Stroc en attente d’une expertise judiciaire

Le Tribunal de commerce de Casablanca a décidé, jeudi 7 juin, de nommer un expert judiciaire pour Stroc Industries. Il devra évaluer la situation financière et comptable de l’entreprise. Le management avait auparavant réclamé au tribunal d’activer un plan de sauvegarde au profit de la société qui connait de sérieux problèmes financiers.

«Stroc est toute ma vie et je vais tout faire pour la sauver. Je crois toujours en la sortie de cette situation difficile»,a déclaré Nabil Ziyatt lors d’un point de presse organisé le 7 juin dernier.En effet, le spécialiste de la maintenance d’unités industrielles traverse une période de difficultés marquée par des tensions de trésorerie qui ont rendu difficile, l’exécution de plusieurs marchés.Certes, Stroc dispose d’un carnet de commandes de plus de 400 millions de DH dont 50% sont encaissables, mais ce ne sera pas suffisant pour mettre dans l’ordre sa trésorerie à court terme.

Un plan de sauvegarde

Face à cette situation, le PDG de Stroc Industries dit vouloir bénéficier de la nouvelle loi sur les entreprises en difficultés pour sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve depuis quelques années. Le management a, en effet, demandé à bénéficier d’une procédure de sauvegarde et dément catégoriquement avoir engagé́ une procédure de liquidation ou de redressement judiciaire. «Nous sommes capables d’honorer nos engagements et nous écartons une éventuelle cessation de paiements», rassure Nabil Ziyatt. La procédure, si elle est acceptée par le tribunal, permettra à l’entreprise de bénéficier d’une levée partielle des intérêts des dettes voire d’un rééchelonnement de son échéancier.

Le patron de Stroc Industries, Nabil Ziyatt, a réclamé un plan de sauvegarde pour préserver la continuité de l’activité de sa société. Il s’agit d’une première pour une entreprise cotée à la Bourse de Casablanca. Toutefois, la société n’a pas voulu donner de détails sur le plan de sauvegarde préparé en interne et présenté à la justice.Par ailleurs, Stroc a contracté un crédit personnel de 15 millions de DH pour faire face aux difficultés de l’entreprise.

Un discours transparent et confiant

«Nos difficultés financières ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis 2010, Stroc souffre de pertes et de difficultés de relance de la production», a rappelé N. Ziyatt. Entouré d’une dizaine de journalistes représentant la presse nationale, le PDG a exprimé avec toute émotion : «cette entreprise, je l’ai créée avec 20 000 DH. C’est un travail de plus de 30 ans et je ne peux pas la laisser tomber». Pour ce qui est de la situation salariale, Ziyatt a avoué que la société ne paie pas la totalité de ses salariés. «Nous avons déjà prévu des tensions de trésorerie et avons avisé les salariés. Il y a des collaborateurs qui ont décidé de quitter leurs postes et d’autres qui ont choisi de rester et de continuer à soutenir Stroc».

Stroc en chiffres

Pour ce qui est des réalisations financières, rappelons que le chiffre d’affaires de Stroc s’est établi à 138 millions de DH au titre de l’exercice 2017, en recul de 53,7% car Stroc a baissé volontairement son niveau d’activités, pour faire face aux fortes tensions de trésorerie que connaît l’entreprise depuis plus de quatre ans. En effet, la dette nette a atteint 222 millions de DH à fin 2017, en hausse de près de 20 millions de DH. Pour sa part, la perte d’exploitation a atteint 73 millions de DH en 2017 contre 53 millions de DH en 2016.  Le résultat d’exploitation a été aussi impacté par une provision exceptionnelle de 21 millions de DH. Au passage, Stroc a pu faire baisser les charges de personnel de 25% à 79 millions de DH. Dans le même sillage, le résultat net s’est établi à -104 millions de DH contre -72 millions de DH, étant aussi impacté par des charges non courantes de 23 MDH comptabilisées au titre de majorations et pénalités. Par ailleurs, dans le cadre de son plan de restructuration, la société a pu redresser partiellement ses indicateurs et agrégats financiers grâce à la réévaluation libre de ses immobilisations corporelles et financières, de près de 249 millions de DH. Ainsi, les capitaux propres ont atteint 25 millions de DH en 2017 contre -119 millions de DH en 2016.

Stroc est une entreprise fondée en 1989, qui opère dans le secteur de la métallurgie et de la construction métallique. La société est de nature familiale avec la prédominance de la famille Ziyatt qui contrôle 77% du capital.

Kaoutar Khennach

Redressement, liquidation et procédure de sauvegarde

Le redressement judiciaire est une procédure collective intentée par le tribunal sur demande de l’entreprise, de l’un de ses créanciers ou du Procureur de la République. Le redressement intervient lorsque l’entreprise est en état de cessation des paiements (dépôt de bilan), mais qu’elle est encore susceptible d’être sauvée. La procédure de redressement consiste en une phase d’observation du fonctionnement de l’entreprise par des experts nommés par le tribunal, puis par la proposition et la mise en œuvre d’un plan de redressement visant à apurer le passif de l’entreprise.
La liquidation judiciaire est aussi une procédure collective qui intervient lorsque l’entreprise est en état de cessation de paiements. Elle est intentée par le tribunal sur demande de l’entreprise, de l’un des créanciers ou du Procureur du pays. Elle vise à mettre fin à l’activité dans les meilleures conditions possibles pour les différents créanciers et à optimiser la cession des actifs de l’entreprise. Une procédure de liquidation judiciaire peut faire suite à une procédure de redressement judiciaire si les experts en charge de réaliser le plan de redressement estiment qu’elle est la meilleure solution.
À la différence du redressement judiciaire, la procédure de sauvegarde a pour finalité la réorganisation de l’entreprise tout en apurant le passif et en préservant l’emploi. Pour bénéficier de cette procédure, l’entreprise en difficulté qui en fait la demande ne doit pas être en état de cessation des paiements. Il suffit exclusivement de justifier de difficultés de nature à conduire à l’état de cessation des paiements.
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