb Rochford, Tom Skinner, et de Theon Cross, il va à la découverte du jazz. De passage au Maroc pour jouer à Jazzablanca, Shabaka Hutchingsa répondu à nos questions, quelques instants avant de monter sur scène.

Al Bayane : Pour commencer, pouvez-vous revenir sur l’origine de vos influences musicales et comment continuent-elles aujourd’hui à influencer votre musique?

Shabaka Hutchings : J’ai vécu une enfance dans une communauté où, il y’avait beaucoup de musique qui m’entourait, que cela soit à l’église, au carnaval, à l’école, où à la maison. Avec le temps, j’avais de plus en plus envie de faire partie de ce monde musical, un monde qui était magique pour moi.

J’adorais ça, c’étaitma passion.Du coup,j’ai décidé de jouer de la clarinette à l’école, et c’est comme ça que mon lien avec la musique s’est créé.

Comment avez-vous pensé à faire de votre passion un métier?

Au début, je jouais pour mon propre et pur plaisir de faire de la musique. Je n’ai jamais vraiment pensé à cela comme un vrai métier dont je pourrais faire carrière, jusqu’au moment où ça m’a paru évident.

J’ai étudié dans un conservatoire de musique classique, et dès que j’ai terminé ma formation musicale, j’ai commencé à avoir des offres et propositions pour jouer dans des soirées musicales notamment des concerts.

Comment pouvez-vous définir votre style musical?

Je dirais que c’est une musique de «Diaspora africain». Une variété de tradition africaine propre à toutes les diasporas dans le monde.

Qui sont les musiciens qui vous ont inspiré dans le début de votre carrière et même aujourd’hui?

Je dirais, Courtney pine.C’est un saxophone Anglais qui mélange la musique caribéenne avec le jazz. En effet, il est l’un des premiers musiciens qui m’ont prouvé que l’on pouvait mélanger différents styles et créer de nouvelle version.

Aussi le musicien, Sanra, qui est un musicien Américain. Lui, m’attirait plus avec son approche philosophique à ce que signifie «jouer de la musique». Cette philosophie m’a influencé spécialement, d’ailleurs c’est l’une des bases de mon groupe «Sons Of Kemet».

Vous êtes loin des médias est ce que cela est dû à un choix ou ce n’est pas voulu?

Honnêtement, ce n’est pas un choix. A vrai dire, je pense que la musique que nous faisons n’est pas forcement la musique la plus commercialisé aujourd’hui au niveau de l’industrie. Dans le sens où,c’est l’industrie musicale du monde qui a décidé de ce qui est commercial ou pas.

Que pensez-vous de l’industrie musicale aujourd’hui? 

Je dirais que c’est un monde qui marche pour certaines personnes et pour d’autres non. L’industrie musicale fait partie inhérente du système capitaliste qui là créer. Tous les problèmes qui existent dans le capitalisme existe aussi dans le microcosme de l’industrie musicale.

Comment la musique influence t’elle votre vie?

Je dirais, que la musique me permet d’articuler des idées pour lesquelles je n’ai pas forcement demots. Pour moi c’est une autre forme d’expression. Ça me donne aussi la motivation psychologique pour entreprendre les choses qui sont difficile dans la vie.

Dans le jeu, comment créez-vous une interaction avec votre public?

Notre musique offre aux gens l’espace pour réfléchir.Nous essayons de les accompagner dans leurs propres pensées. Le fait qu’il n’y ait pas de chanteur dans notre groupe et qu’il n’y a pas de parole, fait que les gens peuvent rentrer dans leur propre monde et penser à leurs manières sans qu’ils soient dirigés par des mots ou par un message précis.

Est-ce votre première rencontre avec le public marocain?

Ma première fois, en tant qu’artiste performant dans le cadre d’un festival, mais ce n’est pas ma première fois au Maroc. En septembre dernier je suis venu à Casablanca, et j’ai eu l’occasion de découvrir et d’assister à une performance de «Kabaret Chikhats». La réaction des gens à la musique m’a donné envie dejouer ici. Et aujourd’hui nous sommes là.

Avez-vous une préférence a un type précis de musique marocaine?

«Isawa», «Gnaoua», et «Tamazight», sont les types de musique que j’essaie d’explorer en ce moment.

Des futurs projets en vue?

Pour le moment nous sommes au début de notre tournée qui va continuer à travers l’été. En parallèle, nous travaillons aussi sur notre prochain album qui verra le jour prochainement, Staytuned.

Propos recueillis par Omayma Khtib

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