Des suites du retrait des USA de l’accord sur le nucléaire iranien…

Après avoir annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de 2015 portant sur le programme nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions à l’encontre de Téhéran, Donald Trump a émis le souhait d’être «en mesure d’aller dans les bases militaires (iraniennes) pour voir si oui ou non ils trichent».

Il n’en fallait pas plus pour pousser le finlandais Tero Varjoranta, Directeur-adjoint de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) chargé depuis Octobre 2013 de la vérification du bon respect du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), à annoncer sa démission. Et même si ce dernier n’a pas donné les raisons de cette démission, il est difficile de ne pas considérer qu’elle a un lien très étroit avec la décision du président américain qui discrédite de la manière la plus claire qui soit le travail de l’AIEA allant même jusqu’à faire fi des propos par lesquels le Directeur Général de l’A.I.E.A Yukiva Amano avait, de nouveau, confirmé ce mercredi que l’Iran qui «est soumis au régime de vérification le plus fiable du monde en matière de nucléaire» remplissait ses engagements conformément à l’accord signé à Vienne en Juillet 2015.

Nous voyons donc que cette fois-ci encore les travaux des inspecteurs de l’AIEA sont remis en question par les Etats-Unis comme ils le furent en 2009 lorsque Washington n’avait pas tenu compte des conclusions émises par l’AIEA quand elle avait signalé n’avoir relevé aucune «indication de reprise d’activités nucléaires» dans les sites irakiens identifiés. La suite tout le monde la connait et la déplore aujourd’hui…

Dés ce mercredi, l’Union Européenne a entamé des discussions avec les autorités de Téhéran pour les convaincre de ne pas «sortir» de l’accord encadrant le programme nucléaire iranien tel que signé à Vienne en Juillet 2015 avec les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne alors que, de leur côté, Pékin et Moscou tentent, également, de sauver cet accord.

C’est ainsi qu’en réponse au souhait formulé par ces diverses chancelleries, le Président Rohani a fait savoir que son pays qui demeure, pour l’instant, fidèle à l’accord de Vienne se tient prêt, cependant, à reprendre «en cas de besoin l’enrichissement d’uranium sans aucune limitation».

Pour l’heure seuls Tel Aviv et Ryad soutiennent la décision prise par le nouveau locataire de la Maison Blanche. La position prise par Ryad est «compréhensible» dans une certaine mesure dès lors qu’elle repose sur la recherche d’un leadership régional en s’appuyant sur cette rivalité religieuse Sunnites/Chiites bien entretenue depuis quelques décennies par Washington. Mais qui donc Benjamin Netanyahou chercherait-il à berner, encore une fois, en criant «au loup» alors qu’Israël qui dispose de la bombe atomique et qui n’a ratifié aucun accord portant sur l’arrêt de la course aux armements développe son  programme nucléaire hors de tout contrôle et en faisant fi de toutes les résolutions émises par  l’Organisation des Nations-Unies ?

Au vu de tout cela, il semble donc qu’après que les braises que, dès sa prise de fonction, le Président Trump s’était employé à attiser dans la Péninsule coréenne aient été étouffées par les deux frères-ennemis du Nord et du Sud, c’est l’ensemble du Proche et du Moyen-Orient qui serait, cette fois-ci, sur le point de s’embraser à l’instigation du nouveau locataire de la Maison Blanche. Est-il permis, tout de même,  d’espérer qu’il n’en sera rien et que la Raison finira par l’emporter ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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